C’est dans une ambiance totalement décontractée que s’est tenu hier, mercredi 14 novembre, en direct sur la chaine de télévision marocaine 2M, un débat sur la question de l’immigration subsaharienne au Maroc, légale ou clandestine. «Le Maroc peut-il vraiment accueillir et intégrer ces immigrés, économiquement parlant, socialement et culturellement ?» «Dans quelles conditions vivent-ils ? Leurs droits sont-ils respectés ? Protège-t-on leur dignité humaine ? Sont-ils victimes de rejet et de mépris de la part de la société ?».
Ce sont, entre autres, ces questions-là qui ont été abordées lors de l’émission «Moubacharatan maakoum», présentée par le journaliste Jamaâ Goulahsen. Pour y répondre, la chaine a donné la parole à plusieurs intervenants dont Marcel Amiyeto, secrétaire général du syndicat des travailleurs immigrés au Maroc, affilié à l’Organisation démocratique du travail (ODT). Ce dernier était parmi les milliers de manifestants qui ont marché, dimanche dernier à Rabat, pour exprimer leur vive condamnation de la une jugée «haineuse» de MarocHebdo, qualifiant les immigrés subsahariens «de mendiants, prostituées et dealers de drogues». Ils étaient là aussi pour revendiquer leurs droits et dénoncer les mauvaises conditions dans lesquelles ils travaillent au Maroc.
Des droits qui ne sont pas respectés
«Dimanche 11 novembre, nous avons manifesté pour interpeller le gouvernement sur le respect des droits fondamentaux des travailleurs immigrés au Maroc. Ces travailleurs participent, contribuent au développement du tissu économique de ce pays», explique Marcel Amiyeto sur le plateau de Jamaâ Goulahsen. « Malheureusement, leurs droits ne sont pas respectés, ils n’ont aucune couverture sociale… ils travaillent dans des conditions d’exploitation. Lorsqu’il arrive un accident, ils sont rejetés et s’ils vont à la police pour se plaindre, c’est eux qui sont arrêtés et renvoyés, ou déportés dans le désert à Oujda», déplore-t-il.
«Nos revendications principales, c’est la régularisation puisque nous contribuons au développement de ce pays et nous faisons partie de la société marocaine», ajoute le responsable.
«Nous vivons tous en Afrique»
Alphonse Nziba, lui, vient de la République démocratique du Congo. Cela fait près de deux ans qu’il réside au Maroc. «J'ai bien été accueilli au Maroc. Quand je suis descendu à l’aéroport, on m’a dit soyez le bienvenu (…), en passant par la douane, on m’a dit soyez le bienvenu, mais des fois nous vivons des choses qui ne sont pas biens, qui font mal au cœur. Pourquoi ? Parce que je suis noir, je ne suis pas Marocain, parce que je suis ceci ou cela ?C’est ce que nous déplorons», regrette-t-il non sans amertume. Et de rappeler : «Nous sommes tous humains, nous vivons en Afrique, nous sommes tous Africains».
Pour ceux qui ont raté l'émission, la vidéo est diponible sur le site de 2M, en trois parties.