L’affaire du décès de Mohcine Fikri continue de faire parler d’elle ce lundi dans la presse nationale. D’après plusieurs sources médiatiques, parmi lesquelles Médias 24, cinq personnes présentes sur les lieux du drame vendredi 28 octobre ont été interpellées hier dans le cadre de l’enquête.
Conduite par les autorités locales sur le décès tragique du trentenaire, l’investigation s’est focalisée sur le drame plutôt que sur le déroulé des événements depuis le port de la ville. Le focus concerne le camion-benne et le mécanisme de compactage qui a causé le décès de Mohcine Fikri. Le chauffeur du camion-benne, un ami du défunt présent lors du drame, le superviseur, également présent, ainsi que deux autres personnes appelées en renfort pour la destruction du poisson acheté ont été entendus par le parquet chargé de ce dossier.
Parallèlement, une autre enquête administrative a été ouverte au sujet du déroulement des événements et leur gestion par les agents d'autorité et les représentants des pouvoirs publics, rapporte Médias 24.
Ces enquêtes parviendront-elles à calmer les esprits des habitants d’Al Hoceima et, plus largement, des Rifains ? La réponse est à priori négative, puisqu’au lendemain des manifestations organisées dans plusieurs villes du royaume, les collégiens et lycéens d’Al Hoceima ont investi aujourd’hui les rues de la ville. Boycottant les bancs des établissements scolaires, ils ont battu le pavé pour protester, à leur tour, contre le retard de l’enquête dont les résultats tardent à voir le jour, estiment-ils.
Marches et rassemblements «spontanés et pacifiques»
Après un rassemblement sur la place Mohammed VI, les élèves ont exhorté les autorités à dévoiler l’identité du responsable du décès de Mohcine Fikri. La marche et le rassemblement ont été «spontanés et pacifiques», selon le site d’informations Hespress, entre autres. Des drapeaux amazighs ainsi que les slogans déployés hier ont été scandés par les élèves pour manifester leur mécontentement.
Pour rappel, ce lundi, le ministre de l’Intérieur Mohamed Hassad a affirmé dans une déclaration à l’AFP qu’il est «déterminé à établir les circonstances exactes de la mort de Mohcine Fikri». Ce dernier s’est aussi dit déterminé à «punir les responsables de ce drame», soulignant que «personne n'avait le droit de le traiter ainsi».
La journée de dimanche a été ponctuée d’une large série d’événements. Après que les habitants d’Al Hoceima ont accompagné la dépouille de Mohcine Fikri jusqu’au cimetière d’Imzouren où il a été inhumé, des marches de solidarité avec la victime se sont déroulées à partir de 17 heures dans d’autres villes du Maroc, à l’instar de Nador, Casablanca ou Rabat, affichant des slogans tels que «nous sommes tous Mohcine !» ou «bienvenue à la COP22, ici on broie les gens». Des images du corps inanimé du marchand de poisson dans le camion-benne ont aussi été brandies par les manifestants, tout comme le drapeau amazigh.
Plus tôt, Mohamed Hassad et le ministre délégué au ministère de l’Intérieur, Charki Draiss, ont été dépêchés sur instructions du roi Mohammed VI. Ils se sont rendus au domicile du défunt afin de présenter les condoléances et la compassion du souverain à sa famille.