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Grand Angle

Lixiviat au Maroc : La poudre et le mucilage de cactus comme solution magique ?

Si la décharge d’Oum Azza, située à 30 kilomètres à l'est de Rabat, est à l’origine d’une pollution de l’Oued Bouregreg, qui provoque des odeurs insoutenables, plusieurs traitements du lixiviat sont expérimentés ou adoptés dans d'autres régions du Maroc.

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Photo d'illustration. / DR
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Le traitement des lixiviats a toujours constitué l’un des défis majeurs de la lutte contre la pollution au Maroc. Depuis plusieurs années, des experts et des militants alertent sur les dangers de cet effluent, habituellement stocké dans des réservoirs au niveau de certaines décharges du royaume avant de s’en débarrasser de différentes manières, en attente d’une réelle solution.

Cette problématique n’est pas nouvelle. Déjà en 2018, en marge des travaux du salon Pollutec Maroc (2-5 octobre 2018), le secrétariat d’Etat chargé du développement durable avait organisé une table ronde relative aux solutions possibles pour le traitement du lixiviat. Le département avait ainsi attiré l’attention sur les conséquences de l'infiltration de cet effluent liquide aux eaux souterraines et le risque de pollution de cette ressource, d’autant plus que le royaume est confronté au stress hydrique.

Rabat-Salé, Kénitra mais également Agadir

L’absence de solution et la période d’inaction marquant la période du confinement ont toutefois aggravé ce problème, décuplant ainsi les risques d’une catastrophe naturelle. C’est le cas de Rabat et Salé, où les habitants ont dénoncé des odeurs nauséabondes émanant du Bouregreg. Des élus de la FGD ont alors affirmé que «la source de la pollution est la décharge d’Oum Azza», et plus précisément le lixiviat, liquide issu de la fermentation naturelle des déchets stockés dans la décharge pendant des années. Pire, les élus ont dénoncé, cette semaine, le fait que cette substance, acheminée en camions citernes vers la station de prétraitement des eaux usées à Bouknadel, serait déversée directement dans les eaux maritimes.

Mais le lixiviat préoccupe plusieurs villes du Maroc. En effet, outre Rabat et Salé, Mustapha Addah, membre de l’Association du Gharb pour la protection de l'environnement basée à Kénitra, avait confié à Yabiladi que la décharge d’Oulad Berrjal, située à Kénitra, «déverse aussi des lixiviats dans le Sebou et la nappe phréatique».

Agadir semble aussi dépassée par le lixiviat généré par ses déchets ménagers. L’effluent est ainsi stocké dans sept réservoirs de la décharge de Tamellast, mais son débit quotidien accélère la saturation des réservoirs de stockage.

Plusieurs solutions pour un traitement approprié

Le lixiviat présente un danger pour l'environnement et nécessite ainsi un traitement approprié. Mais si ces solutions se font attendre au niveau de certaines décharges du royaume, des procédés plus pratiques et moins couteux, existent. Dans une étude publiée la semaine dernière dans la revue Nanotechnology for Environmental Engineering, cinq chercheurs du Laboratoire Matériaux et Environnement du département de Chimie de la Faculté des Sciences d’Agadir sont revenus sur une expérience réalisée en laboratoire pour l’élimination du lixiviat, avec un traitement «simple, peu coûteux et efficace».

Ils ont ainsi fait appel à «deux techniques utilisant des matériaux naturels locaux» qui ont été combinées pour obtenir des résultats significatifs, à savoir la coagulation et l'infiltration-percolation. «La poudre de cactus et le mucilage de cactus ont été sélectionnés pour traiter le lixiviat par coagulation et le sable titanifère comme matériau filtrant pour le processus d'infiltration-percolation», expliquent-ils.

Les cinq chercheurs marocains ajoutent que les expériences à l'échelle du laboratoire montrent des résultats «très intéressants». «En raison de son efficacité à la dose de 20 mg/l à pH 11, l'effluent traité au mucilage de cactus a été choisi pour subir un traitement secondaire. L'élimination de la turbidité et de la conductivité électrique obtenue après infiltration-percolation est respectivement de 97% et 39%», se félicitent-ils dans leur étude.

De plus, il existe d’autres solutions adoptées au Maroc, qui peuvent inspirer les décharges souffrant de ce problème. A titre d’exemple, Meknès accueille un site qui garantit un traitement du lixiviat. Faisant appel, depuis décembre, à la technologie Evalix breveté par le Groupe Suez, sa décharge sèche les effluents concentrés en utilisant la chaleur issue de la combustion du biogaz. Et avant cette technologie, la station de traitement des lixiviats de la ville disposait d’un bioréacteur à membranes d’ultrafiltration suivi d’une filtration par osmose inverse.

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