Mustapha Salma Ould Sidi Mouloud fait la une de tous les médias depuis son arrestation mardi soir. Le sort de l’homme qui a été conduit vers une destination inconnue, inquiète les organisations de défenses des droits de l’homme comme l’Association Marocaine des Droits humains (AMDH) et Human Rights Watch (HRW), qui ont appelé à sa libération. Cette dernière a condamné l’arrestation du responsable de la police du Polisario pour des raisons fallacieuses (espionnage, connivence avec l'ennemi, traîtrise...) et a demandé sa libération, sa liberté de mouvement pour voir sa famille, et la possibilité d'être assisté d'un avocat en cas de procès.
«Mustapha Salma a fait publiquement l'éloge du plan d’autonomie marocain, et a dit qu'il reviendrait à Tindouf pour le défendre, ce qui est son droit. Si le Front Polisario veut montrer qu’il ne le persécute pas pour ses opinions, il convient de le libérer immédiatement ou s'assurer qu'il ait droit à un procès équitable et transparent, basé sur les accusations crédibles», a déclaré Sarah Leah Whitson, directrice pour le Moyen-Orient et Afrique du Nord à HRW dans un communiqué.
Le Maroc par la voix de Taieb Fassi Fihri, ministre des Affaires étrangères et de la coopération, a également «condamné les mesures coercitives et punitives prises à l'encontre de Mustapha Salma et de sa famille», accusant ouvertement le Polisario et l'Algérie.
De quoi est-il coupable exactement?
Un communiqué du «secrétariat général de la police sahraouie» Polisario repris par l’agence de presse sahraouie (SPS), a précisé que Mustapha Salma doit «répondre de plusieurs chefs d'accusation dont le principal est espionnage en faveur d'un pays en guerre avec la +République sahraouie+». Le seul tort de Mustapha Salma aura donc été son soutien au plan d'autonomie proposé par le Maroc. Comme nous l’avions déjà évoqué, le Polisario reste fébrile sur la question de la liberté d’expression. Il ne tolère pas d'opinion différente de sa version officielle. Tout contrevenant est passible au mieux d’un passage devant un tribunal militaire (c'est ce qui semble attendre Mustapha Salma) pour intelligence avec l'ennemi, au pire à l’exécution sans autre forme de procès. Autrement dit, une disparition douteuse sans explication concrète. Rappelons que des suspicions d’assassinat entouraient en juillet dernier, le décès de Mahfoud Ali Beiba, ancien négociateur des séparatistes.
Si le Maroc n'est pas un havre de libertés (le pays a été accusé plusieurs fois d’entraves à la liberté de la presse), il a quand même permis à des dissidents (comme Aminatou Haidar) de s'exprimer librement en faveur du Polisario, et même de voyager librement avec un passeport marocain. Pourquoi le Polisario ne laisserait-il pas un de ses membres, défendre une opinion différente ? Le débat démocratique lui fait-il si peur ? Progressivement, des sahraouis comme Mustapha Salma briseront l'omerta qui règne sur les camps de Tindouf.