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Grand Angle

Polémique sur la «réconciliation» hispano-algérienne, le Maroc visé

En l’absence d’une réaction officielle des autorités algériennes expliquant à son opinion publique le contexte de la nomination d’un nouvel ambassadeur en Espagne, un média algérien s’est empressé d’accuser le Maroc de tenter de torpiller la «réconciliation» entre Alger et Madrid.

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Le président du gouvernement espagnol Pedro Sánchez
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A Alger, la nomination d’un nouvel ambassadeur de l’Algérie en Espagne est passée presque inaperçue. Après plusieurs jours de silence, le ministère algérien des Affaires étrangères a fini par annoncer, jeudi 16 novembre, que «le gouvernement espagnol a donné son agrément à la nomination de Abdelfetah Daghmoum, en qualité d’ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire de la République algérienne démocratique et populaire auprès du Royaume d’Espagne».

L’exécutif Sánchez a donné, le 14 novembre, son accord à la proposition algérienne de désigner Daghmoun comme nouvel ambassadeur d’Alger, après une «rupture» diplomatique de 16 mois. Le communiqué laconique du département dirigé par Ahmed Attaf a été relayé par les médias officiels et privés en Algérie, mais sans expliquer les motivations de ce brusque changement.

Ce mutisme tranche, en effet, avec la série de ripostes des plus hautes autorités algériennes au soutien de Pedro Sánchez à l’initiative marocaine d’autonomie au Sahara occidental. Elles ont notamment rappelé, le 19 mars 2022, leur ambassadeur à Madrid, suspendu, le 8 juin de la même année, le traité d’amitié et de bon voisinage entre les deux pays, signé en 2002 à Alger, et dans la foulée gelé les opérations d’exportation et d’importation avec l’Espagne.

Un silence embarrassant

Pour camoufler l’absence de toute explication officielle justifiant la reprise des relations avec Madrid alors que Pedro Sánchez n’a pas révisé sa position sur le dossier du Sahara, Echouroukonline accuse le Maroc d’avoir ouvert le robinet de l’immigration en riposte à «la nouvelle page dans les relations qui est en train de s’ouvrir entre Madrid et Alger». «Le retour de l’ambassadeur d’Algérie à Madrid pousse le Maroc à l’imprudence. Rabat lance des hordes d’immigrés clandestins en direction de l’Espagne», a écrit le média très proche des militaires.

«Plus de 500 migrants en provenance d’Afrique subsaharienne tentent en groupes séparés de sauter par-dessus la barrière séparant les frontières marocaine et espagnole. Les gardes-frontières espagnols ont activé l’état d’alerte maximale», ajoute la même source. Les autorités marocaines ont mis en échec, vendredi 17 novembre, une tentative de passage frontalier vers Ceuta. Environ 700 personnes ont essayé de franchir la clôture, rapportent des médias ibériques.

Pour rappel, dans une interview accordée à Al Jazeera en février 2023, le président Abdelmadjid Tebboune avait qualifié de «faux pas» le soutien de Pedro Sánchez au plan marocain d’autonomie au Sahara occidental, pris le 14 mars 2022. «L’Espagne a commis un acte inamical envers l’Algérie», avait-il précisé sur la chaîne qatarie.

De son côté, le ministre algérien des Affaires étrangères avait écarté le 30 août «toute évolution» dans les relations tendues entre son pays et l’Espagne. «Les causes ayant conduit à la détérioration de ces relations, sont toujours en vigueur», a souligné Ahmed Attaf. Une référence au soutien de Pedro Sánchez au plan marocain d’autonomie au Sahara occidental.

Des médias algériens avaient déjà accusé le Maroc, avec le concours de la droite française, de «tenter de saborder le rapprochement algéro-français».

Article modifié le 21/11/2023 à 13h03

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