La place de l’islam en Afrique du nord (Maghreb plus l’Egypte) est primordiale. C’est l’une des conclusions du sondage réalisé par l’institut allemand Conrad Adenaeur en collaboration avec le cabinet tunisien Sygma Conseil et l’Observatoire arabe des relations et des libertés, basé à Tunis.
Au royaume, 52,8% des personnes interrogées se présentent avant tout comme musulmanes contre 35% qui s’affirment marocaines d’abord, 7,4% arabes et 4,7% mettent en avant une autre identité (amazighe, africaine, juive, ...). Dans les autres pays, les pourcentages sont quasi similaires sauf dans le pays du Jasmin où l'identité tunisienne (53,2%) devance l'identité musulmane (37,6%).
Cet ascendant de l’islam se reflète également dans la réponse à la question suivante : «pensez-vous que votre identité nationale est plus importante que votre identité religieuse ?». Encore une fois, seule la Tunisie connaît un certain équilibre entre les partisans de deux tendances. Ils sont 41,2% à accorder la priorité aux valeurs nationales contre 48,1% pour le religieux. Dans les autres pays le résultat est nettement en faveur de la religion : avec 71% au Maroc, 78,4% en Egypte, 79,6% en Algérie et 85,6% en Libye.
Les Tunisiens sortent du lot
Par ailleurs, 90,1% de l’échantillon de confession musulmane objet du sondage au Maroc a affirmé que l’islam tient une place «très importante» dans sa vie, contre 8,7% qui se prononcent pour «plutôt importante», 0,2% «plutôt pas importante» et 0,5% «pas du tout importante». Là aussi, c’est la Tunisie qui se détache du lot, avec seulement 74,4% qui donne à la religion une place «très importante» alors qu’en Algérie le pourcentage est de 94,1%, 95,8% en Libye et 97,1% en Egypte.
Ce «décalage» des Tunisiens par rapport aux autres populations d’Afrique du nord est tout à fait logique. La Tunisie est en effet le seul pays dans la région qui a instauré une véritable séparation entre le politique et le religieux dans sa constitution, adoptée en janvier 2014 par l’Assemblée constituante. Elle affirme même dans son article 2 que la «Tunisie est un Etat civil». Au Maroc l’article 3 de la loi fondamentale du 1er juillet 2011 précise que «l’islam est la religion de l’Etat».