La Banque mondiale met la main à la poche : elle prête 297 millions de dollars (2,4 milliards de dirhams) pour la construction et le développement de la première phase du projet de centrale solaire à Ourzazate, dans le sud du Maroc. La Banque mondiale a annoncé, jeudi 17 novembre, avoir approuvé le prêt de 200 millions de dollars (1,7 milliard de dirhams) via la Banque Internationale pour la Reconstruction et le Développement (BIRD) et de 97 millions de dollars (806 millions de dirhams) via le Fonds de financement pour les énergies propres. Elle apportera ainsi près de 12% du financement nécessaire à la réalisation entière du projet évalué à 2,1 (23,5 milliards de dirhams) voire 2,3 milliards d’euros. L’Agence française de développement, en juillet, a prêté plus de 100 millions d’euros (1,1 milliard de dirhams) et offert une subvention de 300 000 euros (3,4 millions de dirhams) au projet.
Les financements de ce qui doit devenir l’une des plus grandes centrales solaires du monde arrivent. Cette centrale devrait couvrir, à terme, 3040 hectares, dans une zone désertique à quelque 9 km de la ville de Ouarzazate. Sa production doit atteindre 500 MW. La première phase, qui bénéficie des actuels financements, amènera à une production de 160 MW évitant ainsi l’émission de 240 000 tonnes de C02. La construction devrait débuter en 2012 et aboutir en 2014.
Ce projet intègre le Plan national marocain pour l’énergie solaire, lancé en 2009, qui doit assurer la production de 2000 MW d’ici 2020. Il permettra également au Maroc de tenir les engagements pris lors des deux sommets des Nations unies pour le climat et dans le cadre de l’Union Pour le Méditerranée. «Le projet de Ouarzazate démontre l'engagement du Maroc à promouvoir une croissance économique à faible taux d’émission en carbone», a déclaré le président de la Banque mondiale Robert B. Zoellick. «En répondant à la fois aux préoccupations énergétiques et environnementales, il offre une excellente possibilité pour une croissance verte, la création d'emplois verts», estime Mustapha Bakkoury, président de l’Agence Marocaine pour l’Energie Solaire (MASEN). Optimisme à nuancer, toutefois, car, comme le soulignait, le portail d’information Maghreb Emergent, le 1er février, aucune entreprise marocaine n’a été présélectionnée pour mettre en œuvre le projet de Ouarzazate.
«[Le projet solaire de Ouarzazate] pourrait démontrer l'énorme potentiel d'énergie solaire dans le Moyen-Orient et Afrique du Nord», indique Robert B. Zoellick car l’implantation de projets exploitant l’énergie solaire dans le désert est une démarche régionale au sens large. Projet maghrébin, il suppose une collaboration énergétique entre le Maroc et l’Algérie, notamment. Une partie de l’électricité produite sera également exportée vers l’Europe, lui permettant à son tour de réduire ses émissions de gaz carbonique. Cela suppose également la capacité à transporter l’électricité d’un bord à l’autre de la Méditerranée, dans le cadre du projet Medgrid (anciennement Transgreen ). Deux plans transnationaux, Desertec et le Plan solaire méditerranéen - que le Maroc voudrait voir fusionner , supportent cette intégration énergétique régionale.
L’arrivée des financements pour la centrale solaire de Ouarzazate confirme l’annonce de la société allemande DII, fin octobre : le lancement du projet Desertec prévu en 2015, aurait finalement lieu dès l’an prochain.