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Grand Angle

Maroc : Des lois sur l’héritage contournées, en attendant une difficile réforme

Une étude menée par l’Organisation marocaine des droits humains (OMDH) et l’Association des femmes marocaines pour la recherche et le développement (AFEMARD) a montré que sur un échantillon de 1 200 personnes, 44% sont contre une réforme du droit successoral au Maroc. 36% sont pour, dans l’esprit d’effacer les inégalités hommes-femmes. L’étude va plus loin, en ancrant ces résultats dans une dynamique de débat public sur l’héritage.

Publié
Présentation de l’étude «Que pensent les Marocains et les Marocaines du système successoral marocain ?» / Ph. CNDH
Temps de lecture: 5'

Intitulée «Que pensent les Marocains et les Marocaines du système successoral marocain ?», une étude réalisée par l’Organisation marocaine des droits humains (OMDH) et l’Association des femmes marocaines pour la recherche et le développement (AFEMARD) a été présentée, mardi, à la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales – Agdal de Rabat. Elle indique que sur 1 200 sondés, 44% sont contre une révision des dispositions du droit successoral marocain. 36% y sont favorables, pour abroger notamment les termes discriminatoires envers les femmes, au vu de leur rôle de plus en plus important dans la gestion financière des familles. 22% sont sans opinion.

La recherche, sous la direction de la juriste Malika Benradi, présidente de l’AFEMARD et professeure de droit privé, se base sur une étude menée sur le plan national, pour «recueillir les opinions des Marocains et des Marocaines, non pas uniquement sur le système successoral, en tant que tel, mais plus précisément sur les règles discriminatoires à l’égard des femmes, leurs fondements, la possibilité de les réviser sur la base des engagements internationaux du Maroc, de la réalité sociale, des finalités du référentiel religieux».

Une cohabitation entre deux visions sociétales

Ces résultats indiquent, pour leurs auteurs, que «plus du tiers de l’échantillon interrogé est favorable à la réforme du système successoral», ce qui dénote «non seulement l’intérêt porté à la question des inégalités de genre en matière successorale, mais constitue aussi un indicateur important de l’évolution de la société marocaine, compte tenu des mutations qu’elle connaît et qui dévoilent sûrement une véritable marche vers l’égalité». Ce combat s’illustre notamment par la lutte des femmes soulaliyates, note l’étude.

Cependant, les résultats montrent aussi que «les appels à la réforme du système successoral – qui ont commencé au début de ce troisième millénaire – n’ont pas encore trouvé la réponse requise». Malgré son importante représentativité, en effet, la position favorable au changement des dispositions juridiques discriminatoires à l’égard des femmes dans l’héritage «ne constitue par la majorité». «Les pratiques de contournement de ces règles sont très fréquentes ; elles sont, de surcroît considérées, moins contraignantes : ventes fictives, donation entre vifs, conversions de complaisance…», a indiqué l’étude, dans un contexte où ces pratiques sont de plus en plus courantes, surtout lorsque les ayants droit directs sont des femmes ou des filles.

Parallèlement à ces usages de forme qui entretiennent la pérennité du droit successoral, tout en contournant à la fois ses termes discriminatoires, l’opinion hostile à toute réforme est celle qui s’exprime le plus, sous prétexte que les dispositions en vigueur «sont fondées sur des versets coraniques précis et sur une large production doctrinale du rite malékite, de plus en plus sacralisée, qui ne permet aucune interprétation en présence d’un texte clair», notamment le principe doctrinal «لا اجتهاد مع النص», note l’étude.

Un débat qui évolue, des lois quasiment intactes depuis 60 ans

Dans ce sens, le document souligne que le fiqh «écarte la volonté du défunt.e et limite de ce fait les effets du testament organisant la succession et la répartition du patrimoine». Ceci dit, «les perspectives d’avenir, selon l’échantillon interrogé, montrent que la question préoccupe, suscite un grand intérêt auprès des chercheurs.e.s, qui, de plus en plus, découvrent de nombreuses pistes de réflexion, proposent des nouvelles lectures, de nouvelles approches critiques du référent religieux notamment par rapport à l’historicité des textes», ajoute-t-on.

Ainsi, la question mobilise «le mouvement des femmes et de droits humains et permet de découvrir des fouqahas, proposant des lectures plus novatrices et plus progressistes en faveur de l’égalité de genre», constatent encore les auteurs. Ces derniers rappellent que «ce système juridique, de plus de 60 ans, n’a pas connu de modifications depuis sa promulgation à la fin des années 1950 du siècle dernier, à l’exception de l’héritage par «radd» ainsi que l’élargissement, en 2004, du legs obligatoire aux enfants de premier degré, des filles décédées avant leurs parents».

