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Grand Angle

Assassinat d’Imlil: Une ONG salafiste proche du PJD dans le viseur de la défense des familles des victimes

L’avocat de la famille d’une des victimes du double meurtre d’Imlil entend faire de ce procès une tribune pour condamner les prédicateurs de la doctrine salafiste au Maroc. Il a dans la ligne de mire l’association de Mohamed Maghraoui et sa proximité avec le PJD.

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Mohamed Maghraoui / DR
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Le procès des assassins des deux touristes scandinaves à Imlil est en passe de prendre une tournure politique. Khalid Fettaoui, l’avocat de la famille de la victime danoise Louisa Vesterager, tient à faire comparaitre le président de l’ «Association pour la prédication au coran et la sunna» qui dirige un réseau d’écoles coraniques à Marrakech et dans d’autres villes.

Dans sa requête, le pénaliste s’appuie sur le passage effectué par les accusés dans l’une des écoles du salafiste Mohamed Maghraoui dans la ville ocre située avenue de Safi. Il affirme également qu'un rapport officiel a relevé que 200 condamnés pour terrorisme ont suivi des cours dans ces petites «chapelles» de l'extrémisme.

Dans des déclarations à la presse devant le siège de la chambre criminelle près la cour d’appel de Salé, ce jeudi 13 juin, l’avocat s’est interrogé sur la partie ayant permis à l’association de reprendre ses activités. Et de rappeler que le ministère de l’Intérieur avait ordonné, en septembre 2009, la fermeture de toutes les écoles coraniques de Maghraoui. Une décision prise en riposte à la très controversée fatwa du salafiste autorisant le mariage des filles de neuf ans.

L’association de Maghraoui dans la ligne de mire de la défense de la victime

L’avocat a déjà fait des déclarations similaires au terme de l’audience du 31 mai. Il s’était alors interrogé sur les accointances électoralistes entre l’association et une formation politique, en allusion au PJD. En effet, après son retour en 2011 de son «exil» volontaire en Arabie saoudite, Maghraoui avait joué un rôle déterminant dans la victoire à Marrakech des candidats de la Lampe aux législatives du 25 novembre de la même année.

Compte tenu de cette proximité, le réseau des écoles coraniques à commencé à exercer à nouveau avant que le ministère des Affaires islamiques n’ordonne en juin 2013 sa fermeture pour «non-conformité à la loi de l'enseignement fondamental».

Une décision immédiatement condamnée par Mustapha Ramid alors ministre de la Justice et des Libertés. «Une décision que je rejette catégoriquement» car elle constitue «une restriction et une atteinte des libertés individuelles sans aucune raison valable», avait-t-il dénoncé dans des déclarations à la presse.

Justement, le ministre pourrait être l’une des personnes dont la défense de la victime danoise solliciterait la comparution en tant que témoin. En avril 2012, Ramid avait affirmé depuis l’une des écoles de Maghraoui que «des gens du monde entier viennent  (à Marrakech) pour passer beaucoup de temps à commettre des péchés et s’éloigner de Dieu». Des propos unanimement  dénoncés par les professionnels du tourisme de la ville ocre mais qui cadrent parfaitement avec le discours salafiste.

La stratégie de Me. El Fettaoui d’impliquer l’ «Association pour la prédication au coran et la sunna», comme auteure idéologique du double meurtre d’Imlil, est ambitieuse. Reste à savoir si la cour l’autorisera à appeler à la barre Mohamed Maghraoui. En effet, les relations du salafiste ne se limitent pas à la seule sphère du PJD. En septembre 2016, il avait  réussi à arracher la réouverture de ses écoles coraniques grâce à un coup de pouce du PAM.

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