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Grand Angle

Espagne : Murcie exhume de nouveaux sites intacts depuis Al-Andalus

La période musulmane de la péninsule ibérique n’a pas encore dévoilé tous ses mystères. A Murcie, un groupe d’archéologues ont récemment découvert les vestiges d’un ancien palais califal et cette trouvaille permettrait de retracer des pans encore méconnus de l’histoire d’Al-Andalus.

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Les vestiges de l'Alhambra de Murcie / Source : murcia.com
Temps de lecture: 3'

Une trouvaille sans précédent. C’est ainsi que la dernière découverte archéologique à Murcie est décrite par les chercheurs, qui ont mis la main sur les vestiges d’un palais califal daté du XIIe siècle.

Grâce à des fouilles entreprises depuis le mois dernier et étendues sur près de 5 000 m², ce site a été exhumé au pied de Castillejo de Monteagudo, avec un grand espace de jardin, de nombreux vergers et une piscine palatine de 135 mètres carrés. Les premiers éléments cette trouvaille inédite indiquent une architecture étroitement apparentée à celle, unique, d’al-Madîna al-Zâhira, la «ville resplendissante» où des émirs omeyyades de Cordoue ont élu domicile de 978 à 1009.

Le journal El Español rapporte que les excavations menées par une équipe du Conseil supérieur de la recherche scientifique (CSIC) ont permis de rassembler de premières données de terrain, permettant d’établir des faits historiques passés sur une région érigée au rang de capitale de principauté musulmane andalouse.

Le passé d’un Etat musulman indépendant dans l’est andalous

Dans le temps, Sharq al-Andalus dont Murcie a été le centre névralgique est en effet devenu un Etat indépendant à part entière. Il a ainsi tenu tête aux Almoravides (1040 – 1147) et s’est doté de sa propre monnaie, a renforcé ses infrastructures et a connu son âge d’or grâce à une autonomie politique, économique et militaire. Grâce au roi Muhammad ibn abd Allah ibn Sad ibn Mardanis (1146 – 1172), Murcie est même devenue le troisième pôle financier de l’Europe médiévale.

Connu sous le nom de Roi Loup dans les chroniques chrétiennes, l’homme fort de Murcie s’inspire de la «ville resplendissante» pour ériger nombre de palais et de fortifications, comme l’incontournable site de Monteagudo, le palais de Santa Clara, de San Juan de Dios, la forteresse inachevée de l’Asomada et les remparts, rappelle El Español.

Cette inspiration de Cordoue a en effet tenté de reproduire des spécificités d’Al-Madîna al-Zâhira qui a remplacé Madinat al-Zahra, symbole des Omeyyades (630 – 1031) dans cette citée califale. Contrairement à Murcie, dans le temps, la «ville resplendissante» n’a tenu que vingt ans, avant sa destruction lors de l’effondrement du califat de Cordoue en 1031 et de l’émergence des taïfas (1031 – 1492).

Par la richesse de ce leg, archéologues et historiens sont désormais face à une mine d’or, dans le cadre du projet «Las Fortalezas del Rey Lobo», appuyé par le ministère espagnol de l’Education et de la culture et les pouvoirs municipaux.

Cette initiative tente ainsi de percer les mystères du royaume musulman de Murcie, composé de plus de 150 sites autour des forteresses royales à travers un itinéraire paysager, naturel et archéologique unique qui feront tous l’objet d’un travail minutieux des équipes multidisciplinaires.

Al-Andalus livre de nouveaux secrets d’histoire

Depuis septembre dernier, plusieurs municipalités andalouses sont en effet devenues des sites archéologiques à ciel ouvert, sous la supervision de chercheurs qui retracent des parties de l’Andalousie musulmane. En Nouvelle-Castille, la colline d’Alarcos, connue pour avoir été le théâtre d’une célèbre bataille éponyme, a justement attiré l’attention de chercheurs qui ont découvert une petite nécropole restée intacte et susceptible de remonter les modes de vies des populations locales de l’époque.

Cet évènement historique charnière, où Almohades (1121 – 1269) et soldats du Royaume chrétien de Castille (1035 – 1516) ont croisé le fer, s’est déroulé le 18 juillet 1195. Dans une péninsule ibérique en proie à la Reconquista (722 – 1492), la confrontation s’est soldée par un échec cuisant des armées castillanes. La victoire des Almohades a consolidé leur pouvoir, qui a unifié son plus large territoire d’influence en 1212.

De cette bataille, des vestiges arabes sont restés. Ces restes sont les rares témoins de la présence des habitants arabes et musulmans qui ont investi la région entre 1195 et 1212, au temps où Al-Andalus était gouverné par les Almohades. 

Découverts il y a une dizaine d’année, ces vestiges surplombent la colline sans jamais avoir fait l’objet de fouilles et d’analyses approfondies jusqu'à cette année. Une équipe d’archéologues de l’Université de Castille-la Manche (UCLM) a, en effet, investi le lieu et a terminé ses travaux le 14 septembre dernier.

Ces recherches réunies, dont les résultats finaux ne sont pas encore rendus en intégrale, permettront certainement aux historiens d’enrichir des récits mieux documentés, sur une période que beaucoup ont cru assez étudiée jusque-là.

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