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Grand Angle

Désintox : Le discours de Ramaphosa à l’UA en faveur du Maroc ou du Polisario ?

La 14e session extraordinaire du Sommet de l'Union africaine «Faire taire les armes», tenue par vidéoconférence a suscité des réactions aux antipodes. Le Maroc et le Polisario s'attribuent les faveurs du président sud-africain qui préside l'UA. Qu'en est-il ?

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Le président sud-africain Cyril Ramaphosa, dont le pays assure la présidence tournante de l'Union africaine. / Ph. GCIS
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L’Union africaine (UA) a tenu, dimanche, la quatorzième session extraordinaire du Sommet par vidéoconférence sur le thème «Faire taire les armes». Une rencontre durant laquelle les dirigeants africains se sont mis d’accord pour prolonger de 10 ans supplémentaires l’objectif 2020 du continent pour y parvenir. La réunion a été marquée par le discours d’ouverture du président de l’Afrique du Sud, Cyril Ramaphosa dont le pays assure la présidence tournante de l’UA, et qui a fait réagir le Maroc et le Polisario.

Des félicitations du Maroc et du Polisario

Ainsi, dans une dépêche intitulée «Le Président sud-africain désavoue les séparatistes du Polisario», l’agence MAP a rapporté dimanche que Cyril Ramaphosa «a souligné, au grand dam des adversaires du Maroc, que les amendements à la décision 693 proposés lors de ce sommet ne font que confirmer les dispositions de ladite décision».

«L’affirmation du chef d’État sud-africain représente un nouveau succès du Maroc face aux tentatives et manœuvres sournoises des ennemies de l’intégrité territoriale du Royaume qui s’activent à semer les divisions au sein du continent.»

MAP

Elle a rappelé que ladite décision «consacre l’exclusivité de l’ONU en tant que cadre pour la recherche d’une solution au conflit régional créé autour de la question du Sahara marocain, tout en établissant le mécanisme de la Troïka pour appuyer les efforts des Nations unies pour le règlement de ce différend artificiel».

Autre son de cloche de l'autre côté du Mur des sables, puisque le Polisario s’est félicité de la mention par le président sud-africain de la question du Sahara occidental, en y voyant un appel de Cyril Ramaphosa aux pays africains. Le mouvement a affirmé qu’à l'issue du sommet, un «projet de résolution proposé par le Lesotho et condamnant le Maroc» suite aux récentes tensions à El Guerguerate, aurait été «soutenu par 12 pays africains et approuvé à l'unanimité». Dimanche, Brahim Ghali a même réaffirmé la détermination de son mouvement à poursuivre sur la voie des armes, présentant le retrait du Front de l’accord de cessez-le-feu de septembre 1991, comme une «ferme défense des principes de l’Union africaine».

Déluge de surinterprétations

Pourtant, lors du discours d’ouverture du président de l’Union africaine, Cyril Ramaphosa s’est contenté d’exprimer sa préoccupation sur les derniers développements au Sahara. «Nous exprimons également notre grave préoccupation face à la situation actuelle au Sahara occidental, qui exige que tous les efforts soient faits pour faciliter l'autodétermination du peuple du Sahara occidental», indique le site de la présidence sud-africaine, qui reprend le discours.

Une déclaration mi-figue, mi-raisin, presque boudée par les médias sud-africains. Ainsi, le média The Citizen, tout comme d’autres de ses confrères, s’est contenté de reprendre une dépêche de l’AFP sur le sujet. «Le dirigeant sud-africain s'est également déclaré préoccupé par la situation au Sahara occidental où des troubles ont récemment éclaté entre le Maroc et les rebelles du Polisario», écrivent-ils.

Pour sa part, Chronicale a indiqué qu’il «y a eu un débat intense sur l'impasse entre le Sahara Occidental et le Maroc», en relayant le plaidoyer pro-Polisario du président du Zimbabwe, Emmerson Mnangagwa.

La courte mention du différend n’a même pas trouvé une petite place dans le mot final de Cyril Ramaphosa, alors qu'il est un grand défenseur du Polisario. Relayé également sur le site de la présidence sud-africaine, son discours de clôture ne comprend aucune allusion au Sahara.

De plus, le projet de résolution en question, évoqué par le Polisario se résume en deux lignes, où la conférence «exprime sa profonde inquiétude face à l'escalade des tensions militaires» entre les deux parties du conflit et «demande au Conseil de paix et de sécurité (…) d'engager les deux parties» dans le but de «préparer les conditions d'un nouveau cessez-le-feu et parvenir à une solution juste et durable du conflit».

Or le Front a omis de mentionner que le CSP dirigé pour quelques mois encore par l’Algérien Smail Chergui ne peut intervenir sur le dossier du Sahara, conformément à la résolution 693 adoptée lors du Sommet de l’UA de juillet 2018. La manoeuvre de l'Algérie et du Polisario visant à décharger la troïka du dossier du Sahara au profit du CSP tient plus de l'aveu d'échec face à l'evolution du contentieux d'El Guerguerate.

A quelques semaines du remplacement de Cyril Ramaphosa (proche d'Alger) par Félix Antoine Tshisekedi (proche de Rabat) à la tête de l'UA, le Polisario qui parle d'isolement du Maroc sur la scène continentale, n'a jamais été autant isolé. 

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