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Grand Angle

Réfugiés syriens : Le docteur Zouhair Lahna empêché d'accéder à Figuig

Les autorités marocaines n’ont pas laissé Dr Zouhair Lahna, médecin et humanitaire, pénétrer dans Figuig. Une cinquantaine de réfugiés syriens sont coincés dans la région frontalière de l'Algérie et du Maroc dans des conditions sanitaires déplorables.

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Des femmes et des enfants appartenant à l'un des groupes de réfugiés syriens, à la frontière entre le Maroc et l'Algérie. / Ph. Facebook Figuig Photographie
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«Il n’y a pas que les Syriens qui ont été empêchés d’entrer à Figuig, je l’ai été à mon tour.» Ce sont les premiers mots que le médecin humanitaire Zouhair Lahna a couchés hier dans un long post sur sa page Facebook. Celui qui s’était illustré dans la médecine humanitaire en Syrie et à Gaza, dit n’avoir pas été en mesure d’accéder à la zone-tampon entre l’Algérie et le Maroc, où sont bloquées «55 personnes séparées en deux groupes» depuis deux semaines.

Il raconte dans un premier temps avoir été autorisé par la police à pénétrer dans cette zone, avant que celle-ci ne fasse volte-face. «Vous savez, il y a toute une chaîne de commandements. Celui (le policier, ndlr) que j’ai vu était d’accord pour me laisser passer, il m’a dit de faire attention. Puis finalement, ça n’a pas été possible», raconte Zouhair Lahna, contacté par Yabiladi. «La police a reçu des ordres. Cette situation, désormais très centralisée, les dépasse. Les gens ont peur de prendre une décision et de se faire taper sur les doigts après.»

Intimité

Aucun acteur associatif ni journaliste n’est autorisé à se rendre dans ce no man’s land. Ainsi, à défaut d’une présence humanitaire, des locaux ont essayé de faire parvenir des tentes aux migrants. «Ce n’est pas possible, l’armée ne laissera pas rentrer des tentes, que ce soit d’un côté ou de l’autre. Pour l’heure, femmes et enfants survivent grâce aux deux armées qui laissent entrer de la nourriture. On leur charge leurs téléphones pour qu’ils puissent appeler leur famille au Maroc», poursuit le médecin.

«J’ai rencontré deux Syriens qui sont au Maroc depuis 2008-2009. Leurs deux femmes se trouvent dans cette zone-tampon avec leurs enfants en bas âge. Le Maroc ne peut pas ne pas les laisser entrer. L’une de ces femmes a accouché il y a une semaine. Son bébé présente une fente labio-palatine (malformation au niveau de la lèvre supérieure, ndlr), ce qui fait qu’il ne peut pas téter correctement», poursuit Zouhair Lahna.

Ce dernier est actuellement à Oujda, où il tente d’évaluer la situation grâce à ses contacts réguliers avec des associations de droits de l’homme :

«Je voudrais essayer de revenir car je pense qu’il y a des pourparlers pour que les associations locales puissent rentrer et apporter des vivres aux gens. Ils sont en contact avec eux. Je vais rester dans le coin jusqu’à ce que les choses se décantent.»

Les conditions sanitaires déplorables auxquelles est confronté ce groupe font ressortir une autre incommodité : «Imaginez une femme dans cette situation ; comment gère-t-elle son intimité, se lave, se change, lave les enfants ? Comment on fait en plein désert ? Un camp de réfugié c’est déjà malsain pour une femme, alors imaginez dans un coin où il n’y a rien. Ce n’est plus de l’action humanitaire ; c’est une nécessité d’aider ces gens.»

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