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Breve

Xavier Crettiez dresse le «portrait-robot» du djihadiste en France

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Internet est le principal moyen de socialisation pour le djihadiste en France. / PHOTOPQR/LE DAUPHINE/MAXPPP
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Xavier Crettiez, coauteur d’une étude inédite sur les hommes incarcérés pour terrorisme islamiste (TIS), a présenté ses travaux dans une interview donnée au journal Le Monde, distinguant sept profils de djihadistes en France. Commandée par la mission de lutte contre la radicalisation violente de l’administration pénitentiaire, l’étude fait état de djihadistes qui, dans la majorité des cas, sont issus du milieu urbain, d’une famille plutôt stable, souffrent de la précarité économique, d’un niveau d’études faible et se sont radicalisés sur internet.

Les auteurs de l’étude se sont penchés sur 353 des 454 TIS (384 hommes et 70 femmes) recensés au 1er octobre 2021, condamnés ou en détention provisoire, pour beaucoup (245) primo-criminels et primo-incarcérés. Il ressort que 81% de la population étudiée est de nationalité française et 13,5% de double nationalité.

Dans le profil type, 60% viennent de grandes villes, et seulement 2% de villages. La majorité (54%) des individus est issue d’une famille précaire alors que 84% des TIS ont un niveau de revenu inférieur ou égal au smic, contre 16% relevant de classes moyennes ou supérieures. Les deux tiers n’ont pas le baccalauréat et «adhérer au djihadisme serait une sorte de substitut à la culture académique», dit l’auteur avec prudence.

Dans les profils étudiés, 25% des personnes sont converties alors que 75% issus de familles musulmanes, dont 31% de «born again», avec une pratique totalement nouvelle de la religion. En tout état de cause, 54% présentent des connaissances religieuses faibles ou très faibles et 65% peu ou pas du tout de connaissances géopolitiques sur la zone moyen-orientale.

Pour les TIS, internet est un des vecteurs de la socialisation djihadiste dans 70% des cas, devant le réseau amical (53%) et les associations et mosquées (29%). Aussi, 25% ont un visionnage intensif et 33% très fréquent de vidéos de massacres de musulmans sur internet, cause d'un choc moral basculant vers le djihadisme.

Contrairement aux autres acteurs terroristes, les acteurs ne sont pas «freinés» par leur situation familiale, «c’est un engagement total qui englobe la sphère familiale», femmes et enfants. L’étude relève même «la trop grande présence des mères».

Sur les profils psychiatriques, seulement 8% du panel souffre de troubles, deux fois moins que la moyenne nationale, souligne Crettiez. En revanche, 28% présentent des signes d’addiction, contre 20% dans la moyenne nationale.

Parmi les 7 profils, le plus dangereux est, selon Crettiez, le «prosélyte» (19% des TIS) qui présente de bonnes connaissances et un engagement total, devant le «radicalisé délinquant» (11%) et l’«indigné» (12%).

«Peut être le moins dangereux» ajoute-t-il, est le radicalisé «en quête de sens» (21%), plus jeune, il s’engage pour donner du sens à sa vie. Les autres profils, le «viriliste» (18 %) et l’«escapiste» (11 %), s’engageraient pour «changer de vie ou d’image, se grandir, s’inventer une image de guerrier d’Allah».

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