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Grand Angle

Rentrée scolaire : Pagaille et confusion suite au semi-confinement de Casablanca

La confusion règne ce lundi dans les rangs des parents d’élèves casablancais ayant opté pour le présentiel, qui doivent se contenter d’un enseignement à distance pendant au moins deux semaines. L’occasion pour leurs ONG de rappeler les appels au report de la rentrée scolaire, adressés au ministère mais restés lettres mortes.

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Photo d'illustration. / DR
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Aors que l’année scolaire démarre dans la majorité des classes au Maroc, les portes des écoles de Casablanca restent fermées au lendemain de la décision du gouvernement pour lutter contre la propagation du coronavirus. Mais le timing de la décision, annoncée dimanche soir, a pris de court les parents qui se préparaient déjà à envoyer leurs enfants à l’école dès ce lundi. Ceux ayant opté pour le présentiel se retrouvent ainsi obligé de se contenter d’un enseignement à distance, comme depuis mars dernier, au moins pour les 14 prochains jours.

Face à cette situation, l’heure est à la colère chez les parents d’élèves dans la capitale économique. «C'est devenue une habitude de voir tomber à la dernière minute les décisions importantes, à l’instar de celle du ministère relative à la rentrée scolaire», dénonce ce lundi Mohamed Tamir, président de la section régionale à Casablanca-Settat de la Fédération nationale des associations des parents d’élèves au Maroc (FNAPEM). Auprès de Yabiladi, il rappelle que la fédération a déjà «dénoncé ce point, en estimant que les décisions importantes doivent être prises en semaine pour ne pas créer la pagaille».

«Cette situation ne laisse aucune marge pour rencontrer les parents et leur expliquer la décision. Certains n’ont même pas vu la décision d’hier et se sont réveillés ce matin en découvrant que les écoles sont fermées et qu’ils n’ont aucun interlocuteur.»

Mohamed Tamir

L'associatif rappelle que «la FNAPEM avait appelé à retarder la rentrée scolaire en attendant de consulter les partenaires pour trouver une formule adéquate. La décision prise unilatéralement nous a conduits à cette impasse aujourd’hui».

Egalement premier adjoint du secrétaire national de la FNAPEM, l’associatif rappelle que «la décision d’opter pour l’enseignement à distance tout en laissant la voie à l’enseignement en présentiel a déjà causé des attroupements et des regroupements devant les écoles publiques».

Une migration entre le privé et le public

De plus, avec cette nouvelle décision de maintenir fermées les écoles publiques et privées de la préfecture de Casablanca, Mohamed Tamir souligne qu’une grande partie des parents sont «choqués et ne savent pas quoi faire».

«Une grande partie des parents avaient déjà des doutes. Ils pensaient que l’option du présentiel n’intervient que pour assurer des inscriptions suffisantes aux privées. Ils se disaient "surs" que l’enseignement à distance sera généralisé après la rentrée. D’autres estiment maintenant qu’il n’y aucun intérêt de payer la scolarité de leurs enfants pour de l’enseignement à distance dans des écoles privées.»

Mohamed Tamir

Le responsable de la FNAPEM à Casablanca-Settat informe que, parallèlement, «les parents d'élèves dans l'enseignement privé ne savent pas à quel saint se vouer». «Nous avons des sérieuses craintes quant à la confusion entre ce qui est pédagogique et ce qui est purement économique et capitaliste, qui ne sert pas notre système éducatif, qui ne doit pas distinguer entre public et privé s’agissant du droit à la scolarité de nos enfants», insiste-t-il.

Et de conclure : «L’école publique doit être au cœur de notre attention, tandis que le privé doit rester un choix d’un secteur gérant un service public, car chaque Marocain a le droit à la scolarisation.»

Mohamed El Khattar, membre de la section Casablanca de la Coordination de l’union des parents et tuteurs d’élèves de l’enseignement privé au Maroc n’y va pas par quatre chemins : «Depuis mars, le ministère prend des décisions qui visent à protéger les écoles privés et laisse le citoyen seul face à ce lobby.»

Il rappelle que l’instance «a déjà appelé à reporter la rentrée jusqu’à décembre ou janvier prochains», et affirme qu’une «décision doit intervenir au niveau national».

Des réunions de crise pour une formule adéquate

«Après avoir payé les frais de scolarité, nous avons été surpris de cette décision», ajoute ce papa de trois enfants, qui a opté pour du présentiel. Il dénonce une «discrimination entre les élèves qui rentrent à l’école dès ce lundi et ceux qui n’étudieront pas, car nous sommes convaincus que l’enseignement à distance ne répond pas aux attentes des parents, ni dans le public ni dans le privé».

«Je ne peux pas opter pour un enseignement via WhatsApp en payant un montant exorbitant. Nous l’avons essayé et il n’y a aucun résultat, si ce n'est une souffrance de l’élève et de sa famille.»

Mohamed El Khattar

Pour sa part, Redouane Driss, responsable au sein d’une école privée casablancaise, confie à Yabiladi que la nouvelle décision prise dimanche soir «pose problème à la fois pour les parents, les élèves, les enseignants et pour les administrations des établissements». «Il y a eu des réunions depuis ce matin pour voir comment nous pouvons résoudre ce problème», ajoute-t-il.

«Nous avons déjà travaillé avec un enseignement à 100% en ligne l’année scolaire dernière, mais 90% des parents préfèrent des cours en présentiel», insiste-t-il. Car, en plus de ceux qui travaillent et ne peuvent pas laisser leurs enfants seuls à la maison, il rappelle d’autres soucis, comme «le fait d’avoir un seul ordinateur pour les parents ayant plus d’un enfant mais aussi le côté psychologique pour l’enfant, qui doit sortir et avoir un contact social avec ses pairs».

Pour cette école privée, deux options se présentent pour l’instant : «Opter pour un enseignement à distance pour la rentrée avec des cours de soutien et de rattrapage dès la reprise du présentiel ou carrément retarder la rentrée, en déduisant cette période des frais de scolarité, et démarrer le 21 septembre en présentiel». Mais rien ne garantit que la situation sanitaire à Casablanca d'ici le 21 septembre permette l'école en présentiel.

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