Menu

Grand Angle

Pèlerinage juif au Maroc #11 : Rabbi David Halevy ou le «Saint du palmier vert» de Drâa

Dans cette série, Yabiladi revient sur les grands lieux de pèlerinage juif au Maroc, visités annuellement par des milliers de fidèles et de curieux. Dans ce onzième épisode, l’histoire de Rabbi David Halevy, surnommé le «Saint du palmier vert» et inhumé près de Demnate.

Publié
L'entrée rénovée vers la tombe de Rabbi David Halevy, située dans le village de Draa, à 15 kilomètres de Demnate. / Ph. Rabbidraahalevy.fr

C’est près de Denmante, à l’Est de Marrakech, où se trouve sa tombe. Rabbi David Halevy (ou Ha-Lévi) Draa est l’un des rabbins et cabalistes autour desquels l’histoire n’a retenu que leurs noms, de rares informations et quelques miracles.

Selon un site dédié à Rabbi David Halevy, ce dernier serait originaire de Séville et aurait vécu entre le XIVe et le XVe siècle. L’histoire raconte que ce rabbin avait effectué le voyage vers le royaume pour étudier à Fès, chez le grand Rabbin Yehouda Ouziel Harishone. Il séjourne ensuite à Debdou avant de rejoindre jusqu’à la fin de sa vie le village de Draa où il siégea comme Dayane et juge de la ville.

Mais selon un article de J.D Semach, publié dans la «Revue Paix et Droit 1937-1938» et repris par le blog Juif du Maroc, Rabbi David Halevy serait «venu de Castille» pour un objectif que l’histoire ne mentionne pas. Le tsadik serait «mort dans cette solitude pendant qu'il accomplissait sa mission». Il laisse derrière lui plusieurs ouvrages, dont «Séfér hachamayïm» (Le livre des cieux) et «Séfér hamalkhout» (Le livre de la royauté), sur la science des combinaisons des lettres.

Dans son livre «Saint Veneration Among the Jews in Morocco» (Editions Wayne State University Press, 1998), Issachar Ben-Ami fait brièvement mention de ce rabbi. Il raconte notamment comment peu de temps après que le rabbin David Halevy Draa et Moulay Ighi aient «annulé le sort appelé tqaf d'une fille, elle s'est fiancée» ou encore comment ce tsadik, avec Rabbi David Ou Moshé ont «médité entre mari et femme et les ont réunis».

Une chose est sûre, David Halevy était «l’un des saints les plus vénérés chez les juifs du Maroc», comme l’assure le site de la fondation Hevrat Pinto. «Jusqu’à nos jours, les juifs du Maroc prononcent le nom du Tsaddik Rabbi David Halevi avec amour et vénération, et se racontent de génération en génération les miracles qu’il accomplit de son vivant et après sa mort».

L'entrée vers la tombe du Rabbi David Halevy dans le village de Draa. / Ph. DRL'entrée vers la tombe du Rabbi David Halevy dans le village de Draa. / Ph. DR

Les miracles infinis du Saint du palmier vert

Et c’est à partir de ce moment que l’histoire retient plusieurs miracles attribués à Rabbi David Halevy, à commencer par celui lié à la construction même de sa tombe. En effet, J.D Semach raconte comment un «commerçant de Casablanca, étant venu implorer le saint, fut guéri d'une maladie que les médecins déclaraient incurable». Il vit même «ses affaires prospérer», poursuit-on. En guise de «remerciement», le commerçant décide de consacrer «tous les ans de grandes sommes d'argent à l'agrandissement et à l'embellissement du domaine du Saddik», poursuit l’article. C’est grâce à cet homme que «tous les terrains autour de la tombe ont été achetés» pour y construire «une belle synagogue et de nombreuses chambres d'habitation».

C’est loin d’être l’unique miracle autour de la personne et la tombe de ce saint juif. Le site de la Fondation Hevrat Pinto en raconte quelques-uns. C’est le cas d’un juif, aveugle et infirme, effectuant son pèlerinage vers la tombe Rabbi David Halevy Draa le jour de sa hiloula, «réalisa soudain qu’il voyait, et ses membres infirmes se mirent à bouger» ou encore celle d’une famille composée notamment de deux enfants qui auraient guéri grâce au vœu de leur père de visiter la tombe du rabbin et d’y distribuer de la viande aux plus démunis. Même dans l’ouvrage d’Issachar Ben-Ami, d’autres miracles sont retenus.

«En raison de sa grande confiance en Rabbi David Ha-Levi Dra, un certain Juif a été en mesure de boire d’énormes quantités de vin sans se saouler (…) Certains des disciples du rabbin David Ha-Levi Dra dormaient près de sa tombe lorsque le toit du sanctuaire s'est effondré. À cause de sa protection, personne n'a été blessé.»

Extrait de «Saint Veneration Among the Jews in Morocco»

Une Hiloula célébrée durant le Lag Baomer

De plus, «on pouvait être témoin chaque jour de nouveaux miracles près du tombeau de Rabbi David Halevy», poursuit-on.

Rabbi David Halevy est surnommé “Moul Nakh’la Lkh’adra”, qui signifie “Le Saint du palmier vert”, car sa tombe serait «recouverte par d’immenses branches de palmier». «La modeste tombe en terre, blanchie à la chaux, est placée dans une pièce minuscule creusée dans la paroi de la falaise. Un palmier a poussé tout contre ; son tronc, comme une colonne, semble devoir soutenir la terrasse ; mais il la traverse et ses belles feuilles vertes s'épanouissent au-dessus, désignant de loin à la vénération des habitants ce lieu de sainteté», décrit J.D Semach.

Ainsi, chaque Lag Baomer, soit la fête juive d’institution rabbinique célébrée généralement en mai, des pèlerins juifs venus de plusieurs villes du Maroc et même d’Israël et de France se donnent rendez-vous dans ce petit village situé à 15 kilomètres de la ville de Demnate (et à 90 kilomètres de Marrakech), pour célébrer la Hiloula de Rabbi David Halevy, conclut le site dédié au Saint du palmier vert.

Soyez le premier à donner votre avis...
Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com