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13 novembre 1914 : La bataille historique d'El Hri et la victoire d'Ouhammou Zayani

Le 13 novembre 1914, le colonel René Philippe Laverdure prend l’initiative d’attaquer le camp de Moha Ouhammou Zayani, installé à El Hri, à quelques kilomètres de Khénifra, occupée par la France coloniale. Une bataille durant laquelle les colonnes dépêchées pour mettre fin à la lutte acharnée du chef des Zayanes seront presque anéanties. Histoire.

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Des combattants amazighs. / Ph. DR
Temps de lecture: 5'

La bataille d'El Hri, appelée également Affaire de Khénifra dans le jargon militaire de l'armée française, est un affrontement armé entre la France coloniale et les hommes de Moha Ouhammou Zayani. Une bataille lors de laquelle ce dernier se vengera de l’armée coloniale, lui démontrant que les Zayanes ne combattent pas seuls. Il s’agit surtout d’une bataille perdue par la France, en pleine campagne de pacification du Maroc, due principalement à l’égo démesuré d’un colonel.

Nous sommes en 1907. Cinq ans avant la signature à Fès du «Traité pour l'organisation du protectorat français dans l'empire chérifien» par le sultan Moulay Hafid, la France a usé de tous les moyens pour perfectionner son emprise sur le Maroc. Quelques incidents entre les autorités françaises, alors présentes en Algérie, et les tribus de l’Est marocain éclatent alors. C’est au lendemain de la signature du Traité de Fès que le colonisateur décide d’entamer une large guerre destinée à pacifier les tribus marocaines. Connue sous le nom de «Troisième guerre du Maroc», elle ne prendra fin qu’en 1934 au lendemain de la bataille de Bougafer, région considérée comme le tout dernier bastion de la rébellion amazighe au Maroc.

Lyautey à la conquête de Khénifra

Mais bien avant cette date, la France essuiera quelques défaites. Le 12 mai 1914, Hubert Lyautey, alors résidant général du protectorat français au Maroc, décrète une nouvelle politique militaire dite de «jonction» entre le nord et le sud du Maroc. De ce fait, la région de Khénifra est alors considérée comme prioritaire. La tribu des Zayanes, elle, considérée comme l’ennemi qu’il faut pacifier. La tribu, composée de plusieurs fractions, est dirigée depuis 1886 par Mohammed Ben Akka Ben Ahmed, surnommé Amahzoune Ben Moussa et célèbre sous son autre surnom, Moha Ouhammou Zayani.

En juin 1914 donc, Lyautey donne l’ordre d’investir la Kasbah de Khénifra malgré plusieurs difficultés liées à la nature du terrain et à la lutte acharnée des Zayanes. Grâce au soutien de l’armée de Charles Mangin, venant de Tadla, celle de Paul Prosper Henrys venue de Meknès ainsi que le 1er régiment d’artillerie de montagne dépêché par la France à Casablanca le 13 septembre 1913, Khénifra est occupée le 10 juin 1914. Ouhamou Zayani et ses hommes sont repoussés. Ils choisissent donc de s’installer à El Hri, village situé à 20 km au sud de Khénifra. 

Carte postale présentant les prisonniers des Zayanes en juillet 1914. / Ph.DRCarte postale présentant les prisonniers des Zayanes en juillet 1914. / Ph.DR

A partir de cette date, la France cherche à renforcer sa présence dans la région tout en poursuivant la pacification. Mais ses opérations ne se passent pas sans incident. La rébellion, déterminée à chasser les colons, mène des raids. «Dès la fin de juillet (1914, ndlr), les abords immédiats du camps de Khénifra sont soumis aux insultes de l’adversaire, et, le 25, des groupes de dissidents se glissent même par surprise jusqu’à Aguelmous», raconte-t-on dans «Les armées françaises dans la Grande guerre» (Tome IX, 1930-1939).

«Le 4 août, un détachement de deux bataillons retirés de Khénifra pour être renvoyés en France est assailli au col de Ziar, et perd 15 tués, 63 blessés. Dans la semaine du 5 au 12 (août, ndlr), la garnison de Khénifra subit à nouveau l’assaut de toutes les hordes qui, par la vallée de Serrou, lui viennent de deux Atlas.»

Extrait de «Les armées françaises dans la Grande guerre»

Bataille d’El Hri, l’échec d’une razzia française

Et les attaques menées par les Zayanes se poursuivent. Les 19, 20 et 22 août, des combats font subir à la France coloniale des «pertes importantes». Mais en gros, la France comptait sur la neige pour affaiblir davantage les Amazighs. Malgré les mises en garde de ses supérieurs, le colonel René Philippe Laverdure, chef du territoire Zayane-Khénifra et commandant de la garnison de Khénifra, prend la décision d’attaquer El Hri par surprise, le 13 novembre 1914 à la tête d'une colonne de 43 officiers et 1 230 hommes.

