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Grand Angle

Jerada : Manifestations d’habitants après le retrait de compteurs d’électricité par l’ONEE

Des centaines d’habitants de la ville de Jerada réinvestissent la rue. Sur fond de contestation sociale, une revendication datée d’au moins 2016 refait surface. Il s’agit de la révision des factures d’eau et d’électricité, que la population estime anormalement élevées. En réponse, des compteurs ont été retirés pour non-paiement, ce qui a poussé des familles à battre le pavé.

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Images des manifestations contre le retrait des compteurs à des ménages pour non-paiement de l'électricité / Capture d'écran
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Depuis une vingtaine de jours, Jerada est de nouveau le théâtre de manifestations. Cette fois-ci, de récentes vidéos datées de ce mercredi, sur les pages d’internautes issus de la ville, montrent des habitants qui investissent la rue en direction de la Préfecture. Dans leurs slogans, ils affirment leur refus de rembourser les frais impayés à l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE), contestent la gestion locale de l’instance, ses factures anormalement élevées et l’absence de démarches de la part de sa direction pour trouver une solution équitable et convenable à tous.

En effet, l’élément déclencheur de ces nouvelles marches a été le retrait des compteurs d’électricité à certains ménages pour accumulation de factures impayées, au temps où celles-ci n'étaient pas révisées pour s’enquérir de la valeur réelle de la consommation des ménages concernés.

Membre de l’Union marocaine du travail (UMT) à Jerada, contacté par Yabiladi ce mercredi, Mustapha Selouani confirme que les manifestations reprennent et qu’en cette fin d’après-midi, des participants aux marches ont été conviés à une séance de dialogue avec le gouverneur. «Lorsque les compteurs ont commencé à être retirés, les riverains ont été de plus en plus nombreux à protester et le rassemblement s’est agrandi, pour se transformer en marche», raconte-t-il. Mais les raisons de la colère des habitants sont bien plus profondes et ne tiennent pas seulement à un non-paiement de factures, à en croire le syndicaliste.

Un des points majeurs du Hirak de Jerada

D’ailleurs, celui-ci affirme à Yabiladi que «le problème a fait partie des points principaux du Hirak de Jerada, où l’une des principales revendications a été l’exemption des ménages du paiement des factures accumulées» et considérées comme «anormalement élevées». «Puisque la faisabilité d’une amnistie générale a été difficile à envisager, il a été proposé en tout cas d’obtenir réparation pour les personnes lésées», raconte encore le militant.

Pour Mustapha Selouani, «cette demande a accompagné toutes les dynamiques de contestation sociale à Jerada». «Je dirais même qu’elle a été un point majeur dans le développement que nous lui connaissons, bien avant les manifestations qui ont été déclenchés de manière directe par le décès des deux frères ouvriers des mines de charbon, le 22 décembre 2017», souligne-t-il.

«Depuis 2016 déjà, la gronde sur la cherté des factures d’eau et d’électricité n’a pas faibli, même qu’elle a accompagné l’évolution de la contestation jusqu’en 2019, ce qui a donné lieu à des cumuls de non-paiement de trois ans chez des ménages à Jerada, mais aussi à Bouarfa. Depuis, l’ONEE somme les ménages de payer et a commencé à retirer les compteurs.»

Mustapha Selouani, membre de l’UMT à Jerada

Le syndicaliste précise que «ce n’est pas pour la première fois que la démarche de l’ONEE donne lieu à des protestations qui évoluent en marche, en direction de la préfecture de la ville». Selon lui, «c’est surtout la diffusion d’une récente vidéo par Internet à ce sujet qui a remis en avant la question». «Il y a une vingtaine de jours, le même scénario s’est déroulé, avec un nombre approximativement comparable à chaque fois, mais avec moins de visibilité médiatique et sans intervention des forces de l’ordre», rappelle-t-il.

Une réparation collective qui tarde à être réalisée

A l’heure actuelle, le syndicaliste estime que «c’est aux responsables étatiques de trouver une solution avec la population, soit en révisant les factures comme cela a été précédemment abordé, soit en régulant de manière plus juste et équitable les passages automatiques d’une tranche de consommation à l’autre». Mustapha Selouani rappelle les promesses qui ont été faites à la coordination de syndicats, dans le cadre des dialogues avec le gouverneur au temps du Hirak, sont «restées sans suites». Ainsi, l'audit de l’ONEE au niveau régional et provincial qui avait été évoquée, n'a jamais été entrepris, regrette-t-il.  

«Il a été également convenu qu’il y ait des missions de contrôle des compteurs mensuels, afin que les ménages soient facturés sur la base de leur consommation réelle et non pas des estimations susceptibles d'impacter les ménages.De même pour les lampes économiques qui devaient être distribuées aux ménages.»

Mustapha Selouani

Inquiet sur le devenir de ces engagements et surtout sur le climat risque de devenir explosif, Mustapha Selouani estime que «l’Office est en train de tâter le pouls de la population, espérant voire cette dernière se plier aux pénalités».

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