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Grand Angle

La récupération par le Maroc de Ceuta et Melilla est «une question de temps»

Si les gouvernements espagnol et marocain évitent d’aborder publiquement la question de Ceuta et Melilla, les militaires espagnols, notamment ceux à la retraite, n’adhèrent pas à cette «entente». En témoigne le livre «Soldats» écrit par le général de division, Juan Carlos Domingo Guerra.

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Le général espagnol Juan Carlos Domingo Guerra. / Ph. Jorge Paris
Temps de lecture: 3'

La récupération par le Maroc de Ceuta et Melilla est «une question de temps». Une affirmation qui porte la signature du général espagnol Juan Carlos Domingo Guerra. L'auteur du livre «Soldats», qui vient de paraître, précise dans des déclarations au quotidien La Razon que Rabat va répéter «le coup qui a déjà bien marché avec le Sahara» en 1975 lors de la Marche verte.

Les revendications marocaines de récupérer les deux villes «ne sont pas mortes», malgré la nouvelle étape dans les relations entre Rabat et Madrid, a-t-il souligné. Pour rappel, les deux pays ont tenu, le 1er et 2 février une nouvelle édition de la Réunion de haut niveau.

Outre les «ambitions du nationalisme marocain de constituer le Grand Maroc», le militaire explique que Ceuta et Melilla «ne sont pas bien défendues» en raison «d'une anomalie dans le système de sécurité et de défense espagnol». A ce facteur, il avance les «doutes portant sur la solidarité des alliés en cas d’attaque marocaine, car la direction de l’OTAN est assurée par les Etats-Unis qui considèrent le Maroc comme un allié privilégié».

Pour mémoire, le gouvernement espagnol avait échoué de convaincre les 30 membres de l’Alliance atlantique, lors du sommet de l’OTAN organisé fin juin à Madrid, d'intégrer Ceuta et Melilla dans son champ d’action. Mettre les deux présides sous la protection de l’organisation «est une décision politique [et] doit donc être prise par consensus par tous les alliés au sein du conseil de l'organisation», avait déclaré le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg.

Une position déjà exprimée par l’ex-chef des armées

La position défendue par le général à la retraite Juan Carlos Domingo Guerra dans son livre «Soldats», est partagée par d'autres hauts gradés. Le Maroc est une «menace directe» contre l’Espagne, avait affirmé l’ancien chef des armées, de 2017 à 2020, le général Fernando Alejandre, dans son livre «Le Roi servit et la patrie honorée», publié en mars 2022. Le militaire avait alors estimé que le Maroc concrétisera ses menaces «le moment venu», mais avant d’entrer dans un conflit armé conventionnel, le royaume lancera des opérations hybrides, tels que les assauts aux frontières de Ceuta et Melilla. Le général Alejandre avait, d'ailleurs, mis en garde contre «une menace sérieuse» qui ne doit pas être prise à la légère.

L’actuel chef des armées, l’amiral Teodoro López Calderón n’adhère pas, du moins publiquement, à cette version. «Le Maroc ne constitue pas une menace pour Ceuta et Melilla», avait-il indiqué, en novembre 2021 à l’occasion de sa participation à une conférence à Madrid. Toutefois, il avait reconnu qu’il y a des actions de la part de Rabat entrant dans le cadre de ce qui est appelé «zone grise», citant particulièrement la crise migratoire de mai 2021 lors de l’exode de milliers de Marocains vers Ceuta.

L’actuel gouvernement espagnol prend au sérieux ses positions exprimées par des généraux à la retraite. Sa ministre de la Défense, Margarita Robles, s’est rendue en novembre à Ceuta et en janvier à Melilla. Des visites qui intervenaient dans le sillage de l’annonce de l’inauguration par les Forces armées royales (FAR) d’un nouveau commandement militaire à Al Hoceima. L’exécutif que préside Pedro Sanchez a, par ailleurs, consacré en septembre 2022, un budget de 22 millions euros pour blinder les réseaux de communications déployés à Ceuta et Melilla. Pour rappel, la ministre espagnole de la Défense avait déclaré, en décembre 2021, que «la présence militaire actuelle à Ceuta et Melilla est suffisante».

Le Maroc avait demandé en août 1975 d’inscrire Ceuta et Melilla sur l’agenda de la 4e Commission de l’ONU chargée de la décolonisation et des questions politiques, sans suite. En 2015, le gouvernement espagnol, dirigé alors par Mariano Rajoy du Parti Populaire, avait redouté une nouvelle saisine des Nations unies par Rabat, mais ce fut une fausse alerte.

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