Drame d’Al Haouz : La colère des Marocains contraint El Othmani à présenter ses condoléances

Le chef du gouvernement a fini par rompre son silence au sujet du drame d’Al Haouz. Très tard dans la soirée du vendredi 26 juillet, Saâdeddine El Othmani a enfin consacré quelques lignes au décès tragique de 15 personnes ensevelies sous une coulée de boue, deux jours auparavant.

«Le gouvernement a suivi de près le drame de la mort de 15 personnes qui se trouvaient à bord d’un véhicule de transport (…) Dès qu’elles ont été informées de l’incident, les différentes autorités et les parties concernées sont intervenues immédiatement. Au fur et à mesure, elles ont informé l’opinion publique» des derniers développements, a-t-il écrit sur le compte Twitter de la présidence du gouvernement.

Dans un autre tweet, il présente ses «sincères condoléances aux familles des victimes», implorant Dieu d’accorder sa «miséricorde aux défunts et de les accepter parmi les martyrs. Nous sommes à Dieu et à lui nous retournons».

Colère des Marocains sur les réseaux sociaux

Cette sortie semble répondre au déluge de messages dénonçant son silence. Un simple coup d’œil sur ses comptes personnels sur Twitter et Facebook suffit à se rendre compte du degré de mécontentement des Marocains, qui n’ont guère apprécié l’absence de réaction du chef de l’exécutif suite au drame d’Al Haouz.

En effet, jeudi 25 juillet, dans sa traditionnelle allocution prononcée avant le début de chaque réunion hebdomadaire du conseil du gouvernement, il a fait l’impasse sur la catastrophe naturelle, alors que le sujet faisait la une des médias marocains et même internationaux.

Faisant fi de la montée de la colère sur les réseaux sociaux, El Othmani a poursuivi son agenda. Jeudi soir, il était présent à la cérémonie donnée par le ministère chargé des Marocains résidant à l’étranger pour le coup d’envoi d’un programme de tournée de troupes théâtrales marocaines à l’étranger. Il a même pris la parole et échangé des courtoisies avec les artistes. Le lendemain matin, il a continué à faire l’impasse sur le drame d’Al Haouz pour ne s’en rappeler que dans la soirée de vendredi, vers 23 heures. 

El Othmani n’est pas le seul à avoir été pointé du doigt. Ses ministres, notamment de l’Intérieur, des Transports et de la Santé, n’ont guère brillé par leur réactivité. Ni Abdelouafi Laftite, ni Abdelkader Amara ni Anas Doukkali ne se sont rendus sur place pour superviser les opérations de secours et l’évacuation des victimes.

Habituellement, les médias officiels (MAP et Al Aoula) tiennent à préciser que les ministres qui se rendent au chevet de victimes de catastrophes naturelles ou d’accidents de la circulation le font sur «instructions royales». Preuves en sont les traitements par la MAP de la visite effectuée, le 28 avril 2015, par l’ancien ministre de la Santé, El Houcine Louardi, aux blessés d’un accident à Ouarzazate. La même précision avait accompagné le déplacement d’Aziz Rebbah, le 5 septembre 2012 à Marrakech, auprès des blessés suite à la chute d’un autocar dans un ravin dans la région d’Al Haouz.