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Grand Angle

Bassima Hakkaoui, la seule femme du gouvernement de Benkirane

Le Maroc a aujourd'hui un tout nouveau gouvernement. Parmi les nouvelles têtes gouvernementales, une seule et unique femme a été nommée ministre : Bassima Hakkaoui, chargée de la Solidarité, de la Femme, de la Famille et du Développement social. Sa nomination intervient six mois après la nouvelle Constitution censée encourager la parité dans la société marocaine.

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Bassima Hakkaoui, première ministre voilée de l'histoire du Maroc
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Cela a été difficile, mais ça y est le Maroc a un gouvernement tout neuf ! Après que les noms des ministres composant le nouveau gouvernement aient été annoncés, une belle photo de famille a été prise et envoyée à la presse cette après-midi, mardi 3 janvier. Les sourires sont de mise. Les ministres fraîchement nommés ont sorti leurs plus beaux costumes sombres. Seul point noir au tableau - difficile, dès le premier coup d’œil de trouver - parmi tous les ministres hommes, Bassima Hakkaoui, la seule ministre femme du gouvernement Benkirane, chargée de la Solidarité, de la Femme, de la Famille et du Développement social.

Portant un voile vert et blanc, elle est discrètement placée an deuxième rang, juste derrière Nabil Benabdallah, le nouveau ministre de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Politique de la Ville. Une seule femme ministre nommée alors que ce changement de gouvernement intervient 6 mois seulement après le référendum de la nouvelle Constitution, censé renforcer l’égalité Homme-Femme par la consécration de la parité.

C’est un retour en arrière !

«L’homme et la femme jouissent, à égalité, des droits et libertés à caractère civil, politique, économique, social, culturel et environnemental […] L'Etat marocain œuvre à la réalisation de la parité entre les hommes et les femmes. Il est créé, à cet effet, une Autorité pour la parité et la lutte contre toutes formes de discrimination», stipule clairement l’article 19 de la constitution.

«C’est un retour en arrière ! La place de la femme dans la politique est censée être un signe de démocratie mais comme on ne vit pas en démocratie, ce n’est pas quelque chose qui me surprend !», lâche Khadija Riyadi, la présidente de l'Association Marocaine des Droits Humains. «Le problème ne réside pas dans le fait de savoir s’il y a assez de femmes ou pas dans le gouvernement, le problème réside principalement dans la constitution qui ne donne pas assez de pouvoir au gouvernement», ajoute-t-elle en insistant sur le fait que l’association va continuer à se battre pour le respect des droits de l’homme au Maroc.

«Les Abassiettes»

Alors qu'Abdelilah Benkirane devait symboliser un changement au Maroc, un élan vers l'avant, le voilà qui fait encore moins bien que son prédécesseur de l’Istiqlal, Abbas El Fassi, qui avait nommé au total sept ministres femmes entre 2007 à 2011.

Il y avait eu Yasmina Baddou, à la Santé, Nawal Moutawakkil, à la Jeunesse et aux Sports, Amina Benkhadra, à l’Energie et à l’Environnement, Nezha Skalli, au Développement social et à la Famille, Latifa Abida, à l’Enseignement, et Latifa Akharbach, secrétaire d'Etat auprès du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, sans oublier le passage de Touria Jabrane à la Culture jusqu’en 2009.

L’une de ses anciennes ministres d'El Fassi n’arrivent toujours pas y croire. «Vous n’imaginez pas ma déception !», lance, bouleversée, Nouzha Sqalli l’ancienne ministre du Développement social et de la Famille, un portefeuille repris par Bassima Hakkaoui, auquel a été ajoutée la mention «femme». «Que ce gouvernement ne respecte pas la constitution est un signal fort et négatif qui va à l’encontre de l’égalité entre les hommes et les femmes !», conclut-elle sèchèment avant de raccrocher le téléphone.

Qui est Bassima Hakkaoui ?

La nouvelle ministre de la Solidarité, de la Femme, de la Famille et du Développement social est âgée de 51 ans. Titulaire d’un DESS de psychologie sociale en 1996 et doctorante en psychologie du travail, Bassima Hakkaoui est professeure universitaire en Sciences de l’éducation et a travaillé au Centre de formation des enseignants, à Casablanca, rappelle la Vie Economique. Elle est députée du Parti de la Justice et du Développement depuis 2002 et a également été présidente de la commission des secteurs sociaux au Parlement et membre de la commission maroco-européenne. Enfin, elle est aussi la première femme ministre voilée de l’histoire du Maroc

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