Les archéologues marocains s’accordent pour dire qu’«un pays comme le Maroc, qui offre des produits touristiques variés, peut aussi tirer profit du tourisme culturel principalement autour des sites archéologiques qui sont parfois de renommée internationale», rapporte L’Economiste dans son édition du mercredi 29 mai. En effet, d’importantes découvertes de restes humains ont été faites dans le pays. Pas plus tard qu’en septembre dernier, des archéologues mettaient la main sur deux squelettes humains, âgés entre 6 000 et 14 000 ans, dans la grotte «Kehf El Hallouf 2» près d’Ain Taoujdate.
De telles découvertes peuvent attirer au Maroc, non seulement des touristes lambda friands d’histoire. Par la même occasion de nombreux «archéologues et paléoanthropologues qui souhaiteraient mieux comprendre une partie de l’histoire des ancêtres directs de la population nord-africaine» pourraient éventuellement privilégier la destination Maroc pour leurs recherches, appuit Abdeljalil Bouzzougar, archéologue et spécialiste de la grotte des Pigeons.
De son côté, le ministère du Tourisme semble sérieusement considérer cette orientation, surtout que le secteur peine à redécoller après avoir fortement subi la crise. Le département dirigé par Lahcen Haddad est d’ailleurs en train d’intégrer l’option culturelle et archéologique dans sa Vision 2020. En effet, en présentant l’état d’avancement de la station touristique de Taghazout vendredi dernier, M. Haddad a mis un accent particulier sur l’importance de valoriser les atouts archéologiques de la région dans la promotion de la destination Maroc.
A quand le musée de la grotte des pigeons ?
Actuellement, des anthropologues marocains et étrangers travaillent à faire de la grotte des Pigeons, située à Tafouralt, une référence mondiale. Il s’agit de l’une des plus précieuses découvertes archéologiques. Elle contient des parures préhistoriques parmi les plus vieilles au monde (plus de 82 000 ans) qui font d’elle un passage obligé pour une meilleure compréhension de l’histoire humaine en générale et nord-africaine en particulier.
Son développement pourrait drainer de nombreux touristes. A l’image d’autres pays européens, la création d’un musée au niveau de la grotte, à l’image de certains pays d’Europe, pourrait être bénéfique pour l’économie du pays. «J’ai toujours en tête l’exemple du musée de la grotte de Tautavel en France qui fait tourner l’économie de tout un village qui était menacé par la désertification», explique M. Bouzzougar.
Pour sa part, le ministère du Tourisme ne s’est pas encore penché sur l’ouverture d’un musée à Tafouralt. Toutefois, le royaume compte quatre musées archéologiques (Larache, Rabat, Tanger Tetouan), mais qui sont encore sous-exploités. Le département de Lahcen Haddad essaye certes de mettre l'accent sur le tourisme culturel, mais n'a pas encore élaboré de stratégie.