La réaction rapide et officielle marquant l’irritation du Polisario à propos de l’article du Wall Street Journal sur la question du Sahara occidental n’est pas sans soulever des interrogations. Le texte du journaliste Dion Nissenbaum n’apporte pourtant rien de nouveau : John Bolton, conseiller à la sécurité nationale, avait lui-même reconnu, dans des déclarations publiées en décembre au magazine The New Yorker, qu’il n’y a que deux Américains qui se préoccupent réellement du conflit du Sahara occidental : lui-même et James Baker, l’ancien envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU dans la région (1997-2004).
«La colère du Polisario marque un ras le bol général», souligne un expert du dossier joint par Yabiladi. Elle serait la conséquence d’«une perte de terrain du Front constatée depuis quelques mois à Washington».
«Depuis le début de la première marche du Hirak (22 février) chez le voisin de l’Est, le lobby algérien aux Etats-Unis accorde désormais la priorité à vendre aux officiels américains le plan de sortie de crise élaboré par l’entourage de Gaïd Salah. Du coup, la traditionnelle campagne d’appui au Front a pris un sérieux coup.»
De citer pour preuve l’absence, durant ces mois de mobilisation sociale en Algérie, de visites effectuées par des délégations de députés, de sénateurs américains ou de leurs assistants dans les camps de Tindouf.
Le lobby algérien aux Etats-Unis a d’autres chats à fouetter
En effet, le dernier déplacement entrant dans ce cadre-là remonte au 24 février dernier lorsque le sénateur James Inhofe, président du très influent Comité des forces armées au Sénat, s’y était rendu. Il était accompagné de Michael Bradley Enzi, président du Comité du Budget à la même Chambre, ainsi que les deux sénateurs Mike Rounds et John Boozman et deux autres députés.
Parallèlement à ce constat, «il est lieu de noter l’absence d’articles couvrant d’éloges les positions du Polisario publiées sur les colonnes de certains grands supports américains», affirme notre interlocuteur.
Depuis le début de l’année, le Maroc a multiplié les gestes en direction des Etats-Unis. Le royaume a pris part aux conférences de Varsovie sur la menace de l’Iran et de Manama sur le volet économique du «Deal du Siècle». A l’adresse du Pentagone, le royaume a cassé sa tirelire pour des contrats d’armements dont le coût global se chiffre en milliards de dollars.