«Le Maroc ne constitue pas une menace pour Ceuta et Melilla», a affirmé le chef des armées en Espagne, l’amiral Teodoro López Calderón, lors de sa participation à une conférence publique, ce lundi. En réponse à une question posée par le n°2 de Vox, Ortega Smith, le militaire a toutefois reconnu qu’il y a des actions de la part de Rabat entrant dans le cadre de ce qui est appelé «zone grise», citant particulièrement la crise migratoire de mai lors de l’exode de milliers de Marocains vers Ceuta.
Tout en prenant ses distances avec les analyses alarmistes sur l'armement du Maroc faites par des responsables politiques en Espagne, de gauche comme de droite et même dans les rangs des indépendantistes, l’amiral a indiqué que l’augmentation des commandes des Forces armées royales «n’est pas une menace directe pour l'Espagne, ni pour Ceuta et Melilla».
Et de préciser que «le Maroc n'a jamais exprimé sa volonté d'annexer les deux villes autonomes par la force», ajoutant que «l'Espagne a une capacité de dissuasion qui ne se limite pas seulement à ses forces armées».
Le Sahara occidental est un «casus belli» pour le Maroc
L’amiral a affirmé, par ailleurs, qu’en ce «moment le principal rival» du Maroc est l’Algérie, soulignant que le conflit du Sahara occidental est «le problème le plus grave» auquel Rabat fait face. Un constat conforme au rapport, intitulé «Scénario de sécurité Maghreb 2040», présenté à Pedro Sanchez en juin 2018. Son auteur, un colonel des renseignements militaires, a indiqué que le Maroc considère la question du Sahara comme étant une «cause sacrée» et «un casus belli».
La réponse de l’amiral Calderón à la question du député de Vox, sonne également comme un démenti de sa part à un «rapport» publié le lundi 29 novembre par une ONG appelée «Observatoire de Ceuta et Melilla». Ses rédacteurs estiment qu’une bonne partie des mesures prises par le Maroc contre l’Espagne s’inscrivent dans le cadre de sa stratégie «hybride» pour revendiquer la souveraineté sur les deux villes sans entrer dans une guerre ouverte.
Le Maroc n’a jamais fait de ses revendications sur Ceuta, Melilla et les îlots en Méditerranée un casus belli dans ses relations avec l’Espagne, privilégiant depuis les années Hassan II un règlement bilatéral de ces différends territoriaux.
Pour rappel, le royaume avait demandé en août 1975 d’inscrire Ceuta et Melilla sur l’agenda de la 4e Commission de l’ONU chargée de la décolonisation et des questions politiques, sans suite. En 2015, le gouvernement espagnol, dirigé alors par Mariano Rajoy du Parti Populaire, avait redouté une nouvelle saisine des Nations unies par Rabat, mais ce fut une fausse alerte.