Ce n’est pas un scoop. Le Maroc est pauvre en énergie fossile. Il ne produit pas de pétrole et ne produit pas assez d’énergie verte pour satisfaire ses besoins grandissants. Il est donc obligé de s’approvisionner de l’étranger. Près de 70% de l’électricité consommée par le pays est produite à base de charbon et de fuel importés. L’Espagne fournit d’ailleurs entre 15 à 20% d’électricité au royaume.
Des besoins en augmentation
La facture énergétique du Maroc s’alourdit chaque année et reste tributaire du prix du baril de pétrole qui ne cesse de flamber. Par ailleurs, non seulement l’économie du pays se développe à vitesse grand V mais de plus, la population s’agrandit de 8% chaque année. Conséquence : les besoins en électricité augmentent. De plus, d’autres besoins naissent ailleurs. Aujourd’hui, des milliers de villages dans les campagnes marocaines n’ont toujours pas accès à l’électricité. Ainsi le Programme d’Electrification Rural Global lancé en 1996 a pour objectif d'introduire l’électricité dans ces villages reculés. En 2010, plus de 1140 villages ont été fournis en électricité. Cependant, il reste des milliers d'autres villages à équiper dans les années à venir.
Autre défi à prendre en considération : celui du réchauffement climatique. Avec ses 3500 kilomètres de côtes sur lesquelles se concentrent ses infrastructures industrielles, le Maroc est l’un des premiers pays à en être victime en cas de remontée des eaux. Pourtant, les Marocains ne sont pas les plus gros pollueurs : un Marocain émet 10 fois moins de CO2 qu’un Européen. Des puissances comme les Etats-Unis et la Chine polluent énormément, mais c’est au final le Maroc et d’autres pays qui vont en payer lourdement le prix.
Electrochoc
Tout ces éléments ont servi d’électrochoc au royaume qui a été obligé de revoir sa stratégie énergétique dès 2009. Il a donc réfléchi à la manière de s’approvisionner en énergie au meilleur coût et ainsi diminuer sa dépendance énergétique. La solution : développer les énergies naturelles qu’il possède sur son territoire comme l’énergie solaire et éolienne notamment. Le pays a donc lancé deux grands plans énergétiques, l’un solaire et l’autre éolien pour produire 4000 mégawatts à lui tout seul d’ici 2020. Les investissements s’élèvent à plus de 19 milliards de dollars soit environ 155 milliards de dirhams pour développer les infrastructures et les équipements. D’ici, neuf ans, le pays espère que 42% de son énergie proviendra de ses énergies vertes.
En plus de cette grande stratégie, plusieurs autres mesures ont été lancées depuis 2009 comme par exemple l’introduction de l’horaire d’été GMT+1 ou encore l’installation de 22 millions de lampes Basse Consommation dans les foyers marocains d’ici 2012.
Pas si simple de sensibiliser
Aujourd'hui, le plus grand défi du royaume est de convaincre les Marocains de faire des économies d’énergie. Une tâche extrêmement difficile dans un pays où 30% de la population ne sait ni lire, ni écrire. Difficile aussi de les convaincre lorsque le SMIG s’élève à 2200 dirhams ou que dans certains villages reculés, des foyers entiers n’ont même pas encore accès à l’électricité. Comme le montre la pyramide de Maaslow, la première motivation de l’homme est d’abord de satisfaire ses besoins physiologiques comme manger et boire avant de satisfaire ses besoins de sécurité ou de morale.
La Prius, première voiture écolo
«Ce qu’il faut changer au Maroc, ce sont les mentalités. Une grande majorité des gens ne sont pas intéressés par l’environnement. Ayant un pouvoir d’achat limité, la première préoccupation du Marocain est son budget», explique Ferdaouss Bouabid, conseiller de clientèle chez Toyota Maroc. Le groupe japonais n’aurait râté pour rien au monde le Salon International de l’électricité et des énergies Renouvelables. Une belle occasion pour lui d’exposer sa Prius. Cette voiture hybride est une véritable révolution dans le monde automobile puisqu’elle fonctionne avec trois moteurs dont deux électriques. Elle ne consomme que 3.7 l/100 kilomètres, c'est a voiture la plus économe au monde. Actuellement, le modèle 100% électrique n'est pas vendu au royaume car il faudrait aménager des sites de rechargement de batterie spéciaux.
Néanmois, attiré par la nouvelle stratégie énergétique lancée par le gouvernement, le groupe nippon n’a pas hésité à l’introduire dans le marché marocain. Elle est commercialisée depuis plus de deux mois. Cependant, les ventes ont du mal à décoller. A ce jour, une vingtaine de véhicules ont été vendus. «Les clients séduits par la Prius sont des VIP, des personnes qui sont sensibles à l’environnement et qui pensent au bien-être de leurs enfants et à leur entourage, des gens qui sont assez instruits et d’un certain niveau social», explique Abdellah Machou Directeur de la succursale Toyota Maroc. De son côté, Ferdaouss Bouabid, conseiller commercial ne cache pas que l’un des facteurs qui empêchent les ventes de décoller est le prix de la voiture variant entre 295 000 et 375 000 dirhams selon les finitions et l’équipement. «Si un constructeur automobile installé au Maroc ne propose pas de voiture diesel à un prix compris entre 140 000 et 180 000 dirhams, il ne pourra jamais faire son chiffre. Aujourd’hui, le Marocain se moque de la climatisation, de l'environnement ou des finitions, ce qu’il veut c’est faire de la route et payer moins cher sa consommation» conclut Ferdaouss Bouabid.