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Grand Angle  

France : Exproprié de son terrain près de Tanger, un MRE sexagénaire entame une grève de la faim

Exproprié par l’Etat de son terrain situé à proximité de l’aéroport de Tanger Ibn Battouta, Omar Oulad Lhadj, Franco-marocain vivant à Orléans et âgé aujourd’hui de 67 ans, a entamé mardi une grève de la faim. Objectif : faire parvenir son dossier aux plus hautes sphères de l’Etat et faire pression pour que justice soit rendue. 

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Omar Oulad Lhadj, Franco-marocain vivant à Orléans et âgé aujourd’hui de 67ans, en grève de la faim depuis mardi. / Capture d'écran
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L’expropriation par l’Etat avec des indemnisations jugées dérisoires par les propriétaires est pour eux une autre forme de spoliation immobilière. Omar Oulad Lhadj, un Franco-marocain vivant à Orléans et âgé aujourd’hui de 67 ans, a passé 14 ans de sa vie à se battre pour que justice soit faite. Exproprié par l’Etat d’un lot de terrain situé à côté de l’aéroport Tanger-Ibn Battouta, il a entamé mardi une grève de la faim devant le consulat du Maroc à Orléans. Un dernier recours qu’il tente après avoir frappé en vain aux portes des ministères. 

Le rêve de finir ses jours au Maroc tourne au cauchemar

Son action fait l’objet d’une mobilisation sur les réseaux sociaux par le biais de profils ayant choisi de faire écouter sa voix de MRE victime d’injustice. Sur YouTube, une vidéo le montrant en train de creuser sa tombe en préparatif à une mort certaine ne peut pas passer inaperçue. Omar Oulad Lhadj y raconte comment l’Etat l’a exproprié de son lot de terrain sans préalable négociation. «Je m’appelle Omar Oulad Lhadj et je suis marocain né à Tifarouine, commune de Bni Bouayach, préfecture d’Al Hoceima. J’ai émigré en France en 1970 et cela fait 47 ans que je vis à Orléans», débute-t-il son témoignage.  

Il raconte ensuite avoir acheté un lopin de terre avec une maison près de l’aéroport de Boukhalef (Tanger-Ibn Battouta). Une maison où il espérait finir ses jours en paix dans son pays natal. Mais en 2003, les responsables de l’aéroport commençaient déjà à s’intéresser à son lot de terrain. Une première rencontre a alors eu lieu, durant laquelle le Franco-marocain affirme être disposé à vendre son terrain à l’aéroport. Et puis, silence radio pendant près de six ans.

Il retourne donc au Maroc pour s’informer des développements de ce dossier. C’est à ce moment qu’un responsable de la préfecture de Tanger lui annonce qu’«une commission avait fixé les prix à 140 dirhams le mètre carré». «Or, la valeur du bien est estimée à 2 000 dirhams le mètre carré. Je lui ai répondu que 140 dhs c'est dérisoire», raconte-t-il. Trois ans après, le dossier est transféré à Casablanca où on l’informe que le prix n’a toujours pas été révisé et qu’il n’a le droit ni de construire, ni de planter ou de faire des travaux. L’affaire est donc portée devant la justice, qui nomme un expert assermenté. Ce dernier estime le bien à 250 dirhams. Omar Oulad Lhadj fait, lui aussi, appel à un expert qui affirme que son bien vaut 2 000 dirhams le mètre carré.

Un combat qui dure depuis 14 ans

En mars 2016, la Cour suprême a rendu son jugement final, donnant raison à l’Etat. Une décision qui a poussé ce Marocain à entamer les préparatifs pour sa grève de la faim. C’est grâce à un discours du roi et les promesses du consulat du Maroc que le Franco-marocain est persuadé de rapporter son action de protestation pour quelques mois.

«Je jure que si j’avais été fils d’untel ou d’untel, l’expert n’aurait pas bâclé le travail. 14 ans d’incessants allers-retours. Je suis fatigué. Je vais devant le consulat donc symboliquement auprès de mon pays. J’y dormirai et c’est soit mon droit, soit ma tombe mais pour attendre plus, (…) c’est trop pour moi.»

Son fils, Bilal Oulad Lhadj explique aussi dans la vidéo : «Mon père a choisi ce moyen extrême qu’il a trouvé pour essayer de faire entendre sa voix». «Je ne sais pas si vous imaginez, mais pour moi c’est insupportable. Après 50 ans de travail, au lieu de se reposer et profiter de sa retraite, il faut qu’il mène ce combat», fait-il savoir. Un combat qui pourra s’avérer le dernier pour Omar Oulad Lhadj.

L'expropriation pour cause d'utilité publique au Maroc

Pour déclarer un bien d’utilité publique, plusieurs facteurs doivent être réunis par le département ministériel concerné. Selon nos informations, il s’agit d’abord de l’acte de cessibilité qui a pour but de désigner avec précision les limites et la consistance des propriétés immobilières nécessaires à la réalisation. La procédure d’acquisition à l’amiable impose qu’une Commission d’évaluation soit constituée afin de déterminer le montant de l’indemnisation et que l’expropriant et l’exproprié se soient entendus sur le prix du bien immobilier. Si l’exproprié n’est pas intéressé par le prix proposé par l’Etat, il peut adresser une lettre d’opposition au département ministériel concerné. Une procédure qui impose à l’Etat de négocier avec le détenteur du bien pour une solution définitive. Si ces discussions n’aboutissent pas, l’exproprié dispose d’une dernière option : ester en justice. 

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