Le quotidien économique Financial Times Deutschland (FTD) a publié les résultats du sondage en exclusivité, explicitant que ce sondage est bien représentatif de la population allemande. Des détails sont d’ailleurs donnés.
Ainsi, en Allemagne de l’est, 74% jugeraient négatif la venue de musulmans, tandis que dans les régions de l’ouest, ce pourcentage est de 50%. Au total, seul 20% jugeraient positif l’apport des immigrés musulmans en Allemagne. Autre résultat : plus d’un tiers des Allemands estimeraient correcte l’affirmation selon laquelle l’Allemagne devenait en moyenne plus bête à travers l’immigration, et ce «de manière naturelle», car les migrants seraient moins bien éduqués et auraient plus d’enfants. Encore une fois, l’est de l’Allemagne mène la danse. 37% y croient, et seulement 33% n’y croient pas.
Que faut-il conclure de ce sondage ? Qu’en Allemagne de l’est, une majorité (relative) ne sait pas faire la différence entre éducation et intelligence, ni entre l’éducation des parents et celle des enfants ? Peut-être.
Mais sans connaître les questions exactes posées lors du sondage, l’objectif principal était clairement d’avoir un jugement de la valeur sur une certaine catégorie de la population. Ce qui ne vient pas forcément à l’esprit de tout un chacun, mais quand certaines personnalités politiques, les médias, et maintenant les instituts de sondage forcent le trait… Ce sondage divise, et ce sur une base douteuse.
Car on se demande également d’où vient la catégorie de «musulmans immigrés en Allemagne», sachant que, premièrement, la population musulmane en Allemagne est majoritairement composée de Turcs, mais aussi de Marocains, de Kurdes, de Bosniaques, de Palestiniens, d’Albanais, sans négliger les musulmans Allemands (qui, certes, n’ont pas immigré en Allemagne). Ces origines sont trop diverses pour que la catégorie puisse être significative, surtout si on pose des questions par rapport à l’apport économique de ces migrants. De plus, on utilise comme démarcateur la religion, alors que la religiosité et les pratiques de ceux de qui il est question varie de 180 degrés... S'ils sont croyants et pratiquants, un catholique et un musulman peuvent avoir plus en commun qu'un musulman croyant et une personne à héritage musulman, non pratiquant.
Mais avec une islamophobie rampante, ces évidences, cette image diversifiée de «l'immigration musulmane» perd sa place en Allemagne actuellement. On en est arrivé à un point où un institut de sondage respecté pose ses questions dans les mêmes termes qu’un politicien populiste aux idées racistes, Thilo Sarrazin. Et l’institut ne s’en cache pas, puisque la question sur l’approbation des «thèses» de Sarrazin a également été posée. 60% des Allemands approuveraient toujours ses thèses et seulement 13% les réfutent.