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Grand Angle

Darija à l'école : Les défenseurs de l’arabe vent debout contre à l'Education nationale

La Coalition nationale pour la langue arabe a répondu ce jeudi aux explications fournies par le ministère de l’Education nationale quant à l’utilisation de la darija dans des manuels d’enseignement primaire. Mais il s’agit, selon ledit département, de «8 mots seulement dans un manuel [contenant] 8 000» autres mots en arabe.

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Une photo du manuel en question, utilisant des mots en darija. / Ph. Facebook
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Le torchon brûle encore une fois entre les défenseurs de la langue arabe et ceux de la darija. Ce jeudi, la Coalition nationale pour la langue arabe (CNLA) a indiqué avoir «pris note avec beaucoup d’inquiétude» des images relayées sur les réseaux sociaux et faisant état de l’utilisation de certains termes en darija dans des manuels scolaires.

Dans un communiqué parvenu à Yabiladi, la coalition met en garde la Direction des curricula au ministère de l’Education nationale, de la formation professionnelle, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique (MENFPESRS), sur cette utilisation «incompatible aux exigences constitutionnelles» considérant l’arabe comme l’amazigh comme langues officielles du royaume. Le recours à l’arabe dialectal est également considérée par la coalition comme «en contradiction avec le contenu de la Vision stratégique (2015-2030) et de la loi cadre de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique».

Les défenseurs de l’arabe saisissent le gouvernement et le Parlement

La Coalition nationale pour la langue arabe critique également les réponses fournies par le MENFPESRS suite à la polémique. «Les arguments du ministère, qui évoque des justifications purement pédagogiques sont infondés, peu solides et ne résistent pas face à la vérité scientifique de l'apprentissage et de l'enseignement de la langue». Pour les défenseurs de la langue arabe, l’utilisation de la darija pourra entraîner «la confusion dans l'esprit des élèves».

«Pour toutes ces raisons, la coalition demande au chef du gouvernement et le ministère de tutelle d’intervenir en urgence pour remédier à cette problématique avant qu'il ne soit trop tard, afin d’empêcher l'adoption ces manuels et réviser les cahiers de charge pour leur édition. Elle appelle aussi à recourir aux règles d'organisation pour préparer les manuels et confier cette préparation à des compétences nationales spécialisées.»

Communiqué de la Coalition pour la langue arabe

La même source saisit l’occasion pour appeler le pouvoir législatif à accélérer la mise en place de lois sur la protection de la langue arabe et exprimer sa «condamnation» et son «rejet de la dialectisation (…) considéré comme un revers pour les efforts entrepris et visant à promouvoir la situation linguistique des Marocains». Enfin, la coalition appelle les entités civiles, politiques et syndicales à contrer cette tendance et se mobiliser par toutes les formes nécessaires afin d’arrêter cette atteinte à l’école marocaine, à l’avenir des générations et au rayonnement du Maroc.

Huit mots de la darija sur plus de 8 000 autres en arabe ?

Cette réaction intervient deux jours après un premier communiqué de presse du MENFPESRS concernant la polémique relative à l’utilisation de certaines termes en darija dans les nouveaux manuels de première et deuxième année de l’enseignement primaire. «L'adoption de noms propres de gâteaux, de plats ou de vêtements marocains dans un manuel d’enseignement primaire intervient suite à des raisons purement pédagogique», a indiqué le département de Said Amzazi.

Le ministère a aussi appelé à se mobiliser pour la réussite de la rentrée scolaire en cours et ne pas céder à tout ce qui pourrait nuire à la réforme visant l’amélioration du système éducatif.

Dans un deuxième communiqué parvenu à Yabiladi ce jeudi, le ministère rappelle qu’il s’agit de «8 mots dans un manuel scolaire de 150 pages contenant plus de 8 000 mots» et que certains mots en rapport avec le thème abordé, comme «caftan» sont utilisés dans d’autres langues sans pour autant être traduits.

«Du point de vue linguistique, ces mots ont été présentés comme étant en arabe, en plus du fait qu’ils constituent un héritage commun entre les Marocains. Au fil du temps, la langue arabe a utilisé des mots et des expressions nouveaux, comme cinéma, Internet et caméra alors qu’un mot ne peut être rejeté simplement parce qu'il provient du dialecte marocain», conclut le long communiqué du ministère.

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