«Les consignes sont formelles. On ne doit pas bouger. Mais l’occasion est tentante de renouveler l’opération qui réussit si bien il y a soixante-dix ans contre la Smalah», écrit-on dans «Le Correspondant», revue mensuelle française (1928). «Douze cents hommes s’acheminent de nuit vers le vallon où sommeille l’ennemi, et après un bref combat le bousculent et s’emparent de ses tentes, de ses femmes et d’un immense butin», raconte-t-on. Il semblerait que les Français seraient même parvenus à tuer une des cinq femmes de Moha Ouhammou Zayani et de capturer les autres. Seulement, «on s’attarde dans la razzia ; et les Zayanes accourent de tous les sentiers de la montagne». Les soldats français sont alors massacrés.

Des combattants amazighs. / Photo d'illustrationDes combattants amazighs. / Photo d'illustration

A 7h30 du matin, l’ordre de retour est lancé mais l’infanterie française a du mal à se dégager. Un échelon de repli, installé à cinq kilomètres au sud de Khénifra, est lui-même assailli. A 11H20, la petite colonne laissée à Khénifra est également appelée au combat. Elle réussit tout de même à empêcher les Ait Bou Haddou, venus de l’ouest, d’attaquer le convoi qui était sur le chemin du retour. «En fin de journée, Khénifra restait donc inviolée. Mais l’affaire nous coûtait 613 tués (dont 33 officiers), et 163 blessés (dont 6 officiers)», rapporte-t-on dans «Les armées françaises dans la Grande guerre».

«L’affaire El Hri fait un peu pendant (rappelle, ndlr) à celle de Sidi Brahim où une imprudence analogue amena le même insuccès», commente la revenue Le Correspondant. Le colonel Laverdure perdra aussi la vie dans cette bataille. Dans leur ouvrage «La Légion et les Spahis dans la conquête du Maroc: 1880-1934 : la guerre du Rif, 1921-1926» (Edition La Plume du temps, 2003), François Garijo et Jean-Marc Truchet précise que cette bataille laisse aux Zayanes «8 canons et 10 mitrailleuses en état de marche, perdant 33 officiers et 580 soldats tués dans l’engagement».

Ouhammou Zayani, le «Lion des Zayanes

Un document intitulé «Historique du 10e Bataillon de Tirailleurs Sénégalais» raconte les suites de cette bataille. Le 14 novembre, un bataillon installé à Tadla se dirige vers Khénifra pour arriver le 17. «Le 19 (novembre 1914, ndlr) à 6h30, les deux colonnes Duplessis et Dérigoin sous les ordres du général Paul Prosper Henrys passent sur la rive gauche de l'Oum Errabiâ, pour aller enterrer les morts de la journée du 13», poursuit-on de même source.

La lutte acharnée des Zayanes se poursuivra même au-delà de cette bataille, même après que les fils de Moha Ouhammou auraient choisi de rendre les armes, trahissant même leur père. D’ailleurs, son fils Hassan Ben Mohammed Amahzoune sera nommé pacha des Zayanes, le 2 juin 1920, par le général Joseph-François Poeymirau, suite à sa soumission. D’autres fils de Zayani auraient pris part à la campagne de ratissage de la région de Khénifra. Moha Ouhammou, lui, n’a jamais voulu négocier ou rendre les armes.

Hassan Ben Mohammed Amahzoune et le général Joseph-François Poeymirau. / Ph. DRHassan Ben Mohammed Amahzoune et le général Joseph-François Poeymirau. / Ph. DR

Il meurt le 27 mars 1921, à l’âge de 80 ans, probablement lors d’une attaque de l’armée française. La légende raconte que les Français n’ont jamais vu son visage et que même sa dépouille a été transportée par les Zayanes très loin de sa tombe initiale pour exaucer le vœu de celui que les tribus amazighes qualifiaient de «Lion des Zayanes». «Toute la montagne retentit des lamentations de ses trente femmes, de ses cinquante enfants et de ses guerriers. Le vieux lion est mort», raconte-t-on dans la Revue mensuelle illustrée (édition du 05/1921). 

Une mort qui mettra fin à la lutte des Zayanes ayant duré plus de sept ans, contre l’occupation française. 

