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Grand Angle

Maroc : En pleine période de crise, priorité aux retraites des parlementaires

Attendus sur d’autres questions plus urgentes, les députés discuteront ce mardi des propositions de loi sur les retraites des parlementaires. Hier, le PJD a déterré son texte visant à liquider les retraites des parlementaires en annonçant qu’il retire sa signature apposé sur la proposition des partis de la majorité en plus de l’Istiqlal et du PPS, prônant plutôt une réforme.

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Des membres de la Commission des finances à la Chambre basse lors d'une réunion avec le ministre Mohamed Benchaaboun. / DR
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Le groupe parlementaire du PJD à la Chambre des représentants a annoncé, lundi, qu’il retire sa signature de la proposition de loi déposée par la majorité et relative aux retraites des membres de la Chambre basse. Dans une lettre adressée au président de la Chambre, les élus du parti de la Lampe ont ainsi déclaré maintenir leur propre texte, déposé en janvier 2018, et qui évoque les conditions et les modalités de liquidation du régime de retraite des parlementaires.

Comme à l’accoutumée, la démarche semble répondre à un calcul politique, le parti s’étant déjà opposé, par le passé, au texte présenté par ses alliés à la majorité avant d’y apposé sa signature.

Sur le pas de son ex-secrétaire général et pour couper l’herbe sous les pieds du PAM, le PJD a appelé, il y a deux ans, à l’annulation du versement des pensions de retraite des parlementaires. C’est dans ce sens que le parti de la Lampe a déposé sa proposition en janvier 2018. Six mois plus tard, le parti au pouvoir changeait son fusil d’épaule, en retirant son texte et en soutenant celui proposé par ses alliés au gouvernement en plus de l’Istiqlal et du PPS.

Cette nouvelle volte-face intervient alors que la commission des finances et du développement économique de la Chambre basse s’apprête à examiner, ce mardi, les projets de loi déposés par les groupes parlementaires sur ce sujet.

Devant les appels à maintenir ces pensions, émanant des partis de la majorité en plus de l’Istiqlal et du PPS, trois autres propositions prônent désormais l’annulation de ce régime : celle du PJD de 2018, celle de la FGD déposée la même année et celle du PAM. Le Tracteur semble toutefois joué le même jeu du PJD, car la proposition de sa députée Ibtissam El Azzaoui, déposée en 2019, fait suite à un autre projet de loi, déposé par ses conseillers à la Chambre haute en 2017, et visant la réforme plutôt que la liquidation.

Débattre des retraites dans le contexte de la crise sanitaire

Le débat sur les retraites des parlementaires est devenu un maronnier depuis 2017, quand le bureau de la Chambre des représentants avait annoncé aux députés que la Caisse nationale de retraites et d’assurances (CNRA) cessait de verser les pensions de retraite dès le 1er octobre de la même année.

Depuis, plusieurs propositions ont été déposées, sans décrocher le consensus des élus. Et ce n’est qu’un an plus tard, soit en 2018, qu’une formule a été trouvée : une pension de retraite versée à partir de 65 ans et non immédiatement après la perte du statut de parlementaire, entre autres.

Sollicité ainsi pour soutenir cette proposition, l’exécutif s’y est opposé. «Je ne mettrai pas le moindre centime dans le sauvetage des pensions des parlementaires», martelait haut et fort le chef du gouvernement, le 9 juillet 2019 à la Chambre des conseillers. Saadeddine El Othmani donnait, quatre mois plus tard, le feu vert afin de renflouer la caisse des retraites des députés, gravement déficitaire, en y allouant 13 746 000 dirhams via le budget consacré à la Chambre des représentants dans le cadre du PLF 2020.

Le débat avait refait surface à la fin de l’année dernière, avec notamment la proposition du PAM, poussant ainsi Habib El Malki, président de la Chambre des représentants, à défendre la légitimité des retraites des parlementaires. En février 2020, il déclare même les appels à son annulation comme une «campagne populiste et de sabotage des institutions».

Cette polémique revient toutefois dans un contexte marqué par la crise causée par la pandémie du nouveau coronavirus et une rentrée parlementaire très attendue. Les députés semblent ainsi plus enclins à débattre d’un système qualifié par certains de «rentes», plutôt que sur des lois plus urgentes ou des questions sur la politique du gouvernement en période de crise sanitaire.

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