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Grand Angle

Normalisation avec Israël : Après son échec au sommet arabe, l’Algérie tente de rebondir

L’Algérie n’a pas complètement oublié la condamnation d'Israël. Le voisin de l’Est a confié à l’Association des oulémas musulmans algériens (AOMA) la mission d'inviter les religieux arabes à une réunion afin de dénoncer toute proximité avec l’Etat hébreu.  

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Le président de l'AOMA, Abderezzak Guessoum. / DR
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Si la Déclaration d’Alger, publiée le 2 novembre au terme du Sommet arabe, a passé sous silence la condamnation de la normalisation avec Israël, l’Algérie tente de rebondir avec un autre «sommet arabe». L’Association des oulémas musulmans algériens (AOMA) se mobilise, en effet, pour réunir, à Alger, un «conclave des oulémas arabes», avec pour ordre du jour : la condamnation de l’établissement des relations avec le gouvernement de Tel-Aviv, indique le journal Echourouk.

L’ entité affirme, dans un communiqué, que son initiative est à même de «compléter et couronner les actions du sommet arabe», estimant que les «érudits ne sont pas aux contraints aux réserves politiques et aux us diplomatiques», contrairement aux chefs d’Etats.

La réalisation du projet de l’AOMA dépend essentiellement du niveau de l’adhésion des religieux de la région. Un groupe divisé en deux camps diamétralement opposés.

Vers l’ouverture d’un front de tension avec l’Arabie saoudite et le Maroc

D’un côté, il y a l’Union internationale des oulémas musulmans, basée au Qatar et proche des Frères musulmans, fortement engagé dans la condamnation de tous les pas de normalisation avec Israël, surtout s’ils sont l’œuvre de pays comme le Maroc, le Bahreïn et les Emirats arabes unies. En témoigne, d'ailleurs, la fatwa émise en août 2020, par son ancien président, le Marocain Ahmed Raissouni. En revanche, l’Union s’est montrée «indulgente» avec la Turquie, suite au sommet, tenu en mars 2022 à Ankara, entre le président Recep Tayyip Erdogan et son homologue israélien Isaac Herzog. Bizarrement, la fatwa a complètement disparu pour céder la place à l’«étonnement».

En face de ce bloc se dresse la Ligue islamique mondiale (LIM), dont le siège est à Djeddah, que préside le Saoudien Mohammed Al-Issa. La LIM, une instance qui représente l’islam officiel dans la majorité des Etats islamiques, est moins réceptive aux messages fustigeant le rapprochement avec Israël. Pour rappel, à l’occasion du 75e anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz, la LIM avait organisé, en janvier 2020, une prière musulmane collective dans le mémorial de l’ancien camp de concentration basé en Pologne. Le Maroc y était représenté par Ahmed Abbadi, le secrétaire général de la Rabita Mohammadia des oulémas. Quelques mois après cette prière, Abou Dhabi et Manama signaient les Accords d’Abraham avec Tel-Aviv. Rabat les a rejoint le 10 décembre 2020.

Il y a de fortes chances que des Marocains, proches d’Al Adl wal Ihssane ou du Mouvement Unicité et réforme (MUR), la matrice du PJD, notamment ceux qui appartiennent à l’Union internationale des oulémas musulmans, seraient tentés par répondre positivement à l’invitation de l’Association des oulémas musulmans algériens (AOMA). En revanche, il est difficile de voir un membre du Conseil supérieur des oulémas, que préside le roi Mohammed VI, en sa qualité de commandeur des croyants, ou de la Rabita prendre part à un «sommet» pour condamner la normalisation avec Israël.

Le projet de ce «sommet» est un front que l’Algérie veut ouvrir avec certains pays arabes, comme l’Arabie saoudite, le Maroc ou encore l’Egypte. Un second round de ce qui s’est passé, lors des réunions à huis-clos, lors du dernier conclave arabe entre les mêmes protagonistes sur les questions iranienne et israélienne.

Article modifié le 14/11/2022 à 12h29

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