«Vous pouvez être plein de gentillesse et d’amour ; vous ne pouvez pas dormir à côté d’un chien enragé. Si nous sommes faibles, notre pays deviendra musulman.» Des propos signés Ashin Wirathu, moine bouddhiste et leader du mouvement birman 969 fondé au début des années 2000, nationaliste et antimusulman, relayés sur Twitter vendredi 22 juillet par l’adjointe au maire Les Républicains (LR) de Compiègne (Nord-Pas-de-Calais-Picardie), Arielle François - des propos qu’elle a qualifiés de «sagesse». Une manière selon elle de réagir à la fusillade survenue le même jour à Munich, qui a coûté la vie à neuf personnes.
Son tweet a suscité une forte indignation. Et pour cause, Ashin Wirathu n’est autre que le moine bouddhiste surnommé le « Hitler de Birmanie» par le magazine Time en 2013. Il avait été condamné en 2003 à 25 ans de prison pour incitation à la haine contre les musulmans.
Interrogée par Le Parisien, Arielle François a dit «ne pas connaître cet homme», estimant toutefois que «la phrase ne [l']a pas choquée». Elle a ensuite supprimé son tweet, mais le mal était déjà fait. D’autant que cette sortie médiatique intervient après celle de la ministre des Familles, de l'enfance et des droits des femmes Laurence Rossignol, qui a comparé en mars dernier les musulmanes voilées à des «nègres qui étaient pour l’esclavage», avant que Céline Pina, ex-élue Parti socialiste (PS) compare en mai le voile au «brassard nazi».
«L'élue veut-elle dire qu'il faudrait exterminer les musulmans en France ?»
« Nous condamnons avec la plus grande fermeté ces propos islamophobes. Cette personne n'est pas digne d'être une représentante du peuple», dénonce Dian Quentin Bouacha, président régional de la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra). L’organisation envisage d’ailleurs de porter plainte.
«Que faut-il alors en conclure ? Exterminer les musulmans relèverait donc en soit de la sagesse ? Le génocide de musulmans de Birmanie, les Rohingya, serait donc la voie de cette sagesse et donc la chose à reproduire, ici, en France ?», s’interroge de son côté le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), qui tente de décrypter le «message caché» derrière le tweet d’Arielle François, dénonçant également une «apologie du génocide».
En 2015 déjà, l’adjointe au maire de Compiègne avait été l’auteur d’un dérapage islamophobe sur Twitter. Le CCIF s’étonne que l’élue «ne se désolidarise pas du message d'incitation à la haine qu'elle a diffusé», alors qu’« en tant qu’autorité locale, elle devrait condamner toute incitation à la haine». Le Collectif étudie aussi les différents recours judiciaires qu'il pourra engager.