AL MASSIRA
Date : le 13 novembre 2022 à 12h25
On a l'habitude de beaucoup lire sur Yabiladi les exploits de Abdelkrim El Khattabi, une multitude d'articles et juste derrière une multitude de commentaires made in DRS. Et pour cause, si Abdelkrim a le prestige inestimable de la bataille d'Anoual, il a cette deuxième partie de sa "carrière", celle de la République du Rif qui plait tant à la junte militaire d'à côté. La lutte contre l'envahisseur français était l'œuvre de tous les marocains et les champions sont compagnons de Moha ou Hamou Zayani dont il est question ici. Ils n'ont vraiment cédé qu'en 1934, soit 20 ans seulement avant l'indépendance !!!! Il y en a eu d'autres partout chez Jbala, à Fès, au Sahara, au Souss et du côté d'Oujda. Avec un seul symbole, la patrie et la monarchie.
Axis.7
Date : le 13 novembre 2022 à 10h26
Les guerriers marocains combattaient ferocement les armées françaises jusqu'en 1934. En 1934, cela faisait... 102 ans que l'Algérie etait soumise aux français. Que faisaient donc les professionnels du nifs algériens au lieu de se revolter et en profiter pour faire une jonction des luttes avec les marocains en revolte en vue de disperser toutes les forces armées coloniales françaises sur l'Afrique du Nord pour faciliter sa libération? Que faisaient donc les bounifs alors que le Maroc avait engagé son armée entière pour venir en aide à l'Emir Abdelkader qui, outre de lutter contre les français, luttait aussi contre des tribus entières... algériennes alliées...à la France. La réalité est cruelle, mais c'est la réalité.
sim93
Date : le 13 novembre 2022 à 10h20
Moi je suis kabyle. Toi je ne le pense pas. L'Algerie n'a pas eu son indépendance par la force mais par référendum. Nous avons eu l'indépendance grâce à la pression de nos frères Marocains et Tunisiens. Si tu es Algériens alors tu ne connais vraiment pas notre histoire. Je ne vais pas te parler de l'occupation otoman et tout le mal qu'a fait cette empire barbare. Nous n'avons même pas honte de continuer à nous soumettre à eux. Va te renseigner sûr les moyens qu'il utilisaient pour torturer la population locale. Pour rester polie c'est une pratique que les grecs pratiquaient encore hommes. Je te parle maintenant de la France que notre cher Teboune embrasse tendrement lorsque Macron . Tu peux aller vérifier notre population est passée à moins de 3 millions d'habitants durant l'occupation française. Dans mon entourage je côtoie beaucoup de pieds noirs. Je sais pas pourquoi ils me prennent pour un pied-noir comme eux mais ils me racontent beaucoup. Tu ne peux même pas imaginer comment ils nous traitaient à l'époque. Ca n'a pas changé aujourd'hui. Je vais pas en dire plus sur un site Marocain. Par contre je n'arrive pas à comprendre mes compatriotes dont j'ai honte détester nos frères Marocains et Tunisiens Et aimer nos tortionnaires. Tu ne te rends même pas compte que nous sommes manipulés comme des enfants depuis 1962. Tu devrais te p
the last cherkawi
Date : le 13 novembre 2021 à 22h07
c est quoi ce journaliste a 2 francs, dit moi ton article il as bien etais faxer au mahkzen avant d etre publier et combien ca ta rapporter...vous parlez de abdelkrim comme d un heros, les vrais heros sont enterrer et vous n avez aucune idee de la vrai histoire di maroc....le maroc independant et souverain est mort avec hassan 1er. abdelaziz, abdelhafid ou youces ont tous etais mis sur le trone par les francais et sont tous des pantins a la solde des europeens, je dit europeens parce qu il y as 12 pays avec comme chef la france qui se sont partager le maroc...pourquoi on ne parles jamais de l heritier legitime au trone moulay mohammed apeller aussi zainal abidin le 1er fils de hassan 1er et de lalla zainab bent sultan moulay abdrhaman...ba ahmed avec la mere d abdelaziz et le soutien des francais lui ont voler son trone et mis en prison de 1894 a 1902...liberer a la mort de ba ahmed en 1902 il as prit la tete de la revolte de la chaouia au rif. il as fait la guerilla avant meme abdelkrim... arreter en 1908 par les francais et l ont livrer a abdelhafid qui l as tuer en 1909...son fils sidi el mekki a continuer le combat dans la chaouia jusqu en 1932 et livrer par les francais a mohammed 5 qui l as emprisonner et tuer...le fils de sidi mxxxx el mxxxi as etais empoisonner en 1936 par les francais, et son fils de 2ans sidi mxxxxd as etais juger par les francais et declarer mort en 1936...MAIS IL NE L EST PAS......alors ca pose un gros probleme au maroc si cela venez a etre decouvert...desoler je ne peut pas ecrire les noms en entier
