46% des Européens n’ont pas l’intention de voyager pour leurs vacances d’été cette année. C’est ce qui ressort des données du baromètre Ipsops Europ assistance rendues public jeudi 30 mai. A en croire, ce taux seraient l’un des plus élevés depuis l’an 2000.
L’étude a été réalisée sur la base d’entretiens téléphoniques avec des ressortissants de sept pays européens à savoir la France, l’Allemagne, la Grande Bretagne, l’Italie, l’Espagne, la Belgique et l’Autriche. Cette année, les Français créent la surprise. 38% d’entre eux ne veulent pas aller en vacances cette année, contre seulement 30% l’an dernier, un record pour la pays depuis 2005 (37%).
81% de ceux qui voyagent resteront en Europe
Les destinations de vacances devront donc se discuter les 54% d’Européens qui souhaite braver la conjoncture pour s’offrir du bon temps au soleil. Mais le marché risque d’être bien limité, puisque 81% de ceux favorables au voyage resteront en Europe. Les destinations plébiscitées sont la France, l’Italie et l’Espagne.
Il s’avère clairement que cette orientation est imputable à la conjoncture économique actuelle. «La crise pèse de façon durable. Il y a une corrélation évidente entre son intensité et le recul des intentions de départ en vacances, et le poste des vacances n'est plus un sanctuaire des loisirs, même chez les Français», indique au Monde le directeur général d'Europ Assistance, Martin Vial. Paradoxalement, le budget des vacanciers européens qui est en moyenne de 2 100 euros, est sensiblement resté le même que l’an dernier (2 104 euros).
Incidences sur le Maroc
Toutes ces données, de prime abord, n'annoncent rien de bon pour le tourisme marocain. En effet, si parmi les 46% d’Européens qui ne voyageront pas figurent des visiteurs habituels du royaume, cela aura une incidence automatique sur les entrées de touristes. Pour ceux qui se présentent comme les vacanciers 2013, là encore il y a du souci à se faire, étant donné que la majorité écrasante ne veut pas sortir des frontières du Vieux continent. Or, la plupart des touristes au Maroc viennent d’Europe, notamment des pays qui ont fait l’objet de l’étude.
Qui dit baisse des entrées de touristes, dit baisse du taux d'occupation des lits, ce qui impacte directement les revenus de l'activité pour les professionnels. Par contre si le Maroc arrive à drainer d'autres marchés que les marchés traditionnels, il pourrait amoindrir l'impact du recul des arrivées européennes.
Toujours pas de stratégie
Actuellement, Rabat tente par tous les moyens de relever son tourisme, l’un des secteurs clés de son économie, qui peine à redécoller après une année 2012 très sombre. Alors que le ministère de tutelle amorçait 2013 avec beaucoup d’optimisme, il ne semble cependant pas avoir sorti la tête de l’eau. Le département de Lahcen Haddad essaie de mettre en avant des atouts jusqu’ici négligés pour vendre la destination, notamment le patrimoine archéologique du pays, mais la mise en œuvre de la stratégie tarde. Avec la crise qui bat son plein en Europe, il est possible que de nombreux Européens résistent en effet à la tentation du soleil de Marrakech ou encore des belles plages d’Agadir et Essaouira. Toutefois, l’étude d’Europ Assistance sur les intentions de départ des Européens cet été aura-t-elle peut être le mérite de pousser les autorités marocaines à se lancer de manière stratégique sur les marchés prometteurs jusqu’ici négligés.