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Grand Angle

Maintenir de bonnes relations avec la Russie, une politique initiée par le roi Hassan II

A l’abri des aléas de la Guerre froide, le Maroc avait développé ses relations avec l'Union soviétique. Une ligne politique initiée par le roi Hassan II et qui se poursuit sous Mohammed VI avec la Russie de Poutine.

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Le roi Hassan II. / DR
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En ne participant pas, hier, au vote d’une résolution non-contraignante de l’Assemblée générale de l’ONU sur l’invasion russe de l’Ukraine, le Maroc reste fidèle à une longue tradition prônant le maintien d’un certain équilibre entre les puissances mondiales. Une politique qui remonte aux premières années du règne du roi Hassan II.

En octobre 1966, il met en marche cette stratégie en effectuant sa première visite officielle en Union soviétique. Un déplacement qui intervient en plein brouille avec la France, conséquences des circonstances de la disparition de Mehdi Ben Barka, le 29 octobre 1965 à Paris.

Depuis et en plein Guerre froide, le royaume a, tout en renforçant ses liens militaires et économiques privilégiés avec l’Occident, su maintenir de bonnes relations avec les camarades à Moscou et ensuite avec leurs héritiers russes après la dislocation de l’empire communiste en 1991.

Ainsi, une année après ce grand bouleversement international, le Maroc et la Russie du président Boris Eltsine signaient un accord de pêche, intégrant les eaux du Sahara. Une première de la part d’une puissance mondiale, bien avant l'Union européenne. Une conclusion qui s’apparente à une «reconnaissance» de la souveraineté du royaume sur la province.

Une fois installé au Kremlin (1999), Vladimir Poutine a emprunté la même voie. Le dernier accord, le quatrième du genre entre les deux parties, a été d’ailleurs conclu le 27 novembre 2020.

Poutine s'opposait à l'élargissement du mandat de la MINURSO

Su les traces de son père, le roi Mohammed VI a poursuivi et développé le rapprochement avec la Russie. Il se rend à Moscou en 2002, avec l’ambition de hisser les relations au rang de «partenariat stratégique approfondi». Un statut qui sera scellé, en mars 2016, à l’occasion d’une visite d’Etat effectuée par le souverain dans ce pays. Entre 2002 à 2016, le président Poutine a fait un déplacement officiel à Rabat en 2006.

Cette longue politique de rapprochement, ponctuée de visites au plus haut sommet des deux Etats, a permis au Maroc de trouver en la Russie un soutien, en avril 2013, face au projet de résolution rédigé par les Etats-Unis et portant élargissement des prérogatives du mandat de la MINURSO à la surveillance des droits de l’Homme au Sahara occidental.

Face à cette menace, le roi Mohammed VI a adressé un message au président Vladimir Poutine. L’initiative s’est avérée concluante, l’administration Obama ayant été contrainte d’opérer un rétropédalage grâce à l'appui de Moscou et d’autres forces internationales au royaume. Cet épisode est toutefois à inscrire dans le contexte de la grande rivalité entre la Russie et les Etats-Unis, et ne signifie pas un changement de position de Moscou sur la question du Sahara.

En effet, la Russie continue de dérouler le tapis rouge à des délégations du Polisario, reçues par le représentant spécial du président de la Russie pour le Moyen-Orient et les pays africains, vice-ministre des Affaires étrangères, Mikhail Bogdanov. La Russie est, par ailleurs, montée au créneau pour condamner la décision de l’administration Trump de reconnaitre la souveraineté marocaine sur le Sahara.

Depuis octobre 1966, date de la première visite du roi Hassan II à Moscou, le Maroc a su préserver ses relations avec ce pays, d’abord des aléas de la Guerre froide et ensuite de l’ordre mondial qui a suivi la chute de l’Union soviétique. Le royaume a pu se rendre compte des vertus du multilatéralisme, notamment en avril 2013 lors de sa confrontation ouverte avec l’administration Obama sur le Sahara, pour ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier.

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