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Grand Angle

Réfugiés syriens à Figuig : Un drame qui s’éternise

Plus d’une semaine après leur expulsion de Figuig vers une zone tampon à la frontière entre le Maroc et l’Algérie voisine, la situation dramatique du groupe d’une quarantaine de réfugiés syriens n’a toujours pas changé. Pour le HCR Maroc, «des discussions ont lieu pour trouver une solution humanitaire à la situation de ces personnes, (…) loin des considérations politiques». Mais aucun délai n’est annoncé, ce qui risquera d’éterniser ce drame.

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Des femmes et des enfants appartenant à l'un des groupes de réfugiés syriens, à la frontière entre le Maroc et l'Algérie. / Ph. Facebook Figuig Photographie
Des enfants des réfugiés syriens à la frontière entre le Maroc et l'Algérie. / Ph. Facebook Figuig Photographie
Des réfugiés syriens à la frontière entre le Maroc et l'Algérie. / Ph. Facebook Figuig Photographie

Bloqués dans une zone tampon à la frontière entre le Maroc et l’Algérie, entourés par des soldats et abandonnés par les organismes des droits des réfugiés, les réfugiés syriens à proximité de Figuig sont en proie à une situation qui n’a pas évolué depuis la semaine dernière. Leur drame risque de s’éterniser en l’absence de mesures concrètes et urgentes prises par les autorités marocaines et algériennes. Pour rappel, les «frères-ennemis» se sont renvoyé la balle le week-end dernier sur la provenance de ces migrants syriens. Aucun d’entre eux ne s’est pourtant soucié de la situation humanitaire dans laquelle se trouve ce groupe, dominé par des enfants et des femmes.

Contacté par Yabiladi ce jeudi, Hassan Ammari, représentant local de l’ONG internationale Alarm Phone, nous rapporte que «rien n’a changé depuis la semaine dernière». «Aucune nouveauté. La situation dramatique perdure, même si la population locale envoie volontiers des denrées alimentaires aux réfugiés», poursuit-il. Cependant, «les habitants de Figuig ne sont pas sûrs que ces denrées parviennent bien aux Syriens», finit-il par lâcher avant de qualifier d’«honteux» ce qui se passe actuellement à proximité de la ville de Figuig.

Un dossier «multipartite», estime le HCR

Qui de la réaction des organismes chargés de la protection des droits des réfugiés ? Hassan Ammari persiste et signe. «On a adressé des rapports. Le bureau marocain du HCR (du Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés, ndlr) a simplement fait savoir qu’il suit le dossier. L’OIM (Organisation internationale des migrants) nous a donné la même réponse».

«Parallèlement, ce sont des enfants et des femmes qui payent cher l’impôt de la crise politique entre les deux pays.»

«C’est un dossier multipartite puisqu’il y a aussi le pays voisin, l’Algérie, qui a des responsabilités à cet égard», soutient Jean-Paul Cavalieri, représentant du HCR au Maroc joint par Yabiladi. «Des discussions ont lieu pour trouver une solution humanitaire à ces personnes».

«Il faut essayer de trouver une solution loin des considérations politiques et penser à assurer la protection du bien-être de ces populations. Cela passe par la discussion, en écoutant les points de vue des uns et des autres. Le HCR ne peut pas remplacer les Etats mais il est là pour les aider à trouver des solutions en accord avec les engagements internationaux que les uns et les autres ont signé.»

L'issue de la crise n'est visiblement pas pour bientôt...

Le représentant du HCR au Maroc refuse toutefois d’en dire plus sur ces «pourparlers», arguant ne pas vouloir «nuire au travail qui est fait du côté marocain en faveur de l’émergence d’une solution humaine dans l’esprit de la tradition humaniste du Maroc. Pour l’instant, on travaille tous de façon constructive pour trouver une solution le plus tôt possible qui implique toutes les parties.»

A la question de savoir s’il y a une coordination entre les deux sections du HCR à Rabat et à Alger, Jean-Paul Cavalieri répond par l’affirmatif : «Il y a une coordination avec le HCR Algérie, qui est en contact avec les autorités algériennes pour un partage de responsabilités et pour que chacun puisse contribuer à trouver une solution digne pour ces personnes, en conformité avec les droits de l’homme et les droits internationaux des réfugiés».

Le responsable finit toutefois par reconnaître que «la situation humanitaire est délicate puisque ces gens sont à la frontière, même s’ils ont accès à la nourriture et reçoivent des biens du côté marocain». «Pour autant que l’on sache, il y a aussi des initiatives de l’autres côté, mais il est clair que ces conditions ne sont pas propices à long terme», conclut-il.

D’ailleurs, les conditions inhumaines des réfugiés syriens bloqués à la frontière entre le Maroc et son voisin de l’Est ne sont pas non plus propices ni pour le court, ni pour le moyen terme. Dimanche dernier, l’une des femmes syriennes du groupe a donné naissance, sans assistance médicale ni soins, dans la zone tampon. C’est sans compter un enfant et une petite fille auscultés par un infirmier à l’arrivée du groupe à Figuig au début de la semaine dernière, qui nécessitent eux aussi une intervention médicale urgente, ont rapporté les ONG et les militants associatifs présents sur place.

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