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Grand Angle  

Coronavirus : Une famille de globe-trotters documente sa sortie du Maroc au milieu de la crise

Marlene et Dan sont deux citoyens américains, bloqués au Maroc à cause des restrictions de voyage pour éviter la propagation du nouveau coronavirus. Aux côtés de leurs trois enfants, le couple fait partie des touristes et des étrangers qui ont pu quitter le territoire, après avoir longtemps pris leur mal en patience.

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Les enfants de Marlene et Dan jouent à côté de leur van alors qu'ils sont bloqués au Maroc. / Ph. Mali Mish - Intagram
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Alors qu’ils se dirigeaient vers le sud, Marlene, Dan et leurs trois enfants ne s'attendaient pas à ce que leur premier voyage en Afrique se termine ainsi. En sillonnant l'Europe, la famille américaine a décidé de se rendre au Maroc, pour découvrir le pays et surtout faire du surf.

Au cours de la deuxième semaine de février, la famille a pris son van sur un ferry à destination du Maroc. «Nous avons navigué d'Algésiras vers Tanger-Med», précisent Dan et Marlene, dans une déclaration à Yabiladi. «Nous sommes de Californie et nous avons passé la plupart de notre temps sur la côte. Nous avons beaucoup entendu parler du surf au Maroc. Nous pensions passer les 90 jours à surfer», se souvient le couple. Mais la pandémie du nouveau coronavirus les fera changer de programme.

Tout en documentant leurs voyages sur une chaîne YouTube, la famille s’est rendue dans plusieurs villes avant de réaliser que le pays n'était pas à l'abri de la pandémie. «Les quatre premières semaines au Maroc, tout s'est très bien passé, nous sommes allés à Chefchaouen, Fès, Azrou, Merzouga puis à Tafraout», raconte Dan.

Tafraout ressemblait à un endroit sûr, mais la famille a dû partir ailleurs à cause d'une «mission de sauvetage». «Nous étions un jour sur la route et nous avons vu une boîte en carton dans le désert avec des chiots à l'intérieur», se souvient le père de famille. Le couple a décidé de quitter la petite ville et d'amener les chiots dans un refuge pour animaux près d'Agadir.

Des chemins pour se rendre au Nord bloqués par les autorités

Un campeur allemand informe la famille que la situation sanitaire se compliquait et que l'ambassade d'Allemagne demandait à ses ressortissants de quitter le pays. Après le départ de ce campeur pour Ceuta et sa traversée facile de la frontière vers l'Europe, la famille a ainsi décidé de lui emboîter le pas. Le couple et leurs trois enfants prennent le cap pour la Croatie, pays d'origine de Marlene.

«Nous n'avons pas d'amis ou de famille au Maroc qui s'occuperaient de nos enfants si nous étions tous les deux hospitalisés (…) Alors nous avons décidé de partir», ont-ils expliqué. La famille était particulièrement intéressée par le fait que la frontière avec Ceuta soit ouverte aux voitures partant pour l'Europe. Le fait que Marlene et les enfants aient la nationalité croate leur a facilité les choses.

«Nous avons décidé de nous diriger vers le nord. Le même matin, les voyages interurbains au Maroc ont été suspendus. En tentant de quitter Agadir, nous avons subi plusieurs contrôles de police», a déclaré Dan, ajoutant que si les deux premiers points de contrôle leur ont accordé le passage, un troisième l'a refusé.

Après avoir trouvé un autre chemin hors de la ville, la famille s’est rendue à la frontière avec Ceuta. «Le trajet a été facile et rapide», se rappelle Dan qui a amené sa famille en une journée aux postes frontières, pour y trouver une longue file de 500 autres véhicules.

La file d'attente était la plus longue qu'ils aient jamais vue et le passage n'était finalement pas possible, car la frontière fermerait vers minuit. «Nous avons réalisé que ça allait être un problème pour nous. Ils ne pouvaient pas traiter 500 véhicules en trois heures. Nous pensions aussi que nous ne pouvions pas retourner sur les terrains de camping», ajoutent-ils.

Un plan B autour de Ceuta

Tout comme les autres chauffeurs qui n'ont pas pu se rendre à Ceuta ce soir-là, la famille s'est garée au bord de la route en attendant de trouver un plan B. Après avoir pris contact avec l'ambassade de Croatie, le couple a été informé qu'ils étaient les seuls ressortissants croate essayant de traverser cette frontière.

«Beaucoup de gens n'étaient pas préparés à cette situation», se souvient Dan. «Ils n'avaient pas assez de nourriture, d'eau et certaines personnes sont devenues si furieuses qu'elles ont commencé à vider leurs toilettes au sol, ce qui a poussé d'autres à agir de manière agressive envers les autres», décrit-il.

Après avoir passé trois nuits dans cette file, les véhicules ont été invités à se rendre sur un parking spécialement aménagé par les autorités marocaines pour eux, près du port de Tanger-Med. Un soulagement pour la famille, en attendant un rapatriement tant espéré.

«C'est surprenant que le quartier soit bien équipé, il y avait de l'eau, des toilettes, de l'électricité, une boulangerie et une petite épicerie, c'était vraiment commode», déclare le père de famille, bien qu’il rapporte y être resté avec «beaucoup de gens» qui le mettaient «mal à l'aise» à cause de la promiscuité. La famille a vite réalisé que «beaucoup de gens sur place ne pratiquaient pas la distanciation sociale». «Ils prenaient leurs repas ensemble et se promenaient en groupes».

Heureusement, quatre jours plus tard, Dan, Marlene et leurs enfants ont été autorisés à quitter le Maroc en toute sécurité. Ils sont montés à bord d'un ferry pour la France, puis ont parcouru 2 300 kilomètres à travers l'Allemagne, l'Autriche et la Slovénie, avant de rejoindre la Croatie.

Bien que son premier voyage au Maroc et en Afrique ait été marqué par l'épidémie et ses contraintes, la famille promet de retourner dans le royaume l'été prochain, pour reprendre son aventure. Marlene et Dan ont eu la chance de quitter le pays au milieu de cette crise, mais des milliers d'étrangers et de binationaux, eux, restent bloqués.

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