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Grand Angle

Jerada : Grève générale et sit-in devant la morgue ce vendredi

Sur fond de grève générale et d’une présence policière sans précédent sur les lieux, la population de Jerada observe ce vendredi un sit-in devant la morgue, où se trouve la dépouille d’(A.Z), dernière victime des puits à charbon.

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Manifestation hier vers le siège de la commune de Jerada / Ph. Facebook
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L’ouvrier (A.Z.) est décédé hier après l’effondrement d’un puit de charbon à Hassi Belal (province de Jerada). La nouvelle a provoqué une vague de colère, poussant la population à porter le corps du défunt lors d’une manifestation qui s’est dirigée vers le siège de la Commune de Jerada.

C’est ainsi que la contestation s’est poursuivie aujourd’hui, parallèlement à une grève générale dans la ville. Ce vendredi, des milliers de manifestants ont protesté contre la décision des autorités de soumettre le corps d’(A.Z.) à une autopsie. Selon eux, l’initiative cacherait la volonté d’entamer des poursuites judiciaires pour «non-assistance à personne en danger».

Cafés et commerces ont été fermés ce vendredi, où la population de Jerada a observé une grève générale / Ph. DR.Cafés et commerces ont baissé le rideau ce vendredi, la population de Jerada a observé une grève générale / Ph. DR.

En effet, «après l’exhumation hier du corps de la victime, le ministère de l’Intérieur a publié un communiqué, selon lequel les jeunes auraient entravé le processus de secours des autorités locales», nous explique Mohammed Elouali, membre de la section locale de l’Association marocaine des droits humains (AMDH). Plus loin dans son document, l’Intérieur reproche aux manifestants d’avoir transporté hier le corps «sans autorisation».

Mais de son côté, Elouali nous affirme que «porter le corps des victimes des mines clandestines a toujours été d’usage et les autorités ne s’y sont jamais opposées. C’est stupide de poursuivre des gens uniquement pour cette raison».

Dans un autre entretien accordé à Yabiladi, le militant rappelle par ailleurs que «la famille des deux frères ouvriers morts dans les mêmes conditions, il y a une quarantaine de jours, ont reçu une maigre compensation, ce qui est en tout cas une première».

Des manifestations surveillées de près

Du côté des autorités, la mobilisation de la population de Jerada ce vendredi ne passe pas inaperçue. «Le dispositif sécuritaire est étonnant et il n’a jamais été aussi lourd, depuis le début des manifestations dans la ville», nous indique Mohammed Elouali, qui confirme le succès de la grève générale et du sit-in malgré des conditions météorologiques difficiles.

Pour Elouali, l’Etat «veut freiner l’élan des manifestations en cours à Jerada», depuis le décès des deux frères ouvriers le 22 décembre 2017. Cependant, «le Hirak de Jerada continuera, tant qu’il y aura exclusion, marginalisation et injustice envers la population d’une région, oubliée malgré ses richesses naturelles», tient à souligner le militant.

Les contestations sociales de Jerada suivent un calendrier hebdomadaire, dont l’élaboration est faite dans le cadre de la coordination associative et syndicale englobant plusieurs acteurs locaux de la société civile. Mais désormais, «le programme de cette semaine est dépassé, avec le décès survenu hier», constate Mohammed Elouali.

Celui-ci rappelle que «la colère se ressent plus que jamais, du côté de la population. Les autorités n’ont pas de réponse à cette situation et il faut s’attendre à ce qu’elle adopte une autre approche dans le traitement de ces manifestations».

Une approche de plus en plus sécuritaire

Selon le militant, «l’Etat est déterminé à vider la région de sa population. Elle était de 60 000 habitants il y a quelques années. Actuellement, ils ne sont que 43 000. Mais cette politique ne fonctionne pas car peu de personnes sont aujourd’hui prêtes à quitter leur ville. Comme la mise en place d’une politique de développement efficace est désormais un mirage, l’Etat semble recourir à l’option ultime d’adopter une approche sécuritaire».

Elouali voit les prémices d’une attitude semblable à celle adoptée avec le Hirak du Rif par l’Etat. Quant à la visite du Chef du gouvernement prévue dans l’Oriental, le membre de l’AMDH dit ne pas savoir si Saâdeddine El Othmani visitera ou non Jerada, ajoutant que le passage du ministre de l’Agriculture et de la pêche maritime, Aziz Akhannouch, n’a pas changé considérablement la donne.

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