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Grand Angle

Au Maroc, une littérature riche mais peu lue

Malgré l’Histoire pluriculturelle, le Maroc connaît depuis plusieurs décennies une crise littéraire, dépassé par l’Égypte et le Liban, leaders dans l’édition arabophone et la France, centre de gravité de l’édition francophone du Maroc.

Publié
Photo d'illustration / Ph. AFP
Temps de lecture: 2'

Deux minutes. C’est le temps consacré quotidiennement par les Marocains à la lecture, selon le Haut-Commissariat au Plan (HCP), et un dirham, c’est ce que dépensent annuellement les Marocains dans l’achat de livres, selon le Centre des études sociales, économiques et managériales. La moyenne mondiale est estimée à 25 dirhams.

«Le Marocain n’a pas de réel problème avec la littérature, mais il n’a simplement pas la culture de la lecture», nous déclare une libraire casablancaise. En effet, et contrairement à ce que l’on pourrait croire, le livre n’est pas accessible à tout le monde.

La culture de la lecture se retrouve dans un environnement défavorable

Dans le pays, le taux d’analphabétisme est encore très important. Dans ce sens, le gouvernement a lancé en 2020 des programmes de lutte contre l’analphabétisme. 300 000 personnes ont pu en bénéficier dans les mosquées. Cependant, la culture littéraire ne peut être acquise largement.

De plus, l’accès aux livres est parfois coûteux. Dans une librairie de centre-ville à Casablanca, un livre classique coûte 60 dirhams en moyenne. Toujours est-il qu’il existe des bouquinistes, où différents ouvrages se vendent pour moins cher, entre 20 et 50 dirhams pour les plus recherchés. «Les gens qui viennent m’acheter des livres sont ceux qui cherchent de vieilles éditions francophones en assez bon état. Rares sont les lecteurs qui viennent en famille pour acheter des livres d’occasion pour enfants par exemple», confie un bouquiniste du quartier Maarif à Casablanca.

Aussi, l’accès aux bibliothèques est encore limité. Plusieurs médiathèques et blibliothèques restent inaccessibles. «La bibliothèque de l’université dans laquelle nous étudions était constamment fermée avec des grilles et gardée par un gardien. Personne ne pouvait y avoir physiquement accès. Il fallait avoir un nom d’ouvrage bien précis en tête pour le demander au gardien qui, la plupart du temps ne le trouvait pas», confie un groupe d’anciens étudiants casablancais.

«Aussi, les emprunts n’étaient pas autorisés ; il fallait faire une copie des livres sur place, s’ils étaient disponibles», concluent-ils. Mais cette culture de la lecture ne peut se faire complètement sans donner l’accès aux livres aux étudiants. Comme partout dans le monde, les Marocains sont en mutation du papier vers le numérique. C’est sur écran, et plus particulièrement sur smartphone que beaucoup choisissent de s’informer.

Le numérique encore peu utilisé pour accéder aux livres

Face à l’usage croissant des réseaux sociaux, devenu un moyen principal de divertissement, la pratique de la lecture s’amoindrit. Et si elle se fait, elle est de plus courte durée, plus rapide et souvent plus synthétique. Par voie de conséquence, on lit de moins en moins de romans, d’essais ou d’ouvrages spécialisés.

Malgré le lien puissant établi avec le numérique, au Maroc, les derniers chiffres en date montrent que le marché du livre électronique reste toujours dans un état embryonnaire. En effet, 112 revues ont été éditées au cours de l’année 2018-2019 en édition numérique, dont 88 sont en langue arabe contre 24 en langue française. De même pour les ouvrages numériques, comptant 439 en arabe et 255 en français pour 745 e-books au total.

Article modifié le 16/02/2022 à 17h51

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