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Grand Angle  

Street food #10 : la Harira, sans nappe et en toutes saveurs à Meknès

La soupe marocaine traditionnelle est un breuvage des plus délicieux, presqu’inimaginable en dehors des salons marocains, puisque Harira, rime avec Ramadan, soir et famille. Détrompez-vous, à Meknès, la soupe rouge est présente tout au long de l'année et les plus délicieuses se trouvent dans les ruelles de la vieille Médina.

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Un bol de Harira à trois dirhams à l'ancienne Médina de Meknès. / Ph. Mounira Lourhzal
Ph. Mounira Lourhzal
Ph. Mounira Lourhzal

La place Lahdim grouille de monde, les badauds se pressent autour des quelques numéros d’amuseurs. Certains enfants sourient, grisés par le vent doux de Meknès, dans des mini-voitures, l’une des attractions phares des bambins. Les vendeurs ambulants hèlent les passants. Ces derniers avancent tête baissée sans aucune destination précise. Certaines femmes, cachées sous des ombrelles, interpellent les gens, soit pour leur lire leur avenir, soit pour faire des tatouages au henné.

Une ambiance de vie sereine se dégage de la place. Les vendeurs de street food rassasient les envies soudaines des badauds affamés. Devant Bab Al Mansour, le visiteur est surpris par l’odeur de tomates fraîchement cuites qui monte ainsi que du céleri, coriandre et persil, annonçant la traditionnelle Harira.

C’est un habitué des lieux qui nous mène vers un premier vendeur, près de la station des taxis. Une charrette est stationnée sur le trottoir, une bombonne de gaz avec un feu organisée à ras le sol, des bols blancs et des tabourets bas en plastiques. Le silence plane, le pain est rompu, et les vielles cuillères en aluminium raclent la porcelaine des bols que l’on remplit encore d’un signe de tête et du pain que l’on mord.

Charette de vendeur de HariraCharette de vendeur de Harira

Latifa, l'humilité incarnée

Des hommes silencieux finissent d’engloutir les derniers pois-chiches et quittent leurs places pour les nouveaux arrivants. Le vendeur de Harira nous explique qu’il n’est pas le seul à Lahdim. Plusieurs ruelles plus loin, après la cohue, nous retrouvons la dame en question. Latifa est installée aux Hmamsiya, su un tabouret, elle garde sa marchandise dans une gamelle d’à peu près 15 litres, doublement enveloppée. Lorsque nous arrivons, elle racle le fond mais la Harira est à la bonne température : fumante. D’ailleurs elle n’était là que depuis une heure, elle soldait les derniers batbouts, des pains blancs traditionnels.

Céleri, coriandre et persil mais aussi, des épices diverses dont nous distinguons la cannelle s’ajoutent aux tomates avec une teinte plus foncée. Lentilles, pois chiches et vermicelle clairsement le bouillon goûteux. Le bol est à trois dirhams, un minimum pour étancher sa faim.

A 49 ans, Latifa a passé 20 ans à préparer de la Harira et à en vendre dans la Médina. Son activité est avant tout un gagne pain quotidien pour élever ses trois enfants. Mais elle permet aussi à de nombreux ouvriers, personnes qui attendent les transports en commun, et autres badauds de caler l'estomac pour 3 fois rien. Des petits métiers qui l'air de rien sont une partie constitutive du Moroccan way of life

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