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Interview

«Le dernier Amghar» ou la promesse d'Imad Ikhouane d'un voyage au Maroc des tribus

Né au Maroc et établi depuis 14 ans en Suisse, le Marocain Imad Ikhouane publie, fin janvier, son premier roman aux Editions «5 Sens». Une fiction qui emmène son lecteur dans le Maroc des tribus au début du XXème siècle, et promet un cocktail de guerre, d’amour, d’ambition et d’évolution.

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Image d'illustration. / DR
Temps de lecture: 3'

«Le dernier Amghar» est une fiction qui s’alimente de faits réels qui se sont déroulés pendant la guerre de pacification menée par la France coloniale, notamment la bataille d’El Hri.

Le livre sera publié d’abord sur le marché suisse, avec une version papier disponible dans un réseau de librairies et de bibliothèques, la semaine prochaine, sur commande, et une version électronique, accessible à partir de fin janvier.

Après trois livres publiés en autoédition, l’écrivain marocain Imad Ikhouane nous en dit plus sur son nouveau roman.

Comment avez-vous eu l’idée d’écrire un roman sur le Maroc des tribus, avant la période du Protectorat ?

Ce n’est pas le premier livre que j’écris. J’ai déjà écrit trois autres romans que j’avais autoédités. Celui-ci a retenu l’attention de la maison d’édition 5 sens à Genève.

L’objectif pour moi était de revenir dans le Maroc authentique, je me suis intéressé à la partie se trouvant en dehors des villes, soit le Maroc des campagnes et des montagnes, «blad Siba» particulièrement ou «pays dissident».

J’ai lu à peu près des textes écrits par des aventuriers, missionnaires et premiers voyageurs européens au Maroc ainsi que par les érudits des zaouias datant de cette même période pour essayer de comprendre la mentalité de l’époque. Mais le livre n’est pas un roman historique. C’est une histoire d’ambition et d’amour baignant dans l’atmosphère de l’époque.

Quelle histoire raconte «Le dernier Amghar» ?

C’est un homme qui aspire à être Amghar, soit chef de tribu. Il est fort, intelligent, courageux et grand guerrier. Il se considérait naturellement comme l’homme devant être le chef. Le roman retrace l’ascension de cet homme, la manière dont il va se battre pour devenir Amghar, autant pour réaliser son ambition que pour défendre son territoire.

Car, la France est en train de pacifier le Maroc et les Français arrivent dans les montagnes où se déroule l’histoire. Notre personnage en profitera donc pour leur faire la guerre, c’est en effet l’occasion pour lui de montrer sa valeur et prendre le commandement, ce qu’il réussira non sans prix. J’ai placé cette fiction dans le cadre de la bataille d’El Hri.

Après être devenu le héros dans cette première défaite de la France coloniale, Jilali tombera amoureux d’une femme, elle-même amoureuse d’un autre homme.

J’essaye, à travers ces personnages, de brosser la couleur de cette période par le regard de cet homme qui verra le Maroc changer sans vraiment comprendre, qui arrivera jusqu’à l’indépendance en restant lui-même un homme tribal, le dernier  Amghar.

Quel est l’idée derrière cette fiction inspirée de faits réels ?

C’est de donner la parole à cette population. Souvent, les statistiques françaises évoquent un million de mort lors de la campagne de pacification sur une population de 6 à 7 millions. La tribu n’existait plus après cette guerre menée par la France. J'ai ainsi voulu donner la parole à ces gens-là. Le but du roman est de dire que les tribus ont existé et ont combattu.

Quel message transmettez-vous à travers ce roman ?

Je n’ai pas de message. Je voulais que les lecteurs passent à travers le roman vers une autre réalité, qu’ils vivent cette période à travers le récit. Si j’arrive à faire aimer cette période aux lecteurs, décrire la façon dont on s’aimait, dont on faisait la guerre ou dont on se détestait, mon objectif sera atteint.

L'écrivain marocain Imad Ikhouane. / DRL'écrivain marocain Imad Ikhouane. / DR

Votre livre ne s’adresse-t-il qu’aux Marocains ?

Il sera certes une découverte pour les lecteurs suisses mais il s’adresse certainement au lecteur marocain aussi. Même les Marocains qui connaissent très bien leur pays seront probablement surpris par ce qui existait avant. C’était un pays différent. Plusieurs choses de notre quotidien actuellement viennent de cette période. C’est naturellement le public du roman.

Il y a des mots, des couleurs et des sentiments dedans, qui sont propres à nous. J’ai vécu presque 20 ans en Europe, mais il y a quelque chose de particulier chez nous ; une forme de sentiments, la manière dont on ressent les choses, dont on réagit, dont on se parle, s’aime et considère l’autre. Ce sont des choses qu’on retrouve aussi dans le roman.

Article modifié le 08/01/2020 à 10h42

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