Drôle de réaction que celle de certains responsables politiques, interrogés sur ce qui se nomme désormais «l’A8gate», impliquant le ministre de la Jeunesse et des Sports, Moncef Belkhayat et non moins membre du RNI (Rassemblement National des Indépendants). Pour le secrétaire général du Parti Socialiste Unifié, Mohamed Moujahid, qui n’a pas sa langue dans sa poche, cette affaire n’est que «l’arbre qui cache la forêt. Au Maroc, poursuit-il, le vol ce n’est pas un problème d’individu, c’est un problème de structures. C’est tout un système». L’A8gate, à ses yeux, «n’est pas un cas isolé», si toutefois les faits reprochés à Moncef Belkhayat s'avèrent.
Le membre du parti de Salehedinne Mezouar (RNI), avait parlé vendredi d’une «campagne d’acharnement et de dénigrement» orchestrée par l’organe de presse Al Ittihad Al Ichtiraki, porte voix de l’Union Socialiste des Forces Populaires présent dans le gouvernement fassi comme le RNI. Faux, dixit Omar Abbadi, porte parole de l’USFP. «Il n’y a pas d’acharnement. Nous détenons une copie du contrat liant le ministère à la société Griche Car que nous avons déjà publiée. Moncef Belkhayat n’a qu’à montrer son contrat. Ce qu’il tarde toujours à faire.» Au sein de l’USFP, on parle tout bonnement d’un «scandale» de la part de ce «novice en politique».
Mustapha Ramid du Parti de la Justice et du développement (PJD), connu pour sa liberté de ton, fait preuve d’une prudence assez surprenante sur l’affaire Belkhayat : «Je ne suis pas [encore] en possession de ce contrat», fait savoir le membre de l’état major de la formation de Benkirane. «Mais, si les faits sont avérés, cela relève de la dilapidation des deniers publics».
La justice en action ?
Le député du PJD regrette que cette affaire ait éclaté alors qu’il est actuellement «impossible de diligenter une enquête parlementaire». Le Parlement se réunit actuellement en session extraordinaire pour l’adoption des projets balisant le terrain pour la tenue des élections du 25 novembre. A l’USFP, où l’on semble sûr de détenir la bonne copie du contrat de la location longue durée de l’A8 du ministre de la Jeunesse, on appelle «à porter l’affaire devant la justice» et «à annuler le contrat».
Pour Moujahid du PSU, seule «une réforme politique profonde et du système de la justice» permettra de venir à bout de ce «système structuré de vol dans ce pays où l’Etat de droit n’existe pas». Nos tentatives pour avoir les réactions de responsables du RNI, de l’Istiqlal et d’autres formations du gouvernement sont restées vaines.