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Interview

Autorité palestinienne : «Nous comptons sur le soutien indéfectible du peuple marocain»

Le président Donald Trump a annoncé mercredi son intention de transférer l’ambassade américaine de Tel Aviv à Jérusalem. Qu’en pense l’Autorité palestinienne et qu’attend-elle des capitales arabes ? Pour le savoir, Yabiladi s’est entretenu avec Abbas Zaki, chargé des relations avec les Etats arabes et membre du comité central du mouvement Fatah. Le dirigeant est connu notamment pour sa proximité avec le président Mahmoud Abbas Abou Mazen. Interview.

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Abbas Zaki, chargé des relations avec les Etats arabes et membre du comité central du mouvement Fatah / DR.
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Pensez-vous qu’il est temps de revoir les Accords d’Oslo* ?

Tout est désormais remis en question. Les traités d’Oslo ont été rompus, de même que les relations avec les États-Unis. Il n’existe plus d’accord, car le jusqu’au-boutisme d’Israël ne permet plus de trouver un terrain d’entente. Washington fait ici preuve de partialité. Elle a choisi son camp en se rangeant du côté du terrorisme, considérant que l’occupation en est bien la forme la plus irrévérencieuse. Trump aura ainsi pris le parti du terrorisme israélien, au dépend des droits des Palestiniens.

Comment avez-vous accueilli les réactions officielles des États arabes et celles de leurs sociétés civiles ?

Si Donald Trump savait que ses ambassadeurs risqueraient une expulsion des capitales arabes au lendemain de cette annonce, il n’aurait pas osé reconnaître Al Qods comme capitale d’Israël. Si les dirigeants arabes avaient des principes à ce propos et étaient sincères dans leurs positions sur la cause palestinienne, le président américain n’aurait certainement pas franchi le pas. Aussi, s’il savait que des décideurs comme le roi Fayçal d’Arabie saoudite lui couperaient l’approvisionnement en pétrole à cause de sa résolution unilatérale, il est évident qu’il ne l’aurait pas prise. Mais la plupart des gouvernements arabes sont soumis aux volontés de Trump et à celles de ses conseillers. C’est pourquoi nous comptons d’abord plus sur le soutien populaire.

Pour leur part, le Maroc et la Tunisie ont chacun convoqué le chargé d’affaires de l’ambassade des États-Unis dans leurs capitales respectives. Malheureusement, les autres régimes arabes sombrent dans une profonde léthargie. Nous connaîtrons les positions de leurs ministres des Affaires étrangères à l’issue de la rencontre qui doit les rassembler ce dimanche.

Quel est le climat dominant dans les territoires occupés, depuis l’annonce du président Trump ?

L’atmosphère en Palestine est enflammée. Nous perdons espoir et nous comptons quotidiennement nos martyrs et blessés. Depuis l’annonce de la Maison Blanche, les affrontements ont fait jusqu'à présent plus de 1 300 blessés parmi les jeunes palestiniens. Nous sommes engagés avec détermination dans un soulèvement populaire. L’Intifada ne cessera qu’avec le retrait de la mesure impétueuse de Trump, celle-ci étant similaire à la déclaration de Balfour actée il y a cent ans.

Faut-il s’attendre, en effet, à une nouvelle Intifada ?

Oui, nous nous attendons à une confrontation de grande envergure et restons ouverts à différentes options.

Que pensez-vous des appels palestiniens à dissoudre l’Autorité nationale pour mettre fin au processus de paix, en réponse à la décision de l’administration américaine ?

L’Autorité nationale palestinienne (ANP) n’est sous aucune tutelle et n’a de comptes à rendre à personne, dans ce positionnement chimérique. L’ANP doit continuer à lutter comme elle le fait, à se battre et à être à la hauteur des aspirations de son peuple pour les incarner comme il le faut.

Qu’en est-il de l’unification des rangs palestiniens ?

Au lendemain de la décision de Trump, nous avons appelé tous les Palestiniens à faire du statut d’Al Qods leur priorité. Notre appartenance à la ville sainte et nos intérêts supérieurs, qui sont ceux du peuple palestinien, doivent être au-dessus de toutes les considérations d’appartenance à tel mouvement ou à telle faction. Si nous ne parvenons pas à constituer et à pérenniser un bloc soudé pour mieux relever ces grands défis, l’unité nationale courra un danger.

Quel message auriez-vous pour le peuple marocain ?

Nous savons le Maroc uni dans son amour pour la Palestine et nous comptons sur le soutien indéfectible de son peuple à une cause qu’il s’est longtemps appropriée. Les Marocains sont des alliés sûrs pour nous, d’autant qu’ils ont vécu avec nous l’évolution historique de la situation. La ville sainte en garde d'ailleurs une trace, à travers Harat al-Maghariba («le quartier marocain», situé dans la vieille ville, ndlr). Nous attendons ceux qui sont venus libérer Al Qods avec Saladin ; votre retour est certain. La volonté populaire au Maroc est le signe positif d’un soulèvement arabe qui commence, en faveur de la cause palestinienne, par le biais d’un soutien allant au-delà des circuits étatiques et officiels.

Les accords d’Oslo

Les accords d’Oslo sont l’ensemble des traités signés par l’Organisation de la libération de la Palestine (OLP) et Israël. Ils incluent la Déclaration de principes sur les accords d’autonomie transitionnelle, signée à Washington en 1993.

Les négociations initiant les accords d’Oslo ont débuté secrètement dans la capitale norvégienne, en 1991. Ils ont abouti à la reconnaissance de l’OLP par Israël, qui a considéré depuis l’organisation comme représentant légitime du peuple palestinien et partenaire des négociations de paix. De son côté, l’OLP a reconnu Israël en tant qu’Etat, en vertu desdits accords.

Ces traités ont marqué le début du processus de paix, ayant pour but de conclure un accord de paix en vertu des résolutions 242 et 338 du Conseil de sécurité de l’ONU. Ils prévoient notamment de reconnaître et de mettre en œuvre le droit des Palestiniens à l’autodétermination.

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