Le ministre de la Justice et des Libertés dénonce la fermeture des écoles coraniques de Marrakech, ordonnée par son collègue chargé du département des Affaires islamiques. Un autre indicateur du degré de cohésion entre les membres du cabinet Benkirane. Mustapha Ramid s’est dit, dans des déclarations au quotidien Akhbar Al Yaoum, «surpris de la décision» d’Ahmed Taoufiq. «Une décision que je rejette catégoriquement» parce qu’elle constitue «une restriction et une atteinte des libertés d’individus sans aucune raison valable».
La constitution accorde la dissolution des ONG à la justice
La constitution a accordé à la justice et non à l'Intérieur, comme c'était le cas auparavant avec la loi fondamentale de 1996, le droit de dissoudre les ONG. «Les associations de la société civile et les organisations non gouvernementales se constituent et exercent leurs activités en toute liberté, dans le respect de la Constitution et de la loi. Elles ne peuvent être suspendues ou dissoutes par les pouvoirs publics qu’en vertu d’une décision de justice», lit-on dans l’article 12 de la constitution. En agissant de la sorte, le ministre des Affaires islamiques a outrepassé ses prérogatives en s’arrogeant les droits de Mustapha Ramid. Ce qui explique d’ailleurs, en partie, la colère du PJDiste. Quant à l’autre partie, elle réside dans la proximité politique et idéologique existant entre les partisans de la Lampe et le cheikh Mohamed Maghraoui.
Des ministres du PJD : «c’est plus fort que nous»
Dans un enregistrement vidéo, Hammad Kabbaj, le n°2 de l’«Association Prédication pour le Coran et la Sunna» révèle que des ministres du PJD lui auraient confié que la décision de la fermeture des écoles coraniques dépasse leurs prérogatives et que «c’est plus fort» qu’eux. Le bras droit de Maghraoui s’est refusé de citer les noms de ces interlocuteurs, mais il a invité les frères de Benkirane à être davantage francs avec le peuple marocain, et ce, en dévoilant les identités des véritables parties opposées aux réformes. «Et s’ils sont incapables de les affronter, ils vaudraient mieux pour eux de présenter leurs démissions du gouvernement», a-t-il lancé.
Hammad Kabbaj a rappelé que depuis la création de son association, en 1976, elle n’a cessé de présenter «de louables services» à la nation. L’ONG de Mohamed Maghraoui, qui se trouve actuellement en Arabie saoudite, avait fait campagne pour le "oui à la constitution" du 1er juillet 2011.