Pour le sociologue et enseignant-chercheur à l’Institut des Sciences du Sport de l’Université Hassan I Settat, Abderrahim Bourkia, la fermeture des stades a «imposé une réelle adaptation des supporters», alors que leur passion s’articule autour du partage qui ne peut se contenter du virtuel.
Depuis quelques années, les gradins sont devenus des lieux privilégiés d'expression politique affranchie et critique envers l'Etat. Au début indécises face à cet élan, les autorités cherchent à empêcher un effet d'entraînement via une répression ponctuelle.
Pour Abderrahim Bourkia, journaliste, sociologue et responsable de la filière sciences politiques et gouvernance à l’université Mundiapolis, les stades de foot sont devenus des lieux où s’extériorisent de fortes revendications sociales, les supporters ayant le sentiment de n’être entendus nulle part ailleurs.
Face à un champ politique sclérosé et à un espace public contrôlé, les Marocains expriment leur insatisfaction sur les réseaux sociaux. Est-ce à dire que la colère est simplement «virtuelle» ? Rien n'est moins sûr, car plusieurs basculements se sont produits.
Redoutés pour leur violence et leurs débordements en marge des rencontres sportives, les ultras se font depuis peu les porte-voix de revendications sociales. Dernière en date : la mort de Hayat Belkacem, lors d’une opération de la Marine royale contre une embarcation de migrants.