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Grand Angle

Diaspo #222 : Mohamed Elouardani et l’histoire d’un des restaurants les plus célèbres à Mont-de-Marsan

Après une enfance difficile au Maroc, Mohamed Elouardani a immigré en France au début des années 80 et s'est installé à Mont-de-Marsan, où il est le propriétaire d'«Atlas», le plus ancien restaurant dans la ville.

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Mohamed Elouardani possède aujourd'hui «Atlas», le plus ancien restaurant toujours ouvert dans la ville de Mont-de-Marsan (région Nouvelle-Aquitaine) en France. / DR
Temps de lecture: 3'

Après avoir immigré en France avec son père, au début des années 80, et dès l'âge de 19 ans, le Marocain Mohamed Elouardani a ouvert un petit restaurant à Mont-de-Marsan, dans le sud-ouest de la France (région Nouvelle-Aquitaine). Un projet qu’il développe au fil des années et qui est devenu l’un des restaurants les plus célèbres de la ville.

Mohamed Elouardani est né en 1966 dans le village de Bab al Mrouj, près de la ville de Taza. Son père immigre en France, le laissant avec deux de ses frères chez leur oncle. Ils ne le revoyaient qu'à la faveur des vacances estivales.

A Yabiladi, il raconte avoir eu une enfance «très difficile», avec son oncle et ses frères qui travaillaient dur. En plus d'élever des moutons, il labourait la terre de manière traditionnelle et n'avait pas le droit de se plaindre ou de refuser de travailler. Comme beaucoup de villageois, Mohamed ne fréquentait pas l'école et sa relation avec les études s'était limitée à quelques mois passés dans un Mssid (école coranique), collé à la mosquée du village.

A quatorze ans, sa mère, originaire de Casablanca, quitte le domicile familial sans prévenir. Elle disparaît, laissant derrière elle ses trois enfants. Trois ans plus tard, le père, affligé par leur mode de vie au Maroc, décide enfin de l'emmener, lui et ses frères, en France. A l’âge de 18 ans, le jeune homme commence à travailler avec son père dans une entreprise spécialisée dans le carburant. Un emploi qu'il quitte un an et demi plus tard, lorsqu'il prend la décision de créer sa propre entreprise, en ouvrant un petit café dans la maison de son père.

A la recherche de sa mère

De retour pour la première fois de France, alors qu'il avait moins de vingt ans, Mohamed part à la recherche de sa mère qu’il n’a pas revue depuis des années. Avec l’un de ses cousins, il se rend à Casablanca, sans aucune idée de l'endroit où se trouvait sa mère. Il savait que la tâche n’allait pas être facile, mais voulait tenter sa chance. «Je me disais que si je ne la trouvais pas, je ne perdrais rien», nous confie-t-il. Après une première journée dans cette ville gargantuesque, il commence à désespérer, se rendant compte qu'il cherchait une aiguille dans une botte de foin.

Il se souvient alors que ses oncles maternels vivaient dans la ville de Berrechid, où il se rend aussitôt. Après trois jours de recherche, il arrive devant la maison de l’un de ses oncles. Aucun des occupants ne l’a reconnu, même sa propre mère qui y habitait. «Mon apparence avait beaucoup changé. J’étais passé de l'adolescent maigrichon à un jeune homme dans un meilleur état», se remémore-t-il.

Heureusement pour Mohamed, son cousin qui l’accompagnait était plus âgé et avait reconnu la mère. «À ce moment-là, j’avais l'impression d'une renaissance. Je ne voulais pas retourner dans le passé, la tenir pour responsable ou la blâmer. Bien sûr que plusieurs questions me traversaient l’esprit, mais je m'étais convaincu que tout ce que je voulais, c'était de la récupérer et d’avoir à nouveau une mère», raconte-t-il.

«Je lui ai dit que j'étais son fils et que je venais la chercher. Ce fut un moment influent et important dans ma vie. Depuis, je lui rends régulièrement visite et réponds à tous ses besoins, afin de lui offrir des conditions d'une vie décente.»

Mohamed Elouardani

Le restaurant «Atlas», une histoire d’intégration

De retour en France, la clientèle du café s'est progressivement élargie, ce qui lui a permis de mettre de l'argent de côté. Il décide alors d'acquérir une maison à côté de celle de son père, et d'y ouvrir un petit restaurant. «J’ai beaucoup pensé au nom et c'est mon père qui m'a suggéré le nom "Atlas"», explique-t-il. «J'ai décidé de me limiter à la cuisine marocaine, en proposant tajine, couscous, pastilla, harira et thé aux clients», poursuit-il.

«Le projet a commencé à s’agrandir, grâce à notre souci de satisfaire nos clients et notre dévouement. Aujourd'hui, le restaurant peut accueillir plus de 300 personnes, après avoir agrandi l'espace à plusieurs reprises.»

Mohamed Elouardani

Lors de son arrivée en France, Mohamed savait que l'intégration dans la société serait parsemée d'embûches. Ne reculant pas devant l'effort, le Marocain a appris à lire et à écrire en parallèle de ses longues journées de travail. Aujourd’hui, ce père de quatre enfants se dit parfaitement intégré dans la ville. Il n'en oublie pas pour autant ses origines et tient à aider les immigrés marocains qui sont dans le besoin en France.

Le Marocain confirme aussi avoir un lien étroit avec sa patrie et sa ville natale, Taza. «Je ne vous cache pas qu'envisager une installation au Maroc est aujourd'hui très difficile, après avoir passé la majeure partie de ma vie en France. Mais je pense y établir un projet et j'ai hâte de visiter le Maroc chaque année», conclut-il.

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