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Grand Angle

Réformes de l’UA : L’approche du Maroc face à celles de l’Algérie et du Polisario

Dix huit ans après sa constitution, l’Union africaine met le cap sur la réforme de son fonctionnement. Le Maroc est pour des réformes profondes de l'organisation mais le Polisario et l’Algérie ne l’entendent pas de la même oreille.

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Photo d'illustration. / DR
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Brahim Ghali met à nouveau en garde contre les projets marocains de «porter atteinte à l’Acte constitutif de l’Union africaine». Le chef du Polisario a invité «l’UA à prendre des mesures fermes à l'encontre de tels comportements qui reflètent une attitude contradictoire et dangereuse», a-il indiqué dans un message aux participants à une campagne africaine baptisée «Carmma».

Une initiative lancée alors qu’une délégation de la Commission de l’UA se trouve depuis jeudi dernier dans les camps de Tindouf.

L’appel du secrétaire général du Polisario est le deuxième du genre en quelques semaines. Le 12 octobre, il a exhorté les chefs d’Etats de l’organisation continentale à «faire face aux tentatives marocaines visant à porter atteinte aux principes fondateurs de l’Union africaine».

Alger pour des «réformes pratiques et techniques et non politiques»

La mise en garde de Brahim Ghali contre les tentatives marocaines de porter «atteinte à l’unité de l’organisation» est parfaitement en phase avec la position de l’Algérie. Le voisin de l’Est est favorable à des réformes «pratiques et techniques et non pas politiques», comme avait souligné son ancien ministre des Affaires étrangères, Ratmane Lamamra lors du sommet de janvier 2017. «Il ne s’agit pas d’une réforme fondamentale qui touchera les objectifs et les principes de l’Union mais plutôt de la révision du fonctionnement technique de l’organisation et de ses structures pour améliorer leur rendement», avait-t-il précisé.

Le sommet extraordinaire du 17 et 18 novembre à Addis-Abeba sera consacré exclusivement aux réformes à introduire sur le fonctionnement de l’Union africaine. Le président Paul Kagamé, à qui ses pairs ont confié en 2016 cet épineux dossier, plaide pour nommer directement les commissaires de l’UA par le président de la Commission et non plus par la Conférence des chefs d’Etats.

La validation de cette proposition signifierait l’abrogation de l’alinéa I de l’article 9 de la Charte sur «les pouvoirs et attributions de la Conférence» et automatiquement une modification de l’Acte. Actuellement les nominations des commissaires obéissent à des considérations politiques et régionales et non pas sur le critère de la compétence.

Le Maroc a une autre approche

Le 5 novembre, le roi Mohammed VI a eu un entretien téléphonique avec Paul Kagamé, durant lequel le souverain a réitéré ses encouragements et l’a assuré de son «plein soutien» à la vision de réforme de l’organisation panafricaine. D’ailleurs, Mohcine Jazouli, ministre délégué chargé de Coopération africaine, a confié à Yabiladi que «le Maroc soutient les propositions du président Kagame» s’agissant de la réforme de l’UA.

Sur le thème abordé lors de ce prochain sommet, le Maroc a déjà exprimé sa vision. Il en a d’ailleurs présenté les grands axes à New York puis la semaine dernière à Addis-Abeba. A l’occasion d’une réunion ministérielle des pays membres du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’UA, tenue le 24 septembre au siège de l’ONU, le Maroc a appelé à une réforme de cette instance. «Il est impératif de procéder à une réforme effective du CPS ; pilier principal de l’architecture africaine de paix et de sécurité qui détient des éléments importants de réponse aux facteurs d’instabilité dans le continent africain», a déclaré le ministre marocain des Affaires étrangères et de la coopération internationale, Nasser Bourita.

Le 5 novembre 2018 à Addis-Abeba, le représentant permanent du Maroc auprès de l’UA, Mohamed Arrouchi a affirmé que le royaume est également pour la mise en place d'un organe de contrôle interne sous l'autorité directe du président de la Commission de l’UA. Une composante qui sera chargée de suivre étroitement l'action de la Commission en vue d'évaluer son action et corriger ses éventuelles anomalies.

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