An-altruistic-lady
Date : le 13 novembre 2020 à 17h04
La chleuhitude a la sauce Benargane...Vous laissez entendre que les Amazighes ne sont qu'un peuple primaire bon qu'a guerroyer.... On evolue ..On etudie pour ameliorer sa condition...on innove et on avance...sans amertume.. Have a better day.
Le barreur
Date : le 13 novembre 2019 à 21h00
Petite erreur : le traité du protectorat à été signé par Moulay Abdelhafid en 1912, et non Moulay Abdelaziz ( dont le règne avait pris fin en 1908).
moha73100
Date : le 13 novembre 2019 à 15h54
T un menteur, l'Algérie à été coloniser par les ottomans ou plutôt par les janissaires (albanais) puis par les français. Dire que vous étiez libre prouve que vous êtes dégouté par votre histoire.
Citation
DzKabyle à écrit:
Non pas toute l'Algérie, tu es un menteur professionnel, je n'ai jamais entendu parlé d'Italie. Les Kabyles n'étaient pas sous l'état ottoman, les pays des Chaouia également étaient indépendants. https://fr.wikipedia.org/wiki/Régence-d'alger Je te rajoutes que la régence d'Alger était totalement indépendante du gouvernement central turque, et 90% de la population d'Alger était organisé en tribu, donc indépendante, et y a pas vraiment de colonisation. Et le drapeau Algérien existe bien avant 1962. Je te rappelle que le Maroc était également sous l'Espagne puis la France, puis votre régime traitre a donné les deux villes Sebta et Mlilia comme cadeau aux Espagnoles, sans oublier la trahison des marocains aux Rifains. Lors de la bataille de Al-Anwal, 3000 guerriers Rifains s'oppose à une armé de 18000 soldats espagnoles, dont 4000 marocains , mais les lions des montagnes du Rif avaient donné une belle fessé aux espagnoles et au marocains traitres. Question: Vous allez libéré quand ces deux villes? Pour ce qui est la France, on a obtenu l'indépendance par la force hamdoulillah que je fais partie d'une famille combattante, et on a beaucoup de martyrs, l'essentiel c'est la fin.
RIFI.DAHORI
Date : le 13 novembre 2019 à 14h23
Arrêter de vous chamailler allons régler ça devant un bon couscous
DzKabyle
Date : le 17 novembre 2018 à 16h10
Non pas toute l'Algérie, tu es un menteur professionnel, je n'ai jamais entendu parlé d'Italie. Les Kabyles n'étaient pas sous l'état ottoman, les pays des Chaouia également étaient indépendants. https://fr.wikipedia.org/wiki/Régence-d'alger Je te rajoutes que la régence d'Alger était totalement indépendante du gouvernement central turque, et 90% de la population d'Alger était organisé en tribu, donc indépendante, et y a pas vraiment de colonisation. Et le drapeau Algérien existe bien avant 1962. Je te rappelle que le Maroc était également sous l'Espagne puis la France, puis votre régime traitre a donné les deux villes Sebta et Mlilia comme cadeau aux Espagnoles, sans oublier la trahison des marocains aux Rifains. Lors de la bataille de Al-Anwal, 3000 guerriers Rifains s'oppose à une armé de 18000 soldats espagnoles, dont 4000 marocains , mais les lions des montagnes du Rif avaient donné une belle fessé aux espagnoles et au marocains traitres. Question: Vous allez libéré quand ces deux villes? Pour ce qui est la France, on a obtenu l'indépendance par la force hamdoulillah que je fais partie d'une famille combattante, et on a beaucoup de martyrs, l'essentiel c'est la fin.
Citation
imtiyaz à écrit:
. Ce drapeau existe que depuis 1962 vous étiez que 11 millions d'habitants 3 siècles et demi de colonisation turcs 1 siècle et demi de colonisation francaise mélangée de gitans espagnols et italiens soit 5 siècle de colonisation Ça aussi c'est de l'histoire. .
imtiyaz
Date : le 17 novembre 2018 à 15h28
. Ce drapeau existe que depuis 1962 vous étiez que 11 millions d'habitants 3 siècles et demi de colonisation turcs 1 siècle et demi de colonisation francaise mélangée de gitans espagnols et italiens soit 5 siècles de colonisation Ça aussi c'est de l'histoire. .
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