Le Ramadan s’en va et laisse derrière lui un débat qui pourrait prendre de l’ampleur au Maroc : l’utilisation des haut-parleurs dans les mosquées. Saïd Lakhal, chercheur en islamologie a appelé le gouvernement à l’interdire dans ces lieux de rassemblements spirituels. Selon lui, cette pratique pose deux problèmes. Le premier est lié à la nuisance sonore et le second, à la propagande d’idéologies politiques à partir des mosquées.
«Beaucoup de mosquées au Maroc ne sont pas exclusivement utilisées à des fins spirituelles mais servent plutôt de canal pour propager des idéologies politiques» déclare-t-il. «Cela est particulièrement vrai quand il s'agit de mosquées dirigées par des islamistes» ajoute ce chercheur. Etant donné que les quelques 48 000 mosquées recensées au Maroc sont contrôlées par le ministère des Habbous et des Affaires islamiques, Saïd Lakhal pense que les mouvements qui véhiculent ces idéologies politiques doivent se conformer à la réglementation étatique ou ne plus y officier.
En ce qui concerne les nuisances sonores, Saïd Lakhal indexe l’utilisation des haut-parleurs, notamment durant les prières de Tarawih, ces prières surérogatoires qui rythment les soirées du Ramadan. Car selon lui, «l’utilisation des microphones n’est nécessaires que lorsqu’il y a un grand nombre de gens qui prient et qui débordent jusqu’à l’extérieur de la mosquée». Ce qui n’est pas toujours le cas estime-t-il. Le chercheur soutient que ses idées ne peuvent en rien constituer une offense aux musulmans ni à l’Islam. Mais la levée de boucliers dans les milieux des prédicateurs n’a pas tardé.
Du tac au tac
Le docteur en sciences islamiques, Mohammed Boulouz s’interroge sur les «intentions non avouées» de Saïd Lakahal qui s’en prend ainsi à l’identité islamique du Maroc. «Les idées de Lakhal vont à l’encontre de ce que pense la majorité des Marocains, estime le Dr. Boulouz. Qui représente-t-il ? Et au profit de qui agit-t-il de cette façon ?», se demande en outre ce prédicateur qui qualifie également le chercheur en islamologie «d’anti-religieux» qui prétend être moderniste.
Mohammed Boulouz bat en prêche les affirmations de Saïd Lakhal concernant l’affluence des fidèles lors des prières de tarawih : «A l’heure des tarawih, [mêmes] les rues sont bondées de fidèles qui effectuent ces prières. Ce sont des prières nocturnes qui s’effectuent jusque tard dans la soirée, obligeant les gens à rester dans les mosquées».
Pour ce prédicateur, s’il y a avait à interdire, ce ne serait pas uniquement aux sonorisations des mosquées qu’il faudrait s’attaquer, mais également à celles de certaines cérémonies et des festivals. «Les sonorisations des événements organisés par des modernistes comme lui [Saïd Lakhal] ne perturbent-elles pas les personnes malades, les étudiants qui préparent leurs examens et les employés qui ont du travail et bien d’autres catégories de personnes ?», s’interroge encore Mohammed Boulouz.