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Grand Angle

La pauvreté des enfants dans les campagnes, miroir d’une reproduction sociale

Si le niveau de privation moyen des enfants a baissé de plus de moitié au niveau national entre 2001 et 2014, d’après le HCP, il n’en demeure pas mois que beaucoup sont encore confinés au rôle de source de revenus.

(avec MAP)
Publié
Un village dans le sud marocain. / Ph. Nwardez - Flickr
Temps de lecture: 2'

Le nombre d'enfants en situation de pauvreté est passé de 4,9 millions d'enfants en 2001 à 1,2 million d’enfants en 2014, soit une réduction annuelle moyenne de 10% de l’effectif global des enfants pauvres à l’échelle nationale, indique le Haut-commissariat au plan (HCP).

Ainsi, la pauvreté multidimensionnelle des enfants a enregistré une forte tendance à la baisse. Sa prévalence est passée de 43,6% en 2001 à 24,1% en 2007 et à 11,0% en 2014, indique le HCP dans une note de synthèse sur les principaux résultats de l’étude conduite sur la pauvreté multidimensionnelle des enfants 2001-2014, publiée à l’occasion de la Journée nationale de l’enfant.

De même, 88% des enfants pauvres résident en milieu rural au moment où les enfants ruraux représentent 48% de l’ensemble des enfants marocains, ajoute le HCP. «En effet, les régions fortement ruralisées sont celles qui connaissent le plus fort taux de pauvreté chez les enfants, et la population en général. On recense un manque d’infrastructures sanitaires et éducatives», confirme Abdeljaouad Ezzerari, chef de l'Observatoire du niveau de vie des ménages au HCP, contacté par Yabiladi. «Ces personnes souffrent de privations en termes d’accès aux services de base, notamment l’eau potable, l’électricité et l’assainissement», poursuit-il.

«Les enfants deviennent des sources de revenus»

En 2014, cinq régions étaient toujours marquées par un niveau de privation des enfants supérieur à la moyenne nationale, en l’occurrence Marrakech-Safi (0,172), Fès-Meknès (0,153), Béni Mellal-Khénifra (0,15), Darâa-Tafilalet (0,15) et l’Oriental (0,134).

«C’est une forme de reproduction sociale de la pauvreté», analyse Abdeljaouad Ezzerari. Celui-ci d’étayer : «Lorsque les parents ne sont pas bien éduqués, ils sont moins réceptifs vis-à-vis des campagnes de sensibilisation. C’est ce qui génère la pauvreté des enfants, qui deviennent alors une source de revenus. Les parents préfèrent ainsi les faire travailler plutôt que de les envoyer à l’école.»

Reste que le HCP souligne une avancée positive : entre 2001 et 2014, le niveau de privation moyen des enfants a baissé de plus de moitié au niveau national, passant de 0,295 à 0,128, soit une baisse de 6,2% par an. Cette amélioration a concerné les deux milieux de résidence : le niveau de privation moyen est passé de 0,115 à 0,052 en milieu urbain et de 0,47 à 0,224 en milieu rural.

Cette étude se base sur les données des enquêtes nationales sur la consommation et les dépenses des ménages (ENCDM) de 2001 et 2014, et l’enquête nationale sur les niveaux de vie des ménages (ENNVM) de 2007, réalisées par le HCP. Elles ont porté respectivement sur un échantillon de 14 200, 16 000 et 7 100 ménages, représentatif de toutes les catégories sociales et les régions du Maroc.

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