Dans ce sens, la recherche de terrain sur laquelle se base l’étude est ancrée dans un contexte de changements politiques, législatifs et sociétaux majeurs, une dizaine d’années après l’avènement du Printemps arabe en Afrique du Nord et en région arabe. Cette dynamique a donné lieu, en 2011, à une réforme constitutionnelle au Maroc, consacrant les principes de l’égalité hommes-femmes, de non-discrimination et la primauté du droit international sur le droit interne. En 2015, un rapport du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH) relatif aux inégalités à l’égard des femmes et des filles a levé une série de recommandations, dont une, pour la première fois, a porté sur les inégalités de genre en termes de droit successoral.

Pour les auteurs de la recherche, «ces changements ont favorisé le débat public sur la question de l’héritage» par rapport à trois règles majeures : «au garçon la double part de la fille», le «Taâsib qui ne permet pas à la fille unique ou aux filles sans frère de recueillir la totalité de la succession après le décès de leurs parents», ainsi que «l’empêchement à la succession en raison de la différence du culte». Cette dynamique, selon les auteurs, «nécessite de mesurer son impact sur l’opinion publique marocaine et de mener des recherches pour voir si la société aspire ou non à une société plus juste, plus démocratique, plus en phase avec la réalité sociale, plus conforme aux finalités du référentiel religieux et plus soucieuse du respect de ses engagements internationaux».

Le poids de l’éducation à l’égalité

La «marche vers l’égalité» dans le droit successoral, au vu de la sensibilité de la question, doit nécessairement être appuyée à travers «des actions ciblées», notamment la révision du «contenu de l’enseignement dispensé en matière d’éducation religieuse», ont noté les auteurs. «Dans le contexte politique actuel, l’enquête a montré que les personnes interrogées, semblent avoir bénéficié d’un enseignement classique, sans démarche critique, où les lectures traditionalistes dominent», a ajouté la recherche.

«Il est nécessaire, voire urgent, de revoir le contenu de la matière et de l’enrichir en l’ouvrant sur d’autres lectures, sur d’autres approches qui permettent d’aiguiser l’esprit critique des apprenant.e.s et d’acquérir les outils de l’analyse qui permettent de questionner le texte et le contexte dans lequel il est appelé à s’appliquer.»

Extrait de l’étude

L’étude propose aussi d’«engager les médias dans le débat», surtout à travers le pôle public, pour son rôle dans la sensibilisation de l’opinion publique sur les questions sociétales. «Le débat public au sein des universités et des espaces associatifs doit être relayé par les médias, dans le but est de diffuser la culture des droits humains, fondée sur la dignité, l’égalité, la responsabilité», ont insisté les auteurs.

Ces derniers préconisent aussi de «privilégier la formation – sensibilisation d’un ensemble d’acteurs : les députés.e.s, les oulémas, les juges, les acteurs et actrices de la société civile, les journalistes…», notamment par des formations ciblées. Dans ce sens, «l’engagement des acteurs politiques, religieux et médiatiques est incontournable», pour une large «participation à la construction d’un État de droit plus positive et plus efficiente», notent les conclusions de l’étude.

«La présente étude, aussi intéressante qu’elle puisse être au niveau de la recherche, ne pourrait atteindre ses objectifs, que si elle est prise en considération par les décideurs politiques et notamment par le législateur, dans le cadre de l’harmonisation de l’arsenal juridique marocain avec les conventions internationales, ratifiées par le Maroc», indique la même source.

