La Chambre basse du Parlement britannique a examiné, mercredi 8 mai, la reconnaissance par Londres de la marocanité du Sahara. Une réunion, à l’initiative du député Daniel Kawczynski, du Parti Conservateur. Le gouvernement du Premier ministre, Rishie Sunak, était représenté par le secrétaire d’Etat au ministère des Affaires étrangères, du Commonwealth et du Développement, David Rutley. Loin d’être un monologue en faveur des positions de Rabat, la rencontre a enregistré une forte présente des partisans du Polisario à la Chambre des Communes.
Dans son allocution, Kawczynski a souligné que le «débat porte sur la nécessité de faire pression sur le gouvernement britannique pour qu'il reconnaisse enfin la souveraineté du Sahara occidental en tant que partie du Royaume du Maroc. Le Maroc est notre deuxième allié le plus ancien, un partenaire fiable et qui réclame notre soutien (...). Les Etats-Unis d'Amérique et Israël, deux de nos alliés les plus importants, ont reconnu» la marocanité du Sahara.
Et de rappeler que «l'Espagne, l'ancienne puissance coloniale au Sahara occidental, la France, les Pays-Bas, l'Allemagne et d'autres, reconnaissent que la proposition d’autonomie présentée par le gouvernement marocain pour le Sahara occidental constituent la meilleure option pour aller de l’avant».
Se faisant l’avocat du Maroc, Daniel Kawczynski a qualifié le royaume de «démocratie prospère». «Lorsque je suis allé au Maroc, j’ai constaté les efforts massifs déployés pour endiguer le flux de migration clandestine vers l’Europe. J'ai rencontré de nombreux responsables et entendu comment ils ont réussi à empêcher plus de 300 000 passages illégaux vers l'enclave espagnole de Ceuta et les Iles Canaries», a-t-il déclaré.
Les partisans du Polisario ripostent
Présents en force lors de la réunion, les députés pro-Polisario ont contesté la version de Daniel Kawczynski. Le député Patrick Grady, du Parti nationaliste écossais, a accusé son collègue au Parlement britannique d’ «avoir effectué des visites au Maroc, payées par l’ambassade marocaine». De son côté, James Corbyne, membre du groupe d’amitié avec le Polisario, a déploré que Kawczynski ait passé sous silence «la question de la légalité de l’occupation du Sahara occidental par le Maroc». L’ancien chef du Parti travailliste a appelé «le gouvernement britannique à reconnaitre le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination».
Fabian Hamilton, du Parti travailliste, a joué la même partition. Lors de son intervention, il a plaidé pour davantage d’aides au Polisario, estimant que l’assistance humanitaire des Nations unies ne couvrent que les besoins «de 90.000 Sahraouis sur les 165.000 installés dans les camps de Tindouf en Algérie».
Le secrétaire d’Etat au ministère des Affaires étrangères, du Commonwealth et du Développement, David Rutley, présent à ce débat, le premier organisé à la Chambre basse depuis 2016, a salué le «partenariat» économique et militaire avec le Maroc. Et de réitérer «l’engagement» du gouvernement britannique «à aider les parties à parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable, fondée sur un compromis, qui assurera l'autodétermination du peuple du Sahara occidental». Pour rappel, en avril, Rutley a affirmé en réponse à une question écrite que l’exécutif dirigé par Rishie Sunak, «ne considère pas l'activité commerciale au Sahara occidental comme illégale, à condition qu'elle respecte les intérêts du peuple sahraoui».
Le ministre des Affaires étrangères, Nasser Bourita, a reçu le 30 janvier à Rabat, le député conservateur Daniel Kawczynski. Le débat du mercredi 8 mai intervient alors que les partisans du Polisario au Parlement britannique se relaient pour multiplier les questions écrites au gouvernement sur le dossier du Sahara. La dernière salve date du 1er mai.