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Grand Angle

Diaspo #152 : Anna Mahjar-Barducci, identité maroco-italienne d’une écrivaine basée à Al Qods

Maroco-italienne installée à Jérusalem (Al Qods), Anna Mahjar-Barducci est une écrivaine sensible aux questions migratoires et identitaires. Embrassant à la fois son identité européenne et son héritage culturel, elle estime que «regarder le monde sous le prisme de la tolérance est un trait marocain».

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Anna Mahjar-Barducci est journaliste, chercheure et écrivaine d'origine marocaine, née en 1982 à Viareggio, dans le nord de la Toscane. / DR
Temps de lecture: 3'

Journaliste et chercheure au sein du Think tank américain Middle East Media Research Institute, Anna Mahjar-Barducci a publié, en juin dernier, un livre intitulé «Identità Italiana» (Identité italienne, éditions Melagrana). Un recueil de poèmes et d’essais, fruit de son travail sur les questions qui la touchent particulièrement et qui sont liées à la migration et l'intégration.

Car, avant tout, Anna Mahjar-Barducci est Maroco-italienne. Née d’une mère marocaine originaire de Kénitra et d’un père italien travaillant pour des projets de coopération internationale, elle voit le jour un 23 janvier 1982 à Viareggio, dans le nord de la Toscane.  

Elle passe toutefois son enfance entre l’Afrique, l’Asie et le monde arabe. Des voyages qui façonnent son identité et influent sur sa vie professionnelle et personnelle, sans pour autant lui faire oublier son héritage et sa culture marocaine. «J’ai passé mon enfance au Zimbabwe, en Guinée, au Sénégal, en Gambie et en Tunisie. J’ai également vécu plusieurs années au Pakistan», nous confie-t-elle.

Ces deux derniers pays laisseront d’ailleurs, une empreinte particulière. «La Tunisie est un pays moderne et fascinant, riche en histoire, en art, en culture et en littérature. Des penseurs tunisiens, comme Mohamed Talbi, ont eu un impact sur moi tant sur le plan personnel que professionnel», déclare la Maroco-italienne. Elle raconte aussi avoir eu «la chance de rencontrer en Tunisie nombre d’intellectuels qui [l]’ont poussé à réfléchir sur le dialogue interreligieux».

A contrario, elle estime avoir rencontré pour la première fois «l’obscurantisme» au Pakistan, pays qu’elle décrit comme «très coloré et très intrigant, mais aussi plein de contradictions». C’est d’ailleurs la raison pour laquelle elle lui a consacré un de ses livres, intitulé «Pakistan express. Vivre (et cuisiner) à l’ombre des Taliban».

Regarder le monde sous le prisme de la tolérance, «un trait marocain»

Mais déjà en 2009, alors qu’elle collaborait en tant que journaliste avec plusieurs médias italiens, américains et arabes, la Maroco-italienne publie «Italo-marocchina : storie di immigrati marocchini in Europa» (Italo marocains. Histoires d'immigrants marocains en Europe, éditions Diabasis). Un premier ouvrage imprégné de son héritage maroco-italien et la place qu’occupent ces deux pays dans sa vie.

«Le Maroc a toujours occupé une place centrale dans ma vie. Le lien avec mes racines marocaines est très fort. Ma fille Hili est également citoyenne marocaine et elle est très fière de son héritage culturel», assure-t-elle.

Elle retient, d’ailleurs, «les moments passés en famille, tout en bavardant et en sirotant un verre de thé à la menthe chaud et sucré», parmi les souvenirs les plus marquants de ses voyages au Maroc, où ses parents avaient un appartement à Rabat qu’elle visitait souvent.

«L’ouverture de la culture marocaine sur d’autres croyances et traditions a beaucoup influé sur ma personnalité et sur ma vie professionnelle. Regarder le monde sous le prisme de la tolérance est un trait marocain. De plus, l’art et l’architecture marocains sont le standard de qualité souhaité dans ma recherche de la beauté dans la vie.»

Anna Mahjar-Barducci

La journaliste, chercheure et écrivaine explique aussi comment son intérêt pour les questions identitaires et sa quête pour savoir comment l’immigration affecte-t-elle l’identité culturelle des uns et des autres partent «sûrement du besoin de comprendre et de retrouver un équilibre entre [son] identité européenne et [son] attachement au Maroc. «De plus, étant une Marocaine résidente à l’étranger, il m’est important de comprendre comment l’identité peut se renforcer ou se redéfinir en diaspora», ajoute-t-elle.

Le Maroc et la migration marocaine à Al Qods

Anna Mahjar-Barducci a «commencé à écrire un peu par hasard pour des quotidiens» alors qu’elle terminait son Master. Cependant, pour elle, «être écrivain n’est pas un métier, mais un besoin». «Je pense que l’écriture peut être un outil incroyable pour la catharsis, qui est le processus de libération des émotions fortes ou refoulées. Nous devrions tous apprendre à écrire afin d’apprendre à libérer nos émotions, de les ordonner et de les interpréter», recommande-t-elle.

Installée actuellement à Al Qods avec son mari (ancien conseiller du Premier ministre Yitzhak Rabin) et sa fille, la Maroco-italienne livre aussi une description détaillée d’une ville sainte à l’«identité complexe, et d’une certaine manière avec une identité marocaine surprenante et bien établie». A propos de son installation à Jérusalem, elle confie avoir «pensé qu’il aurait été très spécial et unique que [sa] fille puisse naître dans cette ville trois fois sainte».

Née d’une maman musulmane et d’un père chrétien, et ayant épousé un homme de confession juive, elle estime aussi à ce propos que «s’il y a de l’amour, du respect et de la tolérance, tous les challenges peuvent être surmontés».

Sensible aux questions migratoires, elle dit constater que «de nombreux Juifs marocains vivent à Jérusalem» et «sont très attachés à leurs racines maghrébines». «Être Marocain constitue leur identité et leur fierté. Le Maroc est dans leur cœur et la majorité des Juifs marocains à Jérusalem et parlent couramment l’arabe marocain», rappelle-t-elle encore.

Anna Mahjar-Barducci assure qu’il est «aussi possible d’acheter presque partout les gâteaux ou beignets marocains, comme la chabakia et les sfenj» et qu’au centre-ville d’Al Qods, «il est également possible de goûter à l’authentique couscous marocain».

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