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Grand Angle

Rabat : Après la fuite dans le Bouregreg, le lixiviat transporté par camion vers la mer ?

A la suite des révélations sur la pollution de la rivière du Bouregreg par les liquides toxiques des déchets fermentés (lixiviat) provenant de la décharge d’Oum Azza (Akrach), les voix se sont élevées pour dénoncer cette fois-ci la gestion des conséquences de cette catastrophe environnementale. Pour en débarrasser l’oued, le lixiviat serait déversé directement dans la mer.

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Photo d'illustration / DR.
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Il y a deux semaines, des conseillers de la ville de Rabat au sein de la Fédération de gauche démocratique (FGD) ont révélé la provenance des noirceurs observées dans la rivière du Bouregreg et des odeurs nauséabondes répandues dans plusieurs quartiers de la capitale, mais aussi à Salé. Après avoir alerté qu’il s’agissait de lixiviat causé par d’importantes infiltrations depuis la décharge d’Oum Azza, via l’oued Akrach, ils se sont alarmés cette fois-ci du déversement de cette substance directement dans les eaux maritimes.

Selon eux, il s’agit de «milliers de tonnes de lixiviats» acheminés en camions citernes vers la station de prétraitement des eaux usées à Bouknadel, qui relève de la Redal, en attendant leur évacuation dans la mer. Lundi 22 mars, les conseillers de la FGD ont ainsi appelé à «l’arrêt immédiat du rejet de lixiviats dans la mer, jusqu’à ce qu’une étude d’impact soit rendue publique».

Dans un communiqué parvenu à Yabiladi, ils ont demandé à ce que soient employés «des moyens modernes ayant prouvé leur efficacité à se débarrasser durablement de cette substance toxique, notamment avec le traitement biologique, le filtrage et le séchage, ce qui nécessite un investissement de la part de l’Etablissement de coopération intercommunal Al Assima (ECI) ou d’une entreprise de gestion déléguée».

Le ministère public et la police des eaux appelés à mener une enquête

Consternés par cette gestion, des conseillers de la fédération au sein de la commune de Rabat ont publié des vidéos sur les réseaux sociaux, où l’on voit l’opération de transport de lixiviat en cours. Pour eux, la gestion défaillante au niveau de la ville nécessite une intervention du ministère public et de la police des eaux, afin d’«ouvrir une enquête pour définir les responsabilités et prévoir les sanctions nécessaires».

Pour cause, les conseillers tiennent responsables principalement «les élus du Parti de la justice et du développement qui gèrent l’ECI Al Assima (ECI) et la majorité des communes», à commencer, selon eux, par «Jamaâ Moatassim, président de l’Etablissement de coopération intercommunal, président du conseil communal de Salé et par ailleurs directeur du cabinet du Chef du gouvernement». «Les autorités de surveillance» y sont également pour beaucoup, témoignant d'«un laisser-aller dans le suivi de ce dossier pendant des années pour lui trouver des solutions».

L’opération de pompage du lixiviat depuis le Bouregreg en attendant son rejet en mer intervient deux semaines après les révélations sur la fuite de plusieurs tonnes de ce liquide toxique depuis la décharge d’Oum Azza. Outre la couleur noire répandue dans l’eau de la rivière, des «décès de la faune et la flore aquatique» ont été observés, selon la FGD. Mais la problématique que pose la gestion de déchets dans cette zone remonte à plus longtemps. En décembre 2019 déjà, au conseil de la commune de Rabat, les élus ont mis en garde sur «une catastrophe environnementale, en raison de la mauvaise gestion des lixiviats» au niveau de la décharge de Akrache. Mais «aucune action n’a été entreprise au niveau de la ville».

Il y a deux semaines, les premières informations ont indiqué que «la source de la pollution est la décharge d’Oum Azza», à partir de laquelle le lixiviat de déchets stockés pendant des années a fuité. Conseiller communal pour la FGD, Omar El Hayani a précédemment affirmé à Yabiladi que «l’un des bassins servant à stocker les lixiviats a été détruit», laissant ainsi la substance se répandre dans l’eau et dégager une odeur arrivée jusqu’aux quartiers «Hassan, la médina de Rabat, la médina de Salé, les quartiers Bouregreg et Al-Farah».

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