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Grand Angle

Drame de Tizirt : Récit d’un rescapé ayant réussi à sauver son père

Alors que les opérations de recherche se poursuivent pour trouver les personnes disparues dans les inondations survenues mercredi soir à Douar Tizirt, situé dans la commune Imi N'Tayart (District d’Ighrem, province de Taroudant), des témoins présents sur place décrivent un village sous le choc qui a inhumé ce jeudi sept victimes. Said El Attar, l’un des rescapés, revient sur les circonstances de ce drame pour Yabiladi.

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Une partie du terrain du douar de Tizirt ce jeudi après la fin des inondations ayant coûté la vie à sept personnes. / Ph. Autorités locales
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A Douar Tizirt, dans la commune Imi N'Tayart (District d’Ighrem, province de Taroudant), la population locale est toujours sous le choc après les spectaculaires inondations ayant coûté la vie à sept personnes. Alors que les opérations de recherche se poursuivent, plusieurs témoins, dont certains présents sur place aux moments où l’eau s’est abattue sur un terrain de football construit aux abords d’un oued, reviennent sur les circonstances de ce drame.

Said El Attar est l’un des rescapés. Il est l’un des joueurs de l’équipe du douar qui devait affronter mercredi une autre, dans le cadre d’un mini-tournoi. «C’est la volonté de Dieu», nous déclare-t-il ce jeudi. «Nous n’avions pas encore commencé notre match. Nous étions en train d’effectuer nos échauffements. Le match du classement venait de se terminer», nous déclare-t-il, ajoutant que les personnes présentes sur place ont «été surprises par l’eau».

«Les gens ont fui et je faisais partie de ce premier groupe lorsque j’ai vu que mon père était à l’estrade. Je suis donc retourné pour le sauver et le sortir de l’eau. J’ai vu au passage un homme âgé qui se battait pour sa vie et que je n’ai pas pu malheureusement secourir. Il est toujours porté disparu.»

Said El Attar

Le jeune homme raconte aussi qu’il «n’y avait pas beaucoup de pluie ou une situation météorologique qui laissait croire à des inondations». «S’il pleuvait avec une grande intensité, on aurait reporté notre match», nous explique-t-il. Il explique aussi n’avoir «jamais eu de pareilles inondations» dans cette région. «Il y a des gens âgés de 87 ans de notre douar qui l’affirment.»

Blessé notamment à la jambe et au pied, il nous explique aussi que le terrain de football «n’avait pas de murs l’entourant auparavant». «Même à cette époque, l’oued n’arrivait même pas jusqu’aux abords de cette construction», nous précise-t-il.

Said El Attar rapporte aussi que «neuf personnes ont été sauvées». «On a réussi à sortir de l’oued à la nage», nous dit-il en remerciant Dieu que l’opération d’évacuation ait débuté quelques instants avant l’arrivée des eaux, car «entre 80 et 100 personnes étaient présentes sur le terrain de football du douar».

Un douar sous le choc

De son côté, Jamal Lotfi, un associatif de la commune Idawnidif, proche de Imi N'Tayart, est présent dans le douar Tizirt depuis hier soir, après la tragédie. «Les gens demandent pourquoi le terrain est construit près de l’Oued, mais je peux vous assurer que l'installation est là depuis des années», nous déclare-t-il.

«J'ai 38 ans et je joue au football avec les gens de Douar, sur ce terrain, depuis de longues années. Des inondations se produisent mais cela n'a jamais été comme ça. Le terrain de football est là parce qu’ils n’avaient nulle part où le construire.»

Jamal Lotfi

L’associatif explique aussi que les habitants du village ont été informés que des crues soudaines se préparaient. «Les gens pensaient que cela ne frappera pas leur village avec une telle intensité», déplore-t-il. «En trois minutes seulement, tout a été balayé.»

Pour sa part, Abdellah Lgouich, journaliste du média local Taroudant Press, joint par notre rédaction, nous déclare que «les habitants du douar sont très affectés par ce drame». «C'est la première fois que cela se produit. Hier, les autorités locales se sont précipitées au village et ont passé toute la nuit dans les opérations de sauvetage et à rechercher les personnes disparues», nous déclare-t-il depuis Tizirt.

Les opérations de recherche menées par les autorités locales se poursuivent ce jeudi. / Ph. Autorités localesLes opérations de recherche menées par les autorités locales se poursuivent ce jeudi. / Ph. Autorités locales

Bien que certains ont été sauvés à temps, les opérations de recherche sont en cours pour retrouver les disparus. Abdellah Lgouich fait, lui aussi, état de la présence d’ambulances sur place et des autorités locales. «Les personnes qui savent nager se sont sauvées mais les personnes âgées n’ont pas réussi à échapper aux eaux de l’oued», regrette-t-il.

Ce jeudi, Tizirt a inhumé sept victimes de ce drame, nous déclare Said El Attar, qui se trouvait devant la mosquée du douar pour la prière. Les habitants retiennent, quant à eux, leur souffle en attendant les résultats des recherches menées par les autorités. Le ciel quant à lui semble décidé à déverser les flots sur la région ; une alerte météo annonce de nouvelles averses orageuses ce jeudi.

Article modifié le 29/08/2019 à 18h36

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