Yazs
Date : le 17 juin 2022 à 13h59
Qu'est-ce que cela change si elle travaille ou qu'elle soit divorcée ? Dans le premier cas, son argent lui appartient et elle n'aura pas de charge familiale à assumer. Dans le second cas, elle est libre de se remarier ou de s'assumer, le père des enfants devant dans tous les cas subvenir aux besoins de ses enfants, même s'il est divorcé avec la mère. Quand bien même elle ne pourrait plus subvenir à ses besoins, ce sera à son père, oncles, frères, de la prendre en charge financièrement. La femme est libre d'user de son patrimoines sans obligation d'entretien, quelle que soit sa situation. L'injustice réside dans le fait de donner à l'homme la même part qu'elle malgré sa responsable financière. Comme précisez plus haut. Le problème dans certains cas, ce n'est pas l'héritage mais l'ignorance et le manque d'éducation de femme qui dilapide leurs argents dans des mauvaises affaires ou n'en font rien tout simplement. Je connais personnellement des femmes veuves ou divorcées assises sur des dizaines de milliers d'euros mais qui restent au RSA parce qu'elles sont incapables de gérer ou de lancer une affaire aussi petite soit elle.
Citation
Xavier33* à écrit:
Si on veut avoir une vision positive de la religion, il faut qu'elle apporte quelque chose de positif. cela peut être notamment la justice comme le dit CHN-W . Dans une société où les femmes ne travaillent pas et sont financièrement à la charges des hommes, il n'est pas anormal que les hommes héritent plus que les femmes en compensation de cette charge Mais dans nos société où les femmes ne dépendent plus des hommes, où certaines sont chef de famille (monoparentale) ou chef d'entreprise, voire même chef d'état, la règle ancienne devient une injustice. la religion elle même devient une injustice et si elle n'est pas réparée, c'est la religion qui en pâtira.
Xavier33*
Date : le 17 juin 2022 à 13h35
Si on veut avoir une vision positive de la religion, il faut qu'elle apporte quelque chose de positif. cela peut être notamment la justice comme le dit CHN-W . Dans une société où les femmes ne travaillent pas et sont financièrement à la charges des hommes, il n'est pas anormal que les hommes héritent plus que les femmes en compensation de cette charge Mais dans nos société où les femmes ne dépendent plus des hommes, où certaines sont chef de famille (monoparentale) ou chef d'entreprise, voire même chef d'état, la règle ancienne devient une injustice. la religion elle même devient une injustice et si elle n'est pas réparée, c'est la religion qui en pâtira.
Citation
Yazs à écrit:
Toute société humaine est par essence patriarcale... La loi d'Allah ne se négocie pas. Qu'elle ait 10 ou 10 000 ans. Seul un prophète messager est en position légitime d'annoncer sa modification car seul Le Législateur peux modifier Sa législation et il s'avère que Muhammad sws est le dernier des messagers. Plus aucun humain n'est ou ne sera en mesure donc de se prévaloir d'un nouveau message de Dieu. Aucune modification donc jusqu'au Jour Dernier, que cela concerne l'héritage ou un autre sujet explicitement traité par la législation divine.
LeBanisseur
Date : le 17 juin 2022 à 13h32
Toi commence pas stp.... mais pour te clouer le bec penses tu que tout le monde avait des esclaves à l'époque ? Ben non ct même une minorite ...et l'islam comme tu le sais bien à tjs prôné leur affranchissement... et enfin ce n'est pas pck tu donnes un mode d'emploi que tu est obligé d'y faire appel .... Et pour parachever la demonstration de ton inintention de réellement échanger... je dis exactement la même chose quand à l'héritage ici ... ce n'est pas pck des règles ont été édictées que l'on est obligé de les suivre ... autrement dit si tu avais réellement cherché à me comprendre ... tu aurais de toi même compris que ton msg est stupide car de la même façon qu'il parle de l'esclavage, il n'oblige personne a y avoir recours ... Maintenant si tu avais préféré qu'il ignore la réalité de l'esclavage en ne legiferant pas leur condition et laisse libre cours à leur maître sans leur accorder aucun droit .... et que pour toi cela aurait été meilleur pour eux...explique moi en quoi ? Je t'ajouterait comme un clou de plus à ton cerceuil que le code noir est bel est bien en vigueur sous la république .... a ton changé de système pour autant ? Bref réfléchis peu plus avant de m'invectiver pour faire ton intéressant et qui plus est en HS .... tu as oublié que je te fais ta fête à chacune de tes intervention ? Aller va embêter qqn qui ne connaît pas la vacuité de tes réflexion et savoir
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Xavier33* à écrit:
Donc tu voudrais 'réactualiser ' le coran alors qu'il est bien dit dedans qu'il est intemporel ? tellement intemporel qu"il explique comment traiter ses esclaves .:-''
Sarrazin
Date : le 17 juin 2022 à 13h29
Va balayer devant la porte de ta paroisse. Les croisades, les pogroms, les goys assimilables à des bêtes de trait, des animaux que l'on peut tuer à volonté. Au passage goy ne désigne pas les chrétiens vu que la thora est bien antérieure... Aller, va verser ton fiel ailleurs.
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Xavier33* à écrit:
Donc tu voudrais 'réactualiser ' le coran alors qu'il est bien dit dedans qu'il est intemporel ? tellement intemporel qu"il explique comment traiter ses esclaves .:-''
Xavier33*
Date : le 17 juin 2022 à 13h20
Donc tu voudrais 'réactualiser ' le coran alors qu'il est bien dit dedans qu'il est intemporel ? tellement intemporel qu"il explique comment traiter ses esclaves .:-''
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Nawman à écrit:
Salam Donc tu voudrais 'réactualiser ' le coran alors qu'il est bien dit dedans qu'il est intemporel ? En revanche oui Allah prône la justice et donc énoncé ces règles mais n'interdit en rien de d'y déroger surtout s'il est question d'équité.... donc à chacun de juger selon le cas ....que ce soit de la part de cujus et donc testaitaire ou des légataires Pour enfoncer le clou les hommes même dans cette société 'moins patriarcale' ne sont pas pour autant relevés de leurs obligations ( quelles soient financières ou autres ) .... donc ça marche dans les 2 sens
Yazs
Date : le 17 juin 2022 à 12h58
Toute société humaine est par essence patriarcale... La loi d'Allah ne se négocie pas. Qu'elle ait 10 ou 10 000 ans. Seul un prophète messager est en position légitime d'annoncer sa modification car seul Le Législateur peux modifier Sa législation et il s'avère que Muhammad sws est le dernier des messagers. Plus aucun humain n'est ou ne sera en mesure donc de se prévaloir d'un nouveau message de Dieu. Aucune modification donc jusqu'au Jour Dernier, que cela concerne l'héritage ou un autre sujet explicitement traité par la législation divine.
Citation
CHN-W à écrit:
Assalāmou 'alaykoum wa rahmatoullāh. Système d'héritage taillé pour une société patriarcale d'il y a 1400 ans. Nuance. Le principe d'Allah, c'est la justice. Wassalāmou 'alaykoum wa rahmatoullāh.
LeBanisseur
Date : le 17 juin 2022 à 12h55
Salam Donc tu voudrais 'réactualiser ' le coran alors qu'il est bien dit dedans qu'il est intemporel ? En revanche oui Allah prône la justice et donc énoncé ces règles mais n'interdit en rien de d'y déroger surtout s'il est question d'équité.... donc à chacun de juger selon le cas ....que ce soit de la part de cujus et donc testaitaire ou des légataires Pour enfoncer le clou les hommes même dans cette société 'moins patriarcale' ne sont pas pour autant relevés de leurs obligations ( quelles soient financières ou autres ) .... donc ça marche dans les 2 sens
Citation
CHN-W à écrit:
Assalāmou 'alaykoum wa rahmatoullāh. Système d'héritage taillé pour une société patriarcale d'il y a 1400 ans. Nuance. Le principe d'Allah, c'est la justice. Wassalāmou 'alaykoum wa rahmatoullāh.
CHN-W
Date : le 17 juin 2022 à 12h37
Assalāmou 'alaykoum wa rahmatoullāh. Système d'héritage taillé pour une société patriarcale d'il y a 1400 ans. Nuance. Le principe d'Allah, c'est la justice. Wassalāmou 'alaykoum wa rahmatoullāh.
re.Vooriden
Date : le 17 juin 2022 à 12h13
il faut laisser aux parents le choix du mode successoral à utiliser
Sarrazin
Date : le 17 juin 2022 à 11h14
Certains hommes, des "abou al banats", n'ayant que des filles refusent de contourner les lois par des donations entre vifs, des ventes fictives, partant du principe que s'ils n'ont pas de fils, cela est dû à la Volonté Divine, tandis que par ailleurs, la femme et les filles souhaiteraient remettre en question le droit musulman en terme d'héritage, allant par là contre la volonté du propriétaire des biens. Le problème de l'héritage ne s'arrête pas uniquement à la dévolution successorale, mais va bien au delà en terme de gestion et fructification du patrimoine hérité. Combien de femmes héritières, dans l'état actuel ont dilapidé leurs héritages par manque de connaissance et d'expérience, si ce n'est ont été détroussées et victimes d'abus de confiance par leurs propres "époux" à l'occasion d'une procuration consentie. Les tribunaux comme toutes les familles témoignent de nombreux cas. Dans le domaine agricole, cette pseudo révision des droits, entrainera un plus grand morcellement des terres qui seront allouées à des femmes, qui ne sont pas en général, en mesure de gérer et entretenir par elles-mêmes leurs terres, à traiter avec des ouvriers agricoles et seront amenées à les louer à des locataires souvent de mauvaise foi ou à les mettre à disposition de leurs conjoints, considérés comme des étrangers pour la fratrie dans l'indivision, multipliant les conflits. Dans l'état actuel, avec la législation en vigueur, la tâche primordiale serait de mieux garantir les droits actuels des femmes avant de penser à une révision des textes qui soulèveraient de très fortes réticences religieuses. Quant aux statistiques, à l'échantillonnage des populations sondées ....... Le droit musulman fixe des normes et des droits acceptés et incontestables que la majorité des héritiers n'osent